Argentine 2002 : Présentation

La liste des textes ci-dessous concerne uniquement le curieux mouvement qui est encore en cours en Argentine. Ce mouvement est curieux parce que, notoirement et consciemment contre la société en place, il ne correspond à aucune des révoltes connues. C'est à la fois un mouvement d'assemblées populaires, qui fonctionnent sur le mode du contrôle strict des délégués par la base, et un mouvement de piqueteros, c'est-à-dire essentiellement de chômeurs qui ont utilisé massivement les coupures de route comme moyen d'action, mais qui sont eux-mêmes regroupées dans des organisations de type gauchiste.

Le black-out presque complet de l'information a eu pour conséquence que nous avons modifié, pour l'Argentine de 2002, notre façon de collecter l'information. Les textes ci-dessous témoignent d'une démarche directe, où les médias officiels ne sont utilisés qu'en seconde main. Il est probable que dans un avenir proche, les faits historiques de notre temps échappent de plus en plus à la couverture des médias dominants, même partielle et falsificatrice ; et qu'il faille par conséquent les chercher autrement.

Les textes ci-dessous sont très inégaux. Ils ont été publiés sur un forum Internet de faible qualité et où tous la grande majorité des utilisateurs sont nos ennemis, le Debord(el). Ce forum avait dédié une de ses sections à l'Argentine sous le titre « Luchas y luces argentinas ». Un personnage particulièrement significatif de la corruption profonde du mouvement postsitu y était le principal acteur, en dehors de l'OT. Il représente évidemment la tendance la plus conformiste du mouvement des assemblées en Argentine, et c'est essentiellement pourquoi les polémiques entachent de nombreux textes : il a fallu faire à plusieurs reprises la preuve des mensonges, des falsifications et des approximations du personnage, comme significatifs de ce qu'il représente.

Tous nos textes dans « Luchas y luces argentinas » ne figurent pas dans cette rubrique. Certains sont seulement polémiques, d'autres esquissent ce qui a été mieux dit dans l'un des textes publiés ici. Nous avons utilisé deux signatures : OT, le plus fréquemment ; et Anonyme. Nous avions choisi cette dernière signature pour l'apposer à un texte qui n'était pas de nous, mais qui était écrit par un assembléiste argentin, dont nous ne voulions pas mêler le nom à ce contexte polémique. Le second texte signé Anonyme est d'une assembléiste, et un commentaire cheville ce texte-là ('L'Argentine en juin 2002') au précédent ('Après le 27 juin'). Cette assembléiste a voulu répondre à ce commentaire en signant de son nom, Lisa Garrigues, et nous avons donc également reproduit l'échange qui s'en est suivi avec les signatures utilisées.

Il reste à souligner que le mode d'information direct que nous utilisons tend à surévaluer cet événement par rapport à d'autres événements dans le monde, où nous n'avons pas d'accès direct, comme les assemblées en Algérie, les mouvements qui ont probablement vu la naissance d'assemblées sporadiques ressemblant à celles d'Argentine, comme dans le sud du Pérou et au Venezuela, mais aussi dans des régions qui échappent si bien à toute information que nous savons seulement que les profonds bouleversements en cours il y a dix ans n'ont pas été officiellement résolus. Il s'agit de la Somalie, où nous ne savons pas par exemple comment se sont organisés les indépendants de Bermuda, de l'Afrique du Sud, où une guerre civile endémique et déjà difficile à comprendre, dans les townships, avait disparu de la visibilité par la décision du gouvernement ANC de faire passer, sur un plan de pure nomenclature, les combats politiques en délinquance, et des grandes villes des Etats-Unis où il est impossible aujourd'hui de savoir comment a évolué la guerre des gangs – la vraie guerre des gueux longtemps entretenue par l'Etat américain – depuis la trêve entre les Bloods et les Crips en 1992, date depuis laquelle la criminalité avait baissé pendant neuf ans ; cette criminalité remonte aujourd'hui. Ce sera donc au lecteur de pondérer ce qui se passe en Argentine, en gardant peut-être à l'esprit que nous-mêmes pensons que ce mouvement est plus important pour ce qu'il annonce dans le monde, que pour ce qu'il est actuellement là où il s'exprime : c'est un fait parmi d'autres, mais c'est la meilleure promesse depuis dix ans.