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Moderne et classique 

       
Téléologie moderne et téléologie classique
       
       
       
         

 

 

Le terme de « téléologie » apparaît avec Kant. Les grecs, notamment Aristote, souvent crédités d’être les inventeurs de la téléologie, n’ont utilisé que le terme de « telos ».

La différence fondamentale entre téléologies classique et moderne est que dans la téléologie classique le telos représente la finalité, et la finalité n’est pas nécessairement quelque chose qui finit. Le telos est donc souvent infini, et on a donc une téléologie, une logique de la finalité, qui aboutit dans une fin qui peut être infinie. Une vision téléologique classique de la société, dont le telos serait par exemple la beauté, ou la vertu, pourrait affirmer comme but une société et une humanité infinies, puisque beauté, ou vertu, peuvent se concevoir infinies.

La téléologie moderne, au contraire, est le projet d’une fin pratique, effective (ce qui d’ailleurs veut dire : sans effet dans la pensée ou bien « qui anéantit tout effet dans la pensée »). La téléologie moderne n’est pas une propriété objective des choses comme la téléologie classique, mais un projet subjectif pour l’humanité. Ce projet, qui implique la société et l’humanité en entier, est justement la fin, l’achèvement, l’accomplissement de la société et de l’humanité en entier.

La téléologie classique, qui suppose des finalités dans les choses, rend ces choses inéluctables. Il y a là une fatalité et une contrainte, parce que nous, humains, ne pouvons rien contre ces finalités. A l’inverse, la téléologie moderne est un projet de liberté, parce qu’il est facultatif. Si la téléologie classique est la désignation de buts auxquels on ne peut échapper, une finalité a priori, la téléologie moderne propose un possible, des choix, une aventure, une vérification pratique de l’idée que tout a une fin. Alors que la fin de la téléologie classique est obligatoire, avec la téléologie moderne elle peut se réaliser, ou non, selon nos désirs et nos décisions.

La phrase « tout a une fin » est donc une phrase qui peut différencier la téléologie classique et la téléologie moderne. Tout a une fin n’est vrai pour la téléologie classique que dans la langue française, où le mot fin peut être utilisé à la fois dans le sens de finalité et de fin concrète. Mais là où la téléologie classique pourrait dire « tout a une fin », elle entendrait « tout a une finalité », c’est-à-dire un principe et un but qui meut ce tout. Rien, logiquement, ne s’oppose à concevoir ce principe ou ce but comme infini ; ce qui d’ailleurs est généralement le cas dans la téléologie classique. Dans la téléologie moderne, au contraire, la fin de ce tout est envisagée comme une fin concrète, et en cela elle est en elle-même la critique et la réfutation de l’infini comme réalité. On pourrait, dans certaines circonstances, remplacer la proposition « tout a une fin » par « l’infini n’a pas de réalité », ou « l’infini est impossible ».

Mais la phrase « tout a une fin » est elle-même impossible pour la téléologie classique, parce que la téléologie classique ne s’applique jamais à tout en tant que totalité, au contraire de la téléologie moderne. Le telos est la propriété de certaines choses, mais le telos lui-même, par exemple, est une chose sans telos. C’est déjà un abus de ce terme, par rapport à son usage en tout cas, de proposer que « tout » ait une fin. Au contraire, dans la téléologie moderne, « tout a une fin » ne signifie pas d’abord que chaque chose a une fin, mais bien que la totalité a une fin. La téléologie n’est pas un principe ou une propriété des choses, mais un projet où les choses sont des moyens inessentiels. La proposition de ce projet n’implique pas que chaque infini hypothétique existant aujourd’hui soit achevé selon son principe interne, ou que le telos de chaque chose soit découvert et aboutisse, mais que la totalité aboutisse dans la complétude programmatique de son accomplissement. Et l’accomplissement de la totalité ne nécessite pas l’accomplissement de chaque chose.

Pour caricaturer : la téléologie classique est pour ainsi dire une téléonomie, c’est-à-dire mettant en jeu un but immédiat, sans considération des buts plus lointains que ceux du sous-ensemble auquel il appartient. La téléologie moderne, au contraire, identifie son projet à une limite sans au-delà et contenant tout, et elle ne peut pas être la téléologie de quelque chose de particulier, de quelque chose qui ne serait pas tout.

De la sorte, la téléologie moderne est la logique du but, en tant que but indépassable, contenant et dépassant tous les buts particuliers. Ce projet est proprement cette exploration, et il stipule que la cause de la cause est le but.

 

 

 

 

 

 

 

 

Texte de 2006

   
       

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