Posted by F. on September 27, 1999 at 03:10:42 PM EDT:
In Reply to: Re: AGIR posted by Break the rules on September 27, 1999 at 09:03:26 AM EDT:
Ecarter ce qui est dit plus haut d'un revers de la main en y substituant un métajeu est illusoire et presque malhonnête. On me parle de règle où même il n'en a jamais été question. Le problème des règles est différent ; la théorie du jeu n'en tient aucun compte, puisqu'elle formalise la prise de décisions, cette théorie a plus à voir avec un outil stratégique. Il n'y a donc pas de métajeu, comme l'énonce le syllogisme pédant de la thèse 1, pas plus qu'il n'y a de méta-logique : on ne fait que changer d'ordre.
Toutefois, on peut admettre avec bon sens que la partie ne se gagnera pas sur un terrain déjà conquis, qu'il ne nous intéresse en rien, d'ailleurs, de reconquérir (thèses 2 et 6). La thèse 6 est plus particulièrement discutable, et je la vois comme une conséquence des 2 et 4 : que se passe-t-il quand le jeu est fini ? quand on a joué contre, mais aussi comme l'adversaire ? Faut-il espérer un retournement ? Ou n'y a-t-il eu qu'une misérable substitution ? Là encore, ces considérations n'ont pas de place dans la théorie du jeu. Car l'adversaire ne réfléchit pas à la façon de nous anéantir, il concentre autant qu'il le peut ses forces et agit, bêtement. Dans de telles conditions, se mettre à réfléchir à la façon de gagner n'est plus qu'une question de style, d'ordre esthétique. Il n'y a pas à se demander si
nous avons agi bourgeoisement ou si nous sommes devenus bourgeois nous-mêmes avant de les avoir éradiqués, ou mis hors d'état de se continuer. La thèse 6 est, à cet égard, d'abord très méprisante, puis que nous propose-t-elle ? D'attendre encore ? Et quoi ? Une trouvaille ?
La collaboration entre joueurs est certainement le cas de jeu le plus proche de la pratique. Mais l'étude systématique de ce type de lutte est bien plus difficile, c'est pourquoi je proposais de prendre pour base provisoire la théorie du duel. Sur cette base seule pourront se dégager les partis coopérants, bien qu'il ne soit dans un premier temps rien permis de dire quant aux évolutions des alliances, etc. En revanche, la difficulté du calcul se voit multipliée par le nombre de joueurs au moins. Mieux vaudrait donc remettre à plus tard la prise en compte du problème des alliances et agrégations des préférences.
Ce combat est sâle, il y a fort à parier qu'il y a plus à perdre qu'à gagner. Et ? Si nous vivions sans que rien ne se passe ? Il faut lever une nouvelle génération d'enragés qui puisse changer le cours des choses. La révolte est certainement le fondement du jeu conscient dans notre cas, mais je ne vois là rien de très romantique. Rien, en tous cas, qui puisse justifier une contemplation aussi utopique (et obscure) que celle proposée dans le message Re : AGIR. Il faut, concrètement, chercher la voie du duel stratégique fini, car pour l'heure nous n'avons pour nous que les moyens de livrer un duel tactique au sein duquel le changement profond n'a pas sa place, ou ne peut apparaître que de façon sporadique. Ce manichéisme peut passer pour très réducteur. Mais c'est qu'il faut descendre très bas pour choper nos adversaires par les couilles.
Cette dimension stratégique atteinte, nous pourrons alors résoudre le duel, mettre en avant notre stratégie optimale. Et, en effet, cette résolution n'admet qu'une solution finie, en ce sens qu'il y aura eu décision.
Qu'on pense à Saint-Just. Qu'on se souvienne de Cloots.
F.