Pendant l'année 1990, l'Intifada [1] a continué. C'est déjà beaucoup. Pourtant, au moment où cette singulière révolte est enfin admise comme linéaire et quotidienne par le spectateur extérieur, elle cesse de l'être. Essoufflée par une répression pleine de chicanes et de subtilités au service d'un Etat qui a résigné sur son espoir de la supprimer, mais qui n'en est que plus dangereusement intéressé à s'en servir, l'Intifada est devenue discontinue : alors qu'elle se racornissait à vue d'œil, en mai, l'attentat de Rishon-le-Zion l'a fait exploser pour la première fois au-delà de la « ligne verte » et de la frontière jordanienne ; et une deuxième fois, en octobre, au moment de l'émeute dite « de l'esplanade des Mosquées ». Du côté de la récupération, le filet aussi a semblé se resserrer. A OLP, Hamas, Djihad islamique, aux libéraux palestiniens, se sont ajoutés la « guerre des couteaux » et Saddam Hussein pendant toute la deuxième moitié de l'année. Pourtant, les Palestiniens ne semblent pas réduits dans leur combativité, dans l'indépendance et la spontanéité de leurs émeutes. L'âge seul de ces irréductibles semble indiquer qu'il y a là beaucoup d'irréconciliables qui sont tournés davantage vers une longue vie de révolte que vers les compromis, si l'on en croit cette fonctionnaire de l'UNRWA racontant l'une de ses rares intercessions réussies auprès de militaires israéliens, les convainquant de renoncer à l'arrestation d'une enfant de cinq ans !
(Extrait du bulletin n° 2 de la Bibliothèque des Emeutes, texte de 1991.)
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La Naissance d’une idée Tome I : Un assaut contre la société |
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