Posted by Philip Francis on November 06, 1999 at 08:13:11 PM EST:
In Reply to: Tilt ! posted by Same player shoot again on November 04, 1999 at 01:36:56 PM EST:
Nous ne pensions pas qu’un rapport aussi trivial que celui de la fin et de l’expérience méritât d’être approfondi. Nous finissons, chaque jour, par l’expérience, de nombreuses choses. Il est même presque impensable qu’une chose finisse en dehors de l’expérience humaine.
Si la vie est une expérience, alors comment la mort, qui n’est qu’un moment de la vie, le moment de sa fin, ne ferait-elle pas partie de l’expérience ? Quand je tue quelqu’un, est-ce que je ne fais pas l’expérience de sa mort ? Quand un proche meurt, comment penser qu’il ne fait pas l’expérience de la mort, sauf à croire que la mort soit un au-delà de la vie ? Dans ces trois morts différemment expérimentées, mais toutes expérimentées, la mort « rencontre » l’expérience, pour reprendre ce que vous dites d’Epicure. Pour l’en empêcher, il faudrait que « l’expérience » ne puisse se faire sans constat a posteriori, tout comme ce que vous disiez de la vérification. Vous voudrez bien nous expliquer pourquoi expérience et vérification seraient si nécessairement séparées de ce qu’elles expérimentent ou vérifient, pourquoi il faudrait les constater après-coup : the proof of the pudding is in the eating.
La communication de Voyer n’est pas une fin, mais son contraire, un infini. En ce qui concerne la communication directe, vous dites qu’elle est vérifiée par Voyer. Là c’est évidemment en dehors de tout constat autre que l’affirmation vide et creuse de Voyer auquel vous accordez un crédit fort peu critique. Quand nous disons que c’est une plaisanterie, c’est que nous en doutons, au moins autant que de la rencontre entre Jeanne d’Arc et Dieu, quoique Jeanne d’Arc, elle, a essayé de valider cette communication directe par le récit du contenu et par la vérification pratique qu’il impliquait. Si Voyer a vécu cette expérience, qu’il la raconte et qu’il explique en quoi elle s’oppose à la communication infinie : the proof of the pudding is in the eating.
Nous sommes d’accord avec la phrase de Marx, quoique nous la trouvions mal formulée : la conscience, en effet, ne semble pas être l’arme absolue, comme l’écrivait Voyer au début des années soixante-dix. Nous soutenons en revanche que la pensée détermine l’existence, que rien de ce que nous pensons exister n’est justement pas pensé. Evidemment, nous ne partageons pas le matérialisme de Marx, qui est celui de notre monde. Mais la conscience de la téléologie moderne, par exemple, a été déterminée par l’existence sociale de ceux qui l’affirment, et nous tenterons d’expliquer assez prochainement, et assez imparfaitement hélas, ce mouvement particulier du négatif. Il fait d’ailleurs logiquement partie de cette explication de montrer comment les conditions (laissons de côté le petit « matérielles ») de la réalisation de la téléologie moderne « sont déjà formées, ou sont en voie de se créer ».
Nous préférons vous répondre sur votre avant-dernière phrase plutôt que de supposer qu’il s’agit d’une provocation bas de gamme : nous avions laissé entendre à Voyer (Cf. ‘Des couilles du pape’) que la critique de l’utilitarisme était un faux problème ; et nous avons répondu au marxiste de service que l’idéalisme n’a de sens que pour les matérialistes que nous ne sommes pas.
« " ... La fin n'est pas seulement une idée... " Prouvez-le, donc! Finissez-en ! » Notez, s’il vous plaît, que c’est une formulation relativement adéquate de notre projet.