Posted by F. on October 06, 1999 at 09:03:14 AM EDT:
In Reply to: La groupie à côté de la plaque posted by OT on October 03, 1999 at 03:07:27 PM EDT:
Je ne parle pas de la théorie de von Neumann et Morgenstern, tentative de calcul de probabilités sur le bluff, étendue aux « comportements économiques », et dont les développements paraissent plus aptes à démontrer les puériles inepties des mathématiques que l’intérêt du jeu, malgré son appellation de ‘Théorie des jeux’.
OT, Apparition du jeu ici et maintenant
C'est pourtant bien de celle-ci que j'ai essayé de parler. Laissons pour quelques instants de côté « (...) [le] jeu comme moment dialectique du monde (...) [ le] jeu comme activité humaine identifiée comme telle, ayant donc un fond, ayant une différence avec l’activité en général et contraire à une autre activité en particulier, [le] jeu comme mode de pensée. » Je n'avais en effet pas lu ce texte, et je veux bien admettre, maintenant que c'est chose faite, que j'en avais sous-estimé la portée. Mais revenons tout de même aux « inepties mathématiques ».
La théorie des jeux, dans son acceptation scientifique courante, peut de prime abord sembler assez répugnante, comme ce qui touche aux mathématiques économiques ou encore aux mathématiques « sociales » (cf : Dossier Pour la science, Juillet 1999). Il en a certainement toujours été ainsi : appliquer à l'homme ce genre de préceptes reste et restera stupide. Mais là n'est pas la question. Cette même théorie ne peut pas être écartée aussi aisément, sous le seul prétexte qu'elle sert les économistes ou les « historiens » de la guerre froide.
Il s'agit de la transposer dans le contexte de nos luttes. Probabiliste ou pas, cette approche théorique doit rester froide, car tout dans cette partie n'est plus que calcul. Ce n'est qu'en ce sens qu'elle pourra devenir un outil stratégique efficace. Les préceptes édictés ne posent aucun problème insurmontable, la seule chose qu'il ne faut absolument pas perdre de vue - sans quoi cette théorie des jeux serait effectivement dérisoire - est sa mise en pratique. Là, les considérations philosophiques n'ont plus leur place, car elles demandent du temps, de la prudence et de la circonspection, alors que lorsque le duel est engagé, l'attitude à adopter est précisément toute contraire. Ben Aziz met en avant ce caractère spontané et irréfléchi de certaines révoltes. Voici un exemple concret qui viendra illustrer cette nécessité.
Il fut question, il y a un an à Strasbourg, de construire un multiplexe. Quelques voix s'élevèrent pour protester contre la venue des entrepreneurs en question et de leur cinéma-poubelle. Mais pour la plupart, il n'était question que de débattre. Les positions se sont donc ramollies, et jusqu'au directeur d'un cinéma « indépendant » qui en vint dans son propre journal à soutenir que l'apport de ce multiplexe ne serait pas que négatif, retardant par là une prise de conscience générale d'autant plus urgente que les travaux étaient déjà en cours. L'été s'est terminé, avec lui le multiplexe... et tout le monde s'est rendormi.
On pourrait en dire autant de tout ce qui nous est imposé tous les jours - et encore doit-on se réjouir lorsqu'apparaît un débat entretenu. Pendant que les gauchistes discutaillent, d'autres agissent impunément. C'est dans ce contexte que la théorie des jeux appliquée formellement, bêtement, doit servir à apporter une réponse tangible à ces sortes de décisions. C'est de cette façon que nous pourrions trouver un moyen efficace de nous battre pour endiguer ce glissement qui ne finit plus.
Une confusion peut venir cependant du fait que je propose cette théorie scientifique du jeu en tant qu'instrument stratégique. Je veux dire qu'on pourrait se demander si ces préceptes, de par leurs extensions concrètes, ne devraient pas rester à un niveau en dessous : celui de la conduite tactique. L'exemple du texte des téléologues (Du jeu) montre clairement - par ses perspectives - que la théorie formelle des jeux est limitée. Reste à savoir si sa portée peut suffire dans le contexte. Cette manière de voir les choses n'est pas petit-esprit ; il faut avant tout ouvrir une brêche, la théorie sera ensuite dépassée.
La théorie des jeux prévoit qu'il existe aux échecs un meilleur coup de départ. On ne le connait cependant pas et on en ignore les conséquences. Je propose d'y remédier effectivement en jouant un premier coup dont nous aurons fixé nous-même les conséquences.
A bon entendeur salut.
F.
Note aux téléologues : pourquoi poursuivre votre campagne de calomnie quand vous savez pertinemment d'où proviennent toutes les falsifications que vous me reprochez ? Je répète ici qu'il faut avoir de la merde dans les yeux pour ne pas reconnaître son style. Et il ne connait même pas les majuscules.