Posted by on February 01, 2000 at 11:06:19 AM EST:
In Reply to: Au derriériste Hate Company posted by OT on January 31, 2000 at 01:46:54 PM EST:
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: Nous avons hésité à répondre à cet interlocuteur parce que, ayant si mal suivi les épisodes précédents, il nous oblige à des redites. Nous allons cependant répondre à toute sa précédente intervention, essentiellement parce que nous faisons l'expérience qu'il nous faut répéter beaucoup les choses incroyables que nous disons pour qu'elles soient entendues. Nous déplorons aussi qu'il n'ait pas répondu à tout, malgré son apparence d'exhaustivité. Nous comprenons ainsi, non sans en rire, la colère du Schlemiel Bien Naze (qui n'a pas l'air de savoir ce qu'est un Schlemihl), devant la tentative manœuvrière de Hate Company de faire un petit strapontin ridicule à Voyer dans la grande orthodoxie marxo-debordienne.
: L'idée qu'une vérité partielle est un mensonge vous a beaucoup plu, apparemment. Pourquoi n'aurions-nous que partiellement raison lorsque nous disons que dans un système de causalité tout effet devient cause, y compris donc le spectacle ? Et méfiez-vous de répondre avec une vérité partielle, comme la dernière fois.
: Puisque vous y êtes, vous voudrez bien nous indiquer comment on détecte une cause première, d'où elle vient, en quoi elle consiste, et ce qui la termine. Nous pensons, pour notre part, avec Hegel, que le système de causalité est un infini (de ceux que Hegel trouvait mauvais). La communication, pour nous, est le principe du monde, c'est-à-dire, restons hégéliens pour l'instant, le contenu de sa limite, de sa fin.
: Vous répondez que les choses pensent comme la classe dominante parce qu'elles sont devenues des marchandises. D'abord toutes les choses ne sont pas des marchandises. Est-ce que les choses qui ne sont pas des marchandises, comme tel arbre, tel moustique, ou tel texte inapte à la publication, pensent, selon vous, ou bien est-ce quelque chose qui est réservé aux seules marchandises ? Ensuite, lorsque vous déterminez les choses pensantes en marchandises, vous ne faites que reculer notre question d'une détermination, sans y répondre : pourquoi les marchandises pensent-elles comme la classe dominante, et non comme la classe dominée ? A moins que la classe dominée pense elle aussi à l'argent, comme la classe dominante. En ce cas, qu'est-ce qui les différencie, à part la quantité qu'elles en ont ?
: Pour nous expliquer ce que sont les riches, vous utilisez toujours la définition économique du terme. Mais on s'en fout, puisque ce n'est pas l'économie qui détermine la richesse, comme vous le dites par ailleurs. Et on s'en fout d'autant plus que par une coïncidence que vous voudrez bien nous expliquer, les riches de l'économie, c'est-à-dire ceux qui ont le plus d'argent, sont justement les riches de la communication. Les riches seraient ceux qui ont toute la communication entre leurs mains, mais la communication aliénée, dans votre digest de Voyer pas très bien digéré. Mais les pauvres n'ont-ils pas exactement la même chose entre les mains, sauf en quantité moindre ? Que font les riches de la communication aliénée qui leur mériterait le nom de riches ? Est-elle aliénée pour eux, ou pour les pauvres seulement ? pourquoi ?
: Qu'on puisse être malheureux en étant soi-disant riche, je m'en doute bien, vos riches nous le racontent bien assez. Notre question précédente était : peut-on être heureux en étant riche ? Est-il enviable d'être riche ?
: Nous avons bien l'impression que vous partagez le dualisme de la richesse fort moral en vigueur dans le postsituationnisme : d'un côté les méchants riches, oppresseurs, de l'autre les bons riches, nous les opprimés lorsque nous pratiquerons enfin le monde. Soit la richesse est la même maintenant que dans cet avenir rêvé, soit il faut nous expliquer pourquoi la richesse changerait d'essence.
: Vous n'avez pas répondu à la question « qu'est-ce que la communication libre » qui vous a pourtant été posée par hated reader. Est-ce que c'est uniquement parce que vous pensez comme nous que c'est l'enculé Terrien, qui ne mérite pas d'autre réponse que des insultes, ou est-ce parce que vous ne savez pas répondre ? Qu'est-ce que la communication non aliénée ? Auriez-vous l'obligeance de nous fournir un ou deux exemples ? Car vous n'êtes pas sans savoir, puisque vous vous êtes copieusement documenté avant de traiter les téléologues d'idiots, que ceux-ci se moquent de ceux qui attachent une valeur morale à l'aliénation (pouh, la vilaine aliénation ! qu'elle est méchante !) comme Marx, Debord, Voyer par exemple, et qu'ils estiment que l'aliénation est une partie nécessaire de la pensée : il n'y a pas, semble-t-il, de pensée qui ne s'aliène pas, il n'y a pas non plus de pensée qui se désaliène (« la désaliénation suit les chemins de l'aliénation » est une vieille blague sans fondement, ni exemple ; il n'y a jamais eu quelque chose comme de la désaliénation dans le vaste monde), à moins que vous puissiez nous en fournir un exemple. Et tâchez, s'il vous plaît, qu'il soit plus convaincant que la mythique invention voyérienne de « communication directe ».
: Vous aurez bien la courtoisie de nous dire en quoi un médecin à son compte, ou un écrivain déclassé, possède de la communication. Faites-le, si possible, en nous éclairant sur leur appartenance à la mythique classe dominante, vestige marxien chez Debord et Voyer. Adreba Solneman avait, à ce sujet, expliqué à Voyer que la division des hommes dans le monde ne peut se faire que selon le principe du monde. Si les hommes sont réellement divisés selon l'économie, alors l'économie est le principe du monde. Si le principe du monde est autre chose, prenons par exemple la communication, alors les hommes sont divisés selon la communication. Or comme toute la communication est aliénée, toute la communication échappe à tous. Posséder la communication aliénée ne veut rien dire, sauf dans le sens le plus large : l'humanité possède la communication aliénée.
: Les hommes ne sont pas divisés selon les critères économiques qui ont permis à Marx de déterminer les classes sociales, plus même en apparence, les hommes ne sont pas divisés selon la propriété sur la communication aliénée, les hommes sont divisés selon le contenu de la communication, nécessairement aliénée. Les téléologues, qui n'avancent pas vite dans cette forêt d'apparences des identités prétendument essentielles, sont au moins arrivés à reconnaître dans la communication, nécessairement aliénée, une différence essentielle : entre ceux qui veulent aller au bout d'eux-mêmes et de tout, qui veulent en avoir le cœur net, qui veulent réaliser le contenu de la communication, et entre ceux qui veulent surtout que rien ne change, qui voudraient empêcher que le monde tourne, si possible, ou qu'il tourne le plus lentement possible, qui veulent que la communication n'ait pas de contenu : c'est ce qu'on appelle le parti de la communication, et il va de Goebbels à Jean-Pierre Voyer en passant par tous les journalistes de la Terre. Notre parti est évidemment celui qui veut aller au bout, qui veut tout réaliser. Ou bien je me trompe ?
: Vous confondez, apparemment, théorie et programme. Une théorie ne peut constater que ce qui est là. Une théorie n'a d'intérêt que parce qu'elle analyse des batailles, que parce qu'elle montre comment la vérification théorique se divise de la vérification pratique. La théorie des ouvertures aux échecs ne peut qu'enseigner aux joueurs le meilleur coup connu jusque-là. L'annonce de ce qu'il faut faire après, en revanche, ne fait pas partie de la théorie, mais est une proposition de résolution pratique. Lénine, Hitler, ont tenté de réaliser leurs propositions de résolution pratique, pas leurs théories. Voyer n'a pas fait de proposition de résolution pratique, de programme : il n'a qu'expliqué le monde tel qu'il l'a vu, mais il ne veut pas le changer, en tout cas plus depuis longtemps. Les téléologues modernes ont fait la théorie des deux dernières grandes vagues de révolte : la téléologie moderne n'est rien d'autre. De l'avenir, les téléologues n'ont rien posé de plus que cette question, éminemment pratique : quelle fin ?
: Nous espérons bien qu'une prochaine vague de révolte dépassera non seulement la théorie de Voyer, qui est déjà dépassée par la téléologie moderne, mais aussi la téléologie moderne. Nous espérons en effet une victoire. La défaite situationniste de 68 a montré l'insuffisance de leur théorie appliquée, et non pas sa réalisation comme vous semblez le croire à l'unisson de tout le postsituationnisme triomphant, Voyer probablement excepté.
: Les « uncheckable claims » sont des conneries auxquelles nous avons déjà répondu sur tous les tons, parce que c'est la première objection, la plus banale et la plus faux cul à tout a une fin ? ou non ? L'enculé Terrien, d'ailleurs, qui sait très bien comment nous l'avons réfuté là-dessus, se félicite bruyamment que vous reposiez la question, au lieu de se dépiter qu'on en soit encore là, comme le ferait quelqu'un de moyennement honnête ; mais il est vrai que Terrien n'est pas moyennement honnête. Au nom des mêmes « uncheckable claims », on ne peut pas dire que Dieu n'a pas de réalité : eh, il faudra bien attendre pour voir, non ? D'une manière générale, rien de ce qui n'est pas encore arrivé ne pourrait être affirmé, selon la loi des « uncheckable claims ». Ainsi, si je parle de demain, je suis déjà dans un « uncheckable claim », parce qu'il ne pourra être sûr qu'il y a un demain que demain.
: Nous ne connaissons que des choses qui finissent, et des choses qui ne sont pas encore finies. En revanche, nous n'avons jamais fait encore l'expérience de quelque chose qui est infini. L'infini est une croyance au sens de Dieu, qu'elle soit le mauvais infini de Hegel, ou le bon infini de Hegel, que Voyer déguisé en Panzerclown triste appelle, sans rire, « substance universelle ». Lorsque les téléologues modernes disent que tout a une fin, c'est parce que la vérification pratique est l'acte de finir. Vérifier pratiquement une chose, c'est la finir. Comme vous en convenez, il n'y a pas d'autre réalité. L'infini, donc, n'a pas de réalité. Tout a bien une fin, même ce qui n'est pas encore fini.
: On ne peut pas vérifier qu'une chose n'a pas de fin. On ne peut vérifier que ce qui en a. Soit tout a une fin et elle nous appartient sauf catastrophe, soit les choses nous dépassent, et ne peuvent nous appartenir, et nous, les humains, ne pouvons pas avoir la maîtrise du monde.
: Répétons ici deux points importants : ne pas trancher entre tout a une fin ou non, c'est en effet trancher, c'est admettre ce qui est invérifiable, c'est admettre l'infini ; d'autre part, tout usage de l'infini est policier et conservateur : il tend à éterniser ce qui est là, il tend à interdire la négation et le dépassement de ce qui est là, y compris l'infini de la négation et du dépassement, qui est l'alpha et l'oméga de Hegel. Les religions, pas seulement monothéistes, fondent leur légitimité dans la gestion de l'infini.
sous-réligion que vous êtes,vous fondez votre légitimité sur la gestion du fini: seuls observateurs de la téléologie agissante en fait:répétons içi deux points importants:ne pas trancher entre tout a une fin ou non,c'est en effet trancher,c'est admettre ce qui est invérifiable,c'est admettre l'infin.Voilà en usant de vos termes des termes dignes d'une réligion monothéiste.
Un second point,vous affirmez que les téléologues ont fait la théorie des deux grandes vagues de révoltes,soit.comme chacun le sait les révoltes ont été écrasées en Iran et en Albanie, votre théorie ne peut qu'etre la théorie de l'écrasement des ces révoltes, ou un mensonge sur ces révoltes :une théorie ne peut constater que ce qui est là ,selon votre nouvelle conception .
Donc,la téléogie ne peut pas etre triomphante quand les gens sont encore aliénés.
Poue etre honnête,il faudrait dire que la téléologie ne peut que marcher au pas du réel et ne peut spéculer téléologiquement sur une finalité ou réalisation .La téléologie est un système philosophique qui ne sied pas aux batailles qui sont de l'ordre du possible.
La suite logique est de nous dire ,puisque vous etes observateurs de téléologie dans le monde :on se dirige vers quel fin ? Cette réponse est impossible pour vous de la prononcer car vous allez devenir encore plus ridicule,c'est pourquoi vous jouez entre une fluidité théorique :décrire ce qui est se déroule sous nos yeux et vous introduiser votre Jocker en cachette: on se dirige vers tout finir.Notre parti est évidemment qui veut aller au bout. Si la téléologie est une théorie comme vous le prétendez,vous allez nous montrez à la manière de Marx et de Voyer :Ne constater que ce qui est sous nos yeux,où est la téléologie agissante: de la rendre publique comme il avait cru Marx le faire et Voyer que vous combattez aujourd'hui .
: Maintenant vous dites que cette question est un amusement. Heureusement, mais pas au sens où vous l'entendez. C'est un amusement autant que tout changer peut l'être : car si tout a une fin, il faut tout repenser dans ce monde construit sur l'infini, du sens de notre survie en tant qu'individus présumés et en tant que genre jusqu'aux explications cosmogoniques qui peuplent notre crédulité, du fond et de l'intérêt des révolutions au fond et à l'intérêt de faire des enfants ou de tuer son prochain, du sens du passé à celui de l'avenir.
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