Posted by teleologie.org on October 16, 1999 at 01:40:15 PM EDT:
C'est un vrai plaisir de voir toutes les vielles haridelles des révoltes passées sortir de leur couvent, dès que nous discutons de quelque chose qu'elles n'avaient pas prévu, crucifix à la main, vade retro satanas à la bouche.
L'aigreur est telle que pour l'instant personne n'a encore contesté l'idée centrale du texte 'Deux découvertes'. Devant un public si éminent, nous n'irons pas affirmer que c'est parce que cette idée centrale serait approuvée. Nous avons toutes les raisons de supposer que toutes ces braves nonnes qui ont pourtant exprimé leur belle indignation ne savent pas encore exactement ce qu'est cette idée centrale ; et pour celles aux ulcères les plus proches du cerveau, qu'il y ait là une idée centrale. Ce qui choque c'est un ton, et c'est la transgression d'un ou deux tabous.
Le fait que nous parlions de sciences exactes est déjà un scandale. Comment osons-nous ? Alors que tout un chacun devrait savoir que la seule grande question théorique dans le monde, ces dernières et ces prochaines années, est : est-ce que le concept de spectacle de Debord n'est pas allé un peu loin ?
Comment ces grenouilles de bénitier, sclérosées dans leurs ergotages byzantins, défendent-elles leurs dogmes contre une impiété aussi manifeste ? L'argumentation leur est inconnue et malaisée : elle ne leur sert qu'à pinailler sur le cadavre de Debord. Elles ont donc recours d'abord à l'anathème, qui les rassure sur leur pureté. Elles utilisent ensuite des perfidies si allusives que malheureusement tous ceux qui n'ont pas passé les quinze dernières années dans leur retraite sont privés sans retour de leur ésotérisme de chapelle. Et puis, pour se donner un peu d'autorité ou simplement de tenue, on en appelle aux saints et aux démons qu'on vénère depuis l'enfance. En une demi-douzaine de messages, quel beau défilé : Aristote, le vieux de la montagne, Nietzsche, Lénine, Lyssenko, Debord.
Et comme disaient justement Debord et Sanguinetti, il n'a pas manqué le personnage du bouffon. Même si plusieurs couvents en concurrence présentaient chacun leur champion, nous donnerons encore le grelot à Bueno, qui l'emporte de justesse par le franc comique de la plus jolie bile verte de la nature (philosophique) mêlée à une incompréhension proprement cosmologique.