t u r n   o v e r

 

 
         

 

 

 

   
Chose publique 

 
         
La chose de l'enculé Voyer  
 
 
         
    Ecarter les fesses flasques et ridées    
         
           

 

 

Comme ces petites vieilles, merdes durcies par les humiliations et les échecs, dégringolant la retraite en acrimonies et en rancœurs mesquines et sournoises exhalées sur la voie publique, Voyer, pendant neuf mois stériles, a marmonné un monologue antitéléologue, sourd, borné, frappé d’œillères et espérant retourner à son avantage une cuisante défaite qu’il n’a pas même osé comprendre. Quel crottin ! Gna gna gna et gnagnagna, béciles, veillants, gnagna et même gnagna et d’abord j’avais raison, gnagna, etc. On est loin du jeune Voyer qui prétendait qu’il fallait être deux pour avoir une idée. Aujourd’hui, il lui suffit d’être seul pour l’avoir dans le cul profond et durable comme une vieille conne qui continue d’enfiler les sophismes, les prouts dictionnariens et les extrapolations du bon sens devant son tricot infini, grommelant que toute sa vie d’erreurs devenues fautes, c’est bien elle qui avait raison, gnagnagna. Et ça remet des couches et des couches de maquillage de vieille pute ouvragée, dissimulant l’orifice outragé, en bavotant comme on suce des dragées. Décidément, ça sent le chavignol. Jean-Pierre Voyer, vous savez, la vieille enculée, est un crottin.

Il y a peu encore nous disions qu’il aurait mieux fait de nous répondre. Mais devant le torrent d’inepties galleuses, saupoudré du léger moisi d’un gâtisme qui s’épate soi-même, nous pensons qu’aujourd’hui, en nous répondant, ce cul en chou-fleur a plus que confirmé son retard, son épuisement intellectuel, son indécrétinable crottinerie, et par-dessus tout sa malhonnêteté profonde et inlassable. Une vraie attraction littéraire de l’époque après la littérature, un vrai philosophe de l’époque après la philosophie que ce libre-penseur autoproclamé (on préfère encore un degauche servile à un pareil poseur qui se dit « libre » et « penseur » de surcroît), tant il faut peu de criticisme pour supporter ce déluge de mauvaise foi et de gnagnagna sans s’esclaffer.

Si nous avons déjà réfuté tout le délire impudent et maladif de ce vulgaire escroc en train de clamer son innocence sur la falsification indiscutable de laquelle nous l’avons accusé, nous n’avons pas encore examiné publiquement le fond théoricien de ses dernières interventions, qui, il est vrai, en ont si peu. Mais il faut rendre justice ici à Voyer. Tout décrépit, impuissant, ridicule qu’il est, il continue d’essayer de nommer le phénomène qui laisse croire que l’économie aurait de la réalité. C’est une question parfaitement secondaire, dans laquelle le laborieux scribouillard est engagé de travers, borné et bardé de certitudes réfutées, mais il n’en reste pas moins vrai que cette question n’avait toujours pas de réponse satisfaisante. C’est évidemment par un coup de pied téléologue au cul que Voyer a été poussé dans cet ouvrage de vieillesse sans quoi il continuerait de ronfler sur ses lauriers en carton : c’est nous qui avions montré que sa formule « l’économie n’existe pas » n’est qu’un mensonge publicitaire pour attirer le chaland. Il lui fallait donc dire les choses autrement, approfondir, travailler. Nous avions également montré que la malheureuse distinction Economy-Economics, sur laquelle Voyer avait construit son bricolage, était une fausse route. Mais le crottin ne sait pas pourquoi nous avions affirmé cela parce qu’il n’a pas pris la peine, parce qu’il n’a plus la force, parce qu’il a trop la honte d’aller voir. Et donc, seul, tout seul, incroyablement seul, notre héros au cul gonflé, tout gonflé, incroyablement gonflé, a continué à s’enfoncer dans la petite impasse dont sa vue bien basse n’a pas encore admis l’extrémité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         
    Enfoncer la chose, sur toute sa largeur    
         
           

 

 

Il y a longtemps que nous savons que, comme tous les arrivistes, Voyer est davantage gratté par la reconnaissance que par la vérité. Et si sa recherche pour nommer le phénomène qu’il a découvert par rapport à l’économie relève de l’obstination du chercheur qu’il a peut-être été dans sa jeunesse, sa satisfaction d’avoir trouvé une solution banale et stupide montre bien qu’il est un parvenu dans l’âme, un carriériste vain et plat. Il est en effet arrivé à la conclusion que l’économie n’a pas de réalité parce que l’économie n’est aucune chose.

Pour savoir ce qu’est une chose, Voyer ne nous aide pas d’une définition personnelle. Mais le cas est prévu par l’enculé lui-même : quand Voyer ne donne pas de définition qui viole le dictionnaire, c’est donc au dictionnaire qu’il faut s’adresser. Voyer, qui dit que le dictionnaire est la couche-culotte des incontinents – il sait de quoi il parle –, aura donc sucé la chose là où on voudrait figer toute chose, et empêcher la langue de tourner, et les mots de se renier, de s’aliéner tranquillement : dans le dictionnaire. Voyons donc comment la couche-culotte Bob décrit la chose :

« Terme le plus général par lequel on désigne tout ce qui existe et qui est concevable comme un objet unique (concret, abstrait, réel, imaginaire). »

Si c’est pas plein de pipi involontaire ! Enfin, essayons d’élucider ce charabia qui sert de renfort latéral et de base moelleuse à notre ex-futur Grand Théoricien en commençant par le ramener à la seule chose qu’il dit véritablement : une chose est ce qui est désigné. A partir du moment où on désigne quelque chose, ce quelque chose est concevable comme un objet unique. Il est vrai que nous ne concevons pas très bien ce que pourrait être un objet non unique. Est-ce que l’unicité de l’objet est ici contenue dans sa différenciation (en cas de désignation homonyme par exemple) ou dans sa non-multiplicité (mais la non-multiplicité est ici déjà affirmée par l’article un) ? Dans tous les cas, Bob prend bien soin de signaler que l’objet conçu à partir de la désignation peut être réel, certes, mais aussi concret, abstrait, imaginaire. D’après cette définition la licorne est une chose, Dieu est une chose, la réalité économique est une chose – il suffit que je la conçoive comme objet unique concret, abstrait, réel ou imaginaire – et son contraire aussi.

Première chose à constater : quand Voyer assimile chose et réalité, quand il différencie chose et être imaginaire, il viole sa couche-culotte, comme dans la phrase suivante : « La conséquence de cette conclusion est, automatiquement, que si la réalité économique n'existe pas, alors qu'on en parle toutes les cinq minutes dans le poste de TSF, c'est qu'elle est une pure chimère, comme Dieu ou la licorne, c'est-à-dire un être imaginaire et non une chose, une réalité. » Très clairement : la vieille feignasse Voyer, qui se vante d’être laborieuse, n’a pas regardé chose dans le dictionnaire. Nous n’avons aucune objection à ce que la vieille feignasse Voyer, par une paresse bien compréhensible quand on est allongé sur le ventre et qu’on a droit à son petit traitement spécial falsificateur, ne vérifie pas dans le dictionnaire, car nous faisons la même chose, dans des positions plus dignes et avec une paresse mieux revendiquée ; mais la vieille feignasse donne des leçons sur la vérification dans le dictionnaire, gnagnagna, et en particulier à nous téléologues, leçons que, comme il peut constater, nous nous efforçons de suivre avec tout le respect que mérite l’enculé. Voilà donc un hypocrite donneur de leçons pris en flagrant délit, une fois de plus : les règles qu’un Voyer édicte pour les autres, sentencieux crottin moraliste, ne valent pas pour lui-même. Moi, mes droits, mes besoins. Vieux curé.

La seconde chose à constater, et qui est ce qui rend cette définition intéressante, mérite évidemment un cadre plus élevé que celui qui a un Voyer pour objet et ne sera donc ici évacuée qu’en passant : une chose est la désignation de ce qui existe et est conçu, selon Bob. Comme nous l’avons déjà signalé pour l’existence et le concept, la désignation est aussi une opération de la pensée. Le penseur à la retraite Voyer se trompe évidemment quand il prétend que nous confondons la chose et l’idée de la chose, parce qu’il amalgame hâtivement ce qu’il ignorait déjà, semble-t-il, avant sa reconversion cantoro-bolzanienne : la chose n’acquiert de l’indépendance par rapport à son idée que dans l’aliénation, tout comme l’économie (la chose désignée sous le nom d’économie) n’acquiert de l’indépendance par rapport à l’idée désignée sous le nom d’économie et qui est une vision du monde que dans l’aliénation. Hegel a passé sa vie à montrer que les choses sont des moments de l’idée, mais Voyer connaît aussi mal Hegel que le dictionnaire. Ce n’est donc pas en divisant l’idée (en Economics-Economy) qu’on peut isoler la chose. Très exactement, dans cette division, on divise aussi la chose.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         
    Profond. Et durable.    
         
           

 

 

Mais revenons à ce que Voyer voulait dire vraiment, puisqu’il étale sa couche-culotte.

« Exister : avoir une réalité. Réalité : caractère de ce qui ne constitue pas seulement un concept, mais une chose. »

Notons ici que l’enculé, en falsificateur consommé, s’arrange sa petite définition, en faisant semblant de prendre la définition du dictionnaire, qu’il retaille en douce. La définition de réalité, en effet, est : « Caractère de ce qui est réel, de ce qui ne constitue pas seulement un concept, mais une chose, un fait. » Le fait, qui, quelles que soient les versions de saint Bob, est associé au premier sens de réalité, au moins dans l’usage courant, disparaît ici.

Après cet escamotage, l’enculé fabrique son petit caca et vu le ton prout-prout dans lequel il l’enrobe, il est content de lui :

« La réalité, si elle existe, ce qui demeure à prouver, est, comme son nom l'indique, une chose et non une classe de faits. Capito ? »

Non. Pas capito. Un : comment prouver que la réalité existe ? Qu’est-ce que ça veut dire, qu’est-ce que ça implique comme acte, comme opération, comme vérification ?

Deux : si l’existence de la réalité est à prouver, alors l’existence de la chose, qui est une réalité d’après notre Grand Théoricien qui a oublié de se taire, est à prouver. Ce qui, dans le meilleur des cas, est une bouffonnerie, et dans tous les autres une fumisterie d’un petit escroc de la pensée. Le preuve de la désignation, en effet, est dans la désignation.

Trois : en quoi est-ce que le nom « réalité » dit que la réalité est une chose ? Au contraire, l’analogie étymologique désigne nettement une différence. En prenant ce type de raisonnements tricotés maison, un facteur (à vélo) serait un fait (à vélo) comme son nom l’indique gnagnagna.

Quatre : d’après saint Bob, justement, la réalité constitue un fait, donc très précisément ce qu’on peut appeler une « classe de faits » dans le charabia pseudo-logique vawittgensteinien. La pute Voyer, qui se réclame des couches saint Bob, ampute pourtant tout ce qui le dérange dans les définitions officielles, mais en douce, sans le dire. Car si on passe sous silence des parties de définition, alors on ne peut plus jouer les vertus intransigeantes par rapport à saint Dictionnaire, n’est-ce pas ? Soit on est d’accord avec le dictionnaire, et on le cite juste, soit on n’est pas d’accord, et on s’en explique. Notre intellectuel raté choisit, lui, de retourner une définition incomplète contre la définition complète du dictionnaire en continuant de s’appuyer en apparence sur l’autorité du dictionnaire. Jusque dans l’usage de ce livre sacré qu’il défend avec des trémolos vertueux, ce Voyer, malhonnête dans le fond comme dans la forme, triche et manipule.

Toute la construction bâclée et autojustificatrice de l’enculé Voyer autour d’« exister », de « réalité » et de « chose » bâille de tous les côtés, vulgaire mélange de repiquage de couche-culotte, de pseudo-logique formelle et d’improvisation d’escroc qui prétend donner le change. Essayons cependant de se placer dans la vision triviale qu’une table est une chose et que les choses imaginaires, comme la licorne, ne sont pas des choses. Fort bien. Où commence la « réalité », et où commence l’imaginaire ? Comment les distingue-t-on ?

Car si l’économie n’est pas une chose, selon la distinction fausse réalité-imaginaire, lesquelles de ces choses ne sont pas des choses : la vérité, l’humour, l’infini, la femme de mes rêves, demain, la création, l’argent, l’inspiration, le souhait, la négativité, la communication, la conscience ? La vérité n’a pas de réalité ? L’humour n’a pas de réalité ? Pourtant, en quoi la vérité, l’humour sont-elles des choses ? Quelles choses ? Qu’est-ce que la vérité et l’humour ont de la table et que la licorne n’a pas ? La plupart des abstractions sont en effet une façon sans réalité de désigner ce qui a de la réalité, de témoigner d’un passage de la réalité, c’est-à-dire d’une destruction de pensée. L’économie également témoigne de destruction de pensée, de réalité. Mais ce n’est pas celle qu’on croit parce que le sens donné à la réalité tel qu’il est conservé par la pensée dominante, dans le dictionnaire, dans la théorie de Voyer entre autres et généralement partout où l’on tente de construire de petits barrages hypocrites et conservateurs contre l’aliénation, est faux.

Ce n’est donc pas parce que l’économie ne serait aucune chose qu’il y a abus dans ce qu’on imagine qu’elle est, ce n’est pas pour cette raison qu’il pourrait être juste de dire que l’économie n’a pas de réalité, ou que la réalité qui semble prêtée à l’économie est imaginaire. Il faut d’ailleurs remarquer à ce propos que personne ne défend la réalité de l’économie, qui est seulement présupposée tout comme est présupposée la matérialité du monde et des choses, contrairement à Dieu par exemple, dont les déistes soutiennent qu’il est la réalité même contre des adversaires acharnés qui demandent des preuves. Il est simplement communément admis par l’usage courant (dont l’enculé Voyer se sert par ailleurs quand ça l’arrange) que l’économie serait une réalité. Mais il n’y a aucune dispute pour défendre cette réalité de l’économie, évidemment. On se demande bien d’ailleurs ce que l’enculé Voyer reproche au fait de penser que l’économie serait une réalité : pourquoi, dans quel but, sur ce point précis voudrait-il troubler l’usage courant, et pourquoi quand il s’agit de termes comme existence et réalité ou comme chose, faudrait-il, à l’entendre grincer comme un gond, être d’une orthodoxie dictionnarienne scrupuleuse ? C’est simple : son plan de carrière est sur l’économie, et là il faudrait que tout le monde sache que l’usage courant est fautif. Pas parce qu’il est fautif, mais parce que c’est l’arriviste qui l’a découvert. Ce n’est pas la vérité qui l’intéresse, c’est la reconnaissance.

Le crottin Voyer a donc fini par péter, content de lui, que l’économie n’a pas de réalité parce qu’elle n’est pas une chose, puissante idée en contradiction avec le dictionnaire et en incompatibilité avec les autres termes définis par Voyer, un vrai tissu de n’importe quoi qui satisfait aujourd’hui ce penseur vulgaire. Mais même cette démonstration est un vieux truc. William James, philosophe américain, semble avoir utilisé le même procédé didactique facile qui ne prouve rien, en 1904, dans un essai intitulé ‘Est-ce que la conscience existe ?’, où il se propose d’invalider la conscience (dont Voyer disait, plus d’un demi-siècle plus tard, que c’était l’arme absolue) selon ce que rapporte Bertrand Russell : « Consciousness, he says, ‘is the name of a nonentity, and has no right to a place among first principles. Those who still cling to it are clinging to a mere echo, the faint rumour left behind by the disappearing “soul” upon the air of philosophy’. There is, he continues, ‘no aboriginal stuff or quality of being, contrasted with that of which material objects are made, out of which our thoughts of them are made’. He explains that he is not denying that our thoughts perform a function which is that of knowing, and that this function may be called ‘being conscious’. What he is denying might be put crudely as the view that consciousness is a ‘thing’. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Texte de 2004

     
         

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