Posted by observatoire de téléologie on December 12, 1999 at 03:02:48 PM EST:
Trois interlocuteurs ont répondu à la question de la finalité. Tous y ont répondu en affirmant l'infini. Pour se faire, ils se sont uniquement appuyés sur des autorités passées, ne comprenant pas dans leur comique indignation que ces autorités passées étaient déjà critiquées, bien entendu, dans la question.
Le premier a été Prout-Prout, dit Terrien. Après avoir longtemps tenté de justifier la cohabitation de l'infini et du fini, il a fini par reconnaître que tout n'a pas de fin, ce qui veut dire que l'infini a une réalité. Nous l'avons donc mis devant la responsabilité de cette affirmation en lui demandant comment on vérifie qu'une chose n'a pas de fin. Car si vérifier est nécessaire pour rendre vrai, ce qui est notre opinion, les choses qui ne se vérifient pas, comme l'infini, ne sont pas vraies. C'est la ligne d'attaque de l'athéisme contre le déisme, et nous la soutenons pleinement. Les seules choses qui ne se vérifient pas, et qui sont prétendues vraies, sont celles qu'invente la religion. Prout-Prout, donc débouté sur ce point, aux fraises comme on dit, a alors essayé de sauver la face en trichant dans le débat, et notamment en usurpant notre signature. Il s'est ainsi disqualifié pour la suite.
Le second a été Aristoutou. C'est le plus faible des trois. Il s'est contenté de réciter les banalités du dictionnaire scientifique. Les sciences positives seraient la preuve de l'existence de l'infini. Les sciences positives ne sont que la preuve de l'existence d'une idéologie dominante qui veut figer à l'infini, instrumentaliser l'infini pour prétendre à l'infini de sa domination. Aristoutou, qui trouve admirables les bolcheviques, ce qu'aucun pourfendeur de bolcheviques à part les téléologues ne lui a reproché, n'a pas su répondre au-delà de la simple affirmation de l'infini. Depuis, il s'est recyclé en boutique de farces et attrapes, poste beaucoup mieux taillé à sa mesure.
Panzerbidon a été le troisième et dernier. Lui est venu réciter Hegel en affirmant que nous n'aurions critiqué que le mauvais infini de Hegel, comme Hegel d'ailleurs, mais pas le bon, que Hegel soutenait. D'abord aucun infini qualitatif ne répudie l'éternité, qui serait le mauvais infini quantitatif, et que nous aurions critiqué uniquement ; ce qui signifie, bien entendu, que l'infini qualitatif de Hegel est aussi éternel, contient le mauvais infini, dont il procède d'ailleurs. Ensuite, la « substance universelle » de Panzerbidon, qui serait cet infini qualitatif hégélien selon lui, n'a pas plus de réalité, de vérité, de vérification possible que l'infini quantitatif ; ce qui n'a que montré que c'est Hegel qui aujourd'hui mérite d'être critiqué, puisque ce n'est toujours pas fait. Enfin, là s'est posée la question éminente de savoir si l'humanité est maîtresse de son destin, comme nous le pensons, et dans ce cas rien ne va au-delà d'elle, son principe est le principe de la finalité, et l'infini n'a pas de réalité ; ou alors, comme l'affirment les religieux, quelque chose va au-delà de l'humanité, éternité ou substance universelle, nature ou orgone, nombres entiers positifs ou univers, Dieu ou les animaux. Ce Panzer n'est pas un garçon très honnête : quoique nettement démantelé, il criait encore victoire, un peu comme ce chevalier des Monthy Python qui, ayant perdu un à un tous ses membres, continue de défier son adversaire. Les innombrables sottises qu'a proférées sur l'enculé Voyer cet homme-sandwich de la théorie de Voyer ne se sont que retournées contre Voyer : qu'est-ce que le principe du monde maintenant que sa critique du dualisme en a délogé la communication, et qu'en est-il du dualisme entre communication directe et infinie, et qu'est-ce que la communication dans ces conditions, toutes ces questions sont évidemment restées sans réponse.
Par la suite et contrairement à Terrien, Aristoutou et la cohorte des roquets spectateurs-consommateurs, Panzerbidon a au moins reconnu que les téléologues avaient raison sur un point, capital : tout a une fin. Il a même ajouté qu'il en était jaloux. Mais comme ce gaillard n'est pas très franc du collier, il va nous dire que c'était une blague, ou que ce n'est pas lui qui a dit cela sous un pseudonyme différent. Qu'il essaie seulement d'expliquer pourquoi, nous souffle Sammy Sosa. Comme Voyer le disait fort justement à Debord, il ne se risque pas à la contradiction, parce qu'il sait qu'il n'a aucune chance, et pour les mêmes raisons.
Par rapport à chacun des trois falsificateurs qui a voulu discourir avec nous sur l'infini, nous avons logiquement eu le dernier mot. Mais ils ont ensuite tenté de dissimuler le fait, en hésitant entre transformer en tranchée cette question, comme si elle était une fin en soi, ou la banaliser, l'occulter, l'oublier. En réalité, si nous posons cette question, c'est parce que les conséquences d'un monde sans infini sont bien plus importantes que le constat qui les dévérouille. La seule question de l'urgence et par conséquent des priorités du négatif est évidemment très embarrassante pour ces vieux qui ne veulent plus d'urgence et se contentent du négatif dont on a apprécié les limites depuis leur jeunesse, il y a un tiers de siècle. A travers leurs procédés et leurs ruses, notre trinité de défenseurs de l'infini a montré avec quel acharnement le parti conservateur voudra empêcher puis simplement retarder de réaliser le monde.