Strasbourg, 3 juin 1998.
M. [***],
Je reçois bien tous vos message, comme vous recevez les miens. Pas d'inquiétudes de ce côté-là.
Je voulais vous répondre plus longuement mais malheureusement je suis très occupé en ce moment. J'y travaille néanmoins et je vous demande un peu de patience.
En attendant, je constate qu'il y a un problème. Je vais peut-être vous étonner, mais je n'ai jamais lu la deuxième lettre de Voyer à Solneman. Eh quoi ! M. [***], vous vous imaginiez que tel un Lebo au petit pied, j'aurais fait, et avec la complicité de Voyer, au coin d'un feu ou plusieurs bûches brûlaient ensemble et en riant comme des tordus, un coup pendable à M. Solneman. Vous faites erreur. Quand j'ai fait L'imbécile de Paris en 1991, j'ai repris les articles du journal et je ne connaissais pas encore M. Voyer. Quand j'ai entendu parler de la deuxième lettre de M. Solneman, je lui ai posé la question et il m'a dit qu'il n'y avait pas répondu. Il y a peut-être eu malentendu. De toute façon la présentation de L'imbécile telle que je l'avais faite lui convenait parfaitement.
En attendant, je suis extrêmement embêté pour vous répondre plus longuement. Vous me dites que la deuxième lettre de Solneman est parue dans le n° 4 de la BE. Je ne possède pas ce numéro, pas plus qu'un autre d'ailleurs. J'aimerais pouvoir lire cette lettre in extenso. Pourriez-vous me l'envoyer, sans vouloir abuser d'une trop grande abnégation de votre part.
Et la deuxième lettre de Voyer ? A-t-elle été publiée ? J'aimerais absolument la lire pour constater par moi-même son caractère « faux-cul et queue-entre-les-jambes ». La possédez-vous ? Envoyez-la moi immédiatement. Merci.
Vous n'êtes évidemment pas obligé de me croire M. Le commissaire, mais méfiez-vous. Vous faites un métier difficile et fatiguant. Il arrive parfois que les commissaires qui croient tenir un coupable ne veulent plus le lâcher.
Vous me dites que les membres de la BE ont lu tout Voyer. Très bien. Mais vous apparemment vous n'avez pas lu Hécatombe puisque vous me demandez s'il contient bien la correspondance avec le MAUSS. Comme j'aimerai vous répondre aussi un peu sur le fond de ces histoires, je vais vous l'envoyer. Vous avez autant besoin d'Hécatombe que moi des lettres de Solneman et Voyer. En attendant, lisez la « Lettre au Jésuite » dans Limites de conversation.
Dans l'attente de votre réponse,
Karl von Nichts.
P.S. :Je voulais évidemment demander son avis à mon superviseur mais il est en vacance pour quinze jours. Je vous le répète, vous n'êtes pas obligé de me croire, là non plus. D'autant plus que vous avez des doutes sur ma probité.
P.P.S. : Merci pour la coquille. Contrairement à ce que vous croyez, là aussi (décidément), je ne l'avais pas remarquée. Comme je vous l'ai dit, je suis très occupé en ce moment.
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