Correspondance avec Omar Wisyam


 

17) Omar Wisyam à l'OT

Amitié 2
06-04-01

 

Vous trouverez ci-joint une espèce de confession. Ainsi je peux dire que j'ai essayé de répondre à vos questions.

Je vous réitère mes salutations.

Ciao.

Omar Wisyam

 

[Texte joint :]

Tout a une fin

On ne peut qu'être d'accord avec cette affirmation. Je pourrais être déjà un téléologue sans le savoir, mais si vous pensez au contraire que je suis stupide, cela me stupéfierait encore moins.

Dans un site sur le web - je ne me rappelle plus lequel, mais je ne crois pas que ce soit important - j'ai lu une phrase, de je ne sais qui, qui disait que « Debord était le Machiavel des temps modernes ». Naturellement il s'agit d'une stupidité, si l'on analyse le sens de la comparaison : les analogies entre Debord et Machiavel ne sont pas nombreuses, mais dans les deux cas la faillite de leurs projets leur ont procuré une bonne célébrité - et c'est peut-être cela qu'on voulait mettre en évidence.

La comparaison avec Machiavel ne déplairait pas non plus à Debord. Il ne me déplairait pas, à moi, que l'on pense aussi à Guichardin. Machiavel n'avait pas compris l'Italie de son temps - il avait mécompris complètement la situation des faits, de la volonté et des capacités, et certainement il voulait voir des choses qui n'étaient absolument pas dans la réalité - mais la passion l'a rendu plus célèbre, dans le jugement des successeurs, que Guichardin qui au contraire avait compris, et tenté d'enseigner comment tirer avantage des misères et du caractère de son pays. Guichardin a pâti de paraître grossier et antipathique, Machiavel non, bien qu'il n'ait pas été bien différent.

J'ai choisi volontairement cet exemple parce qu'il est distant, loin dans le temps. Il me sert à expliquer pourquoi, si l'on devait choisir entre Hegel et Schopenhauer, ma préférence irait au Schopenhauer des aphorismes, au Schopenhauer antiacadémique. À l'égard de Hegel, et de l'idée même de système, j'éprouve une défiance difficilement surmontable. J'ai été un lecteur précoce d'Adorno, en son temps, et certaines formes sont restées imprimées au fond de lui, même si le temps passe.

Concernant Voyer, j'ai lu la critique du concept de spectacle de Debord : il y a quelque chose d'utilisable dans son analyse, mais cela me semble une lecture réductive et peu généreuse ; et puis, quand Voyer remplace les concepts de Debord, certes non inattaquables, peut-être même faibles voire faiblissimes, par d'autres tirés de Hegel - et continue (à ma grande stupéfaction) à ne pas comprendre quelle nécessité logique et philosophique s'est instaurée entre la critique de [adressée à] Debord et la réutilisation des concepts hégéliens - il me semble qu'il fait revenir la critique en arrière de deux cents ans (Feuerbach a déjà été, il n'est pas nécessaire de le redécouvrir). En outre, son mépris envers ceux de l'Encyclopédie des nuisances, bien qu'il n'en sache rien, ne laisse rien penser de bon.

Par contraste, Voyer réussit parfois à me rendre Baudrillard sympathique.

Le concept de téléologie me fait penser à Benjamin, un rapprochement au-delà de la prudence - et certainement instinctif, même s'il me plaît beaucoup. On pourrait imaginer une téléologie contradictoire, une téléologie des ruines de l'histoire, qui craint la tourmente du futur parce qu'elle le vit à rebours, voit s'accumuler les ruines, sans pouvoir l'empêcher, soupirant comme l'ange de Benjamin.

J'aimerais que votre groupe se libère du cauchemar voyériste : parce que c'est un cauchemar, je le vois de l'extérieur, vous, vous ne pouvez en voir les contours, vous êtes dedans.

Je voudrais une téléologie qui rassemble, au contraire des situationnistes qui éloignaient et excluaient.

Le désir de pureté concernant la théorie me semble effectivement un héritage bolchevique. Étant une pluralité, nous aurons toujours et de toutes façons des contradictions irréductibles. Nous devons les accepter sinon les aimer.

Je vous remercie encore, ou dois-je encore vous remercier ?, pour le très beau message que vous m'avez envoyé.

Êtes-vous au courant que j'ai envoyé, il y a quelques temps, trois textes au forum Sub Situ ? Ce sont trois textes qui commencent par la lettre P. Vous savez naturellement que Dante et Virgile, dans leur voyage sous-terrain, ont grimpé le mont du Purgatoire et que là les âmes des purgés expient leurs péchés. Un ange a gravé, à l'entrée de la salle, 7 P sur le front de chacun, ce sont les sept péchés capitaux. À chaque porte passée un autre ange enlève un P.

Il s'agit toutefois de textes influencés par des vieilles lectures qui se sont vengées du temps en revenant dans l'âme de l'auteur comme s'il s'agissait de ses propres idées, mais pas du tout.

Dans la petite mer qui demeure entre ce que je pense et ce que j'écris nagent joyeusement beaucoup de doutes et beaucoup d'incertitudes : grands poissons et petits poissons.

Je pourrais être un pseudo-téléologue filtré au travers de la lecture de Paul Celan ; c'est possible ? Qu'est-ce que vous en dites ?

Ce que j'ai écrit semble [?], maintenant que je le relis, je ne sais si cela aura un mauvais effet, j'espère que non, sur vous ; que peut-être, je l'espère, vous me pardonnerez aussi si je ne corresponds pas tout à fait aux standards d'un parfait, ou du moins probable, téléologue, et je continue donc à penser que vous êtes mes chers amis, et que vous le resterez.

(Traduit de l'italien.)



Texte original :

Amitié 2

In allegato trovate una specie di confessione. Così posso dire di avere cercato di rispondere alle vostre domande.

Vi rinnovo i miei saluti.

Ciao.

Omar Wisyam

 

[Texte joint :]

Tout a une fin

Non si può che essere d'accordo su questa affermazione. Potrei essere già un teleologo senza saperlo, ma se invece pensate che io sia stupido, questo mi stupirebbe ancora di meno.

In un sito sul web - non mi ricordo più quale fosse, ma non credo che sia importante - ho letto una frase, di non so chi, che diceva che "Debord era il Machiavelli dei tempi moderni".

Naturalmente si tratta di una stupidaggine, se si analizza il significato del paragone: le analogie tra Debord e Machiavelli non sono molte, ma in entrambi il fallimento dei loro progetti ha procurato loro una discreta fama - e forse era questo che si voleva mettere in evidenza.

Però il paragone con Machiavelli non sarebbe dispiaciuto neanche a Debord. A me non dispiacerebbe invece che si pensasse anche a Guicciardini. Machiavelli non aveva capito l'Italia del suo tempo - e aveva frainteso completamente la situazione dei fatti, delle volontà e delle capacità, e certamente voleva vedere cose che non c'erano assolutamente in realtà - ma la passione lo ha reso più celebre, nel giudizio dei posteri, di Guicciardini che invece aveva compreso, e cercato di insegnare a ottenere vantaggio dalle miserie e dal carattere del suo paese.

Guicciardini ha patito le conseguenze di apparire materiale e antipatico, Machiavelli no, sebbene non fosse molto diverso.

Si tratta di un esempio scelto volutamente perché si trova distante, e indietro nel tempo. Mi serveper spiegare perché se dovessi scegliere tra Hegel e Schopenhauer, la mia preferenza andrebbe allo Schopenhauer degli aforismi, allo Schopenhauer antiaccademico. Nei confronti di Hegel, e verso l'idea stessa di sistema, provo una diffidenza difficilmente sormontabile.

Sono stato un precoce lettore di Adorno, a suo tempo, e certe forme rimangono impresse nel fondo di sé, anche se il tempo passa.

Riguardo a Voyer, ho letto la critica al concetto di spettacolo di Debord: c'è qualcosa di utilizzabile nella sua analisi, ma mi sembra una lettura riduttiva e ingenerosa, e poi nel momento in cui Voyer sostituisce i concetti, sicuramente non inattaccabili di Debord, forse anche deboli o debolissimi, con altri tratti da Hegel - e continuo (per stupidità mia sicuramente) a non capire quale necessità logica e filosofica si sia instaurata tra la critica a Debord e il riutilizzo di concetti hegeliani - mi sembra che faccia ritornare indietro la critica di duecento anni (Feuerbach c'è già stato, non sarà necessario scoprirlo di nuovo). Inoltre il disprezzo verso quelli dell'Encyclopédie des nuisances, sebbene non ne sappia nulla, non mi fa pensare a nulla di positivo.

Per contrasto, a volte, Voyer riesce a rendermi simpatico Baudrillard.

Il concetto di teleologia mi fa pensare a Benjamin, è un collegamento più forte del dovuto - e certamente istintivo, seppure mi piaccia molto. Si potrebbe immaginare una teleologia contraddittoria, una teleologia delle rovine della storia, che temesse la bufera del futuro perché lo vive a ritroso, vede accatastarsi le rovine, senza poter impedirlo, sospinta come l'angelo di Benjamin.

Mi piacerebbe che il vostro gruppo si liberasse dell'incubo voyerista: perché è un incubo, sono sicuro, io lo vedo da fuori, voi non potete vederne i contorni, ne siete dentro.

Vorrei una teleologia che aggregasse, al contrario dei situazionisti che allontanavano ed espellevano.

Il desiderio di purezza riguardo la teoria mi sembra effettivamente un retaggio bolscevico. Noi, essendo una pluralità, avremo sempre e comunque delle contraddizioni irriducibili. Si devono accettare e se le si deve amare.

Vi ringrazio ancora, o vi devo ancora ringraziare?, per il messaggio molto bello che mi avete mandato.

Vi siete accorti che ho inviato, diverso tempo fa, tre testi al Sub Situ Forum? Sono tre testi che iniziano con la lettera P. Naturalmente voi sapete che Dante e Virgilio, nel loro viaggio ultraterreno, salgono il monte del Purgatorio e che là le anime dei purganti espiano i loro peccati. Un angelo ha impresso, all'inizio della salita, 7 P sulla fronte di ciascuno, sono i sette peccati capitali. Ad ogni cornice superata un altro angelo toglie una P.

Si tratta comunque di testi influenzati da vecchie letture che poi si vendicano del tempo ritornando nell'animo dello scrivente come se fossero idee sue, ma non del tutto.

Nel piccolo mare che rimane tra ciò che penso e ciò che scrivo nuotano allegramente tanti dubbi e tante incertezze: pesci grandi e pesci piccoli.

Potrei essere uno pseudo-teleologo filtrato attraverso la lettura di Paul Celan; è possibile? Che ne dite?


Ciò che ho scritto sembra, ora che rileggo, non so se avrà un brutto effetto, spero di no, su di voi; che, forse, lo spero, mi perdonerete anche se io non corrispondo in pieno agli standards di un perfetto, o almeno probabile, teleologo, e dunque per il momento continuo a pensare che siate dei cari amici, e che lo rimarrete.

 


 

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