Posted by OT on October 19, 1999 at 02:33:15 PM EDT:
Bien placé dans la courbe, le roquet Ben Aziz, celui dont les œillères couvrent les oreilles. Myope et sourd, idiot et borné, il est bloqué sur un aboiement rythmé et aigu : bolcheviques ! bolcheviques !! bolcheviques !!!! Quand ce genre de chien commence, on se demande pourquoi tant de haine. Mais au bout d'un moment, on regarde le phénomène avec une curiosité différente, quasi naturaliste : comment un animal si petit peut-il hurler si fort, si longtemps, si également ? Et on commence à prendre des paris sur ce qui va sauter en premier : la rate, le cul, la mâchoire, où le petit pois qu'on appelle cervelle. Est-ce qu'il peut encore augmenter le volume ? Par exemple, s'il savait que, comme les bolcheviques, les téléologues ont lu Marx ? Ou pire : si Ben Aziz apprenait que les téléologues ont un nez au milieu du visage, ne manquerait-il pas de glapir que les bolcheviques aussi avaient des nez au milieu du visage, et qu'une telle similitude ne peut pas être une coïncidence ? Nous connaissons déjà sa fine conclusion : bolcheviques ! bolcheviques !! bolcheviques !!!! Attention aux éclaboussures.
Une courte langue pendante derrière, un roquet encore plus petit, appelé Aristote. Ce chien de maître en bave. Il croit par exemple efficace de nous reprocher de n'être pas de vrais épistémologues ou sociologues, c'est-à-dire des spécialistes de disciplines universitaires ; au lieu de comprendre ce que nous disions des « modèles » cosmologiques en cours, il en rajoute ; que nous parlions dans un même texte de journalistes et de physiciens lui paraît un glissement perfide, mais non seulement il est incapable d'expliquer en quoi il y a glissement, mais aussi en quoi un tel glissement serait perfide, et pour qui ; ce petit clebs qui veut paraître propre nous reproche de surestimer l'information dominante, mais se garde bien de dire en quoi ; du haut du ruban rose qu'il porte sur la tête il soutient l'aboiement benazichien sur le bolchevisme. Ça me rappelle quand, enfant, j'ai traité ma mère de putain pour la première fois. Quoique ma mère n'ait jamais exercé cette profession à ma connaissance, j'en ai bien profité, parce que j'ai tout de suite vu combien elle en était irritée. J'ignorais bien entendu tout autant ce que signifiait putain que nos roquets ce qu'est un bolchevique.
Très très loin derrière, le roquet ouistiti de Voyer, dont le nom est Vonnichts. Comme il n'en est encore qu'à rêver d'attraper le bas du mollet, ses déplacements restent verticaux. Même si ça ne le mène que juste au-dessus de la cheville, la course actuelle est horizontale, au ras des pâquerettes. Voilà un bon chien fidèle qui a pris beaucoup de retard.
Après un mauvais départ, le tenant du titre du meilleur roquet, Bueno, a repris la tête. Le grelot du champion bien vissé là où Ben Aziz a un vide et les chiens normaux des couilles, Bueno profite de sa bêtise démesurée pour chercher des aigus insoupçonnés dans l'aboiement de compétition. Si quelque police a jamais coursé ce curieux croisement entre roquet et dindon, c'est parce qu'il est plus drôle à voir dodeliner de derrière que de devant ; c'est également pour cette raison qu'il est souvent en tête de la course : il fait même rire les autres, sauf Ben Aziz qui, à cause de ses œillères, ne voit que ses pieds. Tomas Rosa Kinder, fier de son nom grotesque, est le bouffon attitré de ce site, et en tant que tel il a le privilège d'aboyer tout ce qu'il veut. Malheureusement, triste époque, notre bouffon n'a pas d'esprit. Petit vieux avant l'heure, il radote, répète les mêmes blagues en ricanant pour indiquer les chutes. Comme personne ne rit, il force, c'est-à-dire qu'il est obligé de recourir au mensonge, à la vantardise, à la calomnie. Mais le bouffon a droit à la calomnie, puisqu'il n'a pas le droit au sérieux. Chez les bouffons d'antan, ce qui était drôle, c'est qu'il y avait toujours un fond de vérité dans le procédé honteux. Chez notre Bueno, ce qui est drôle, c'est que le fond de vérité est puisé dans le miroir : de l'âge des autres au fait qu'ils feraient les questions et les réponses, en passant par la mystification ou l'exemplarité de la vie, Bueno raconte tous ses petits trucages favoris. Espérons qu'il continue !
Nous exhortons ceux qui suivent cette belle course la bave aux lèvres, mais sans encore oser couiner, à entrer dans la compétition d'un franc ouah ouah. Qu'elle continue d'être noble et joyeuse ! Et que le meilleur gagne !