Le Premier Congrès de téléologie s'est tenu à Madrid les 26, 27, 28, 29 septembre 2002.
Les débats ont eu lieu de 12 heures à minuit.
26 septembre
Présentation et questions
Acceptation par vote du principe du vote des assemblées en Argentine : une motion est acceptée si les voix en faveur sont plus nombreuses que les voix contre plus les abstentions ; une motion est rejetée si les voix contre sont plus nombreuses que les voix pour plus les abstentions. Il n'y a pas eu d'autre vote pendant tout le congrès.
Présentation de l'OT et des règles du jeu, qui consistaient essentiellement dans l'injonction de ne pas couper la parole, et de garder à l'esprit les objectifs du congrès : mise à plat de la téléologie dans le monde, hiérarchisation des priorités, et choix d'orientation.
Après la présentation de l'historique et du fonctionnement de l'OT, les non-membres de l'OT se sont brièvement présentés, dans la perspective de leur approche et approfondissement de la téléologie moderne.
Le monde et l'OT
Exposé sur la période 1993-2001, qui faisait ressortir l'inadéquation des outils que les téléologues ont mis en œuvre dans la continuation de la Bibliothèque des Emeutes pour comprendre cette période (la Chine a été un exemple-clé de cette inadéquation), pauvre en révolte (le terme a-historique est à ce sujet discuté), et la nécessité éventuelle d'envisager une « marche dérobée », c'est-à-dire une période assez longue à faible intensité de révolte.
Les principales révoltes de cette période (notamment le Bahreïn, l'Albanie et l'Indonésie) ont été passées en revue, ainsi qu'un panorama rapide des autres révoltes. La question de savoir s'il est intéressant de tenter de prévoir les événements, pour les téléologues, a été débattue en particulier par rapport au refus jusqu'à présent affiché de faire des prédictions.
La seconde partie de l'exposé concernait les actions de l'ennemi, à qui n'appartient pas le moteur du changement, pendant 1993-2001. Il a notamment été remarqué qu'il y a eu globalement peu d'évolution dans l'information, dont la domination a pourtant continué à se développer. Une différenciation a été proposée, dans l'appréhension de l'information ennemie, entre information mercantile et information idéologique.
Les rapports entre guerre étatique et révolte ont été examinés à travers le Rwanda-Zaïre, le Kosovo-Albanie, le 11 septembre. Malgré des faiblesses jugées intéressantes, il a été constaté que, dans l'ensemble, la société que nous combattons est dans la force de l'âge, et non pas, hélas, dans une sorte de déliquescence que nous souhaiterions tous.
Dans l'analyse des progrès de la morale, il a été convenu que les téléologues doivent faire une recherche plus approfondie sur le clonage, sur lequel ils n'ont pour l'instant aucune position fondée. La récente inversion éthique entre souffrance et plaisir, déjà constatée dans un récent texte sur la morale mais insuffisamment développée, a été ici remise en discussion. La nécessité d'une position sur l'injustice et la justice, parce qu'elles sont parmi les principaux « prétextes » (un désaccord, antérieur au congrès, resurgit sur le terme de prétexte, auquel certains congressistes préfèrent déclic, cause alléguée, déclencheur) des émeutes et révoltes, a été constatée pour ses dimensions émotionnelle et institutionnelle (légale).
Un autre rapport, sur la situation actuelle dans le monde, a ensuite mis en valeur l'importance du printemps 2001 pour la période qui s'ouvre : deux seulement sur les trois parties prévues de cet exposé ont été abordées, l'auteur préférant retirer la partie sur les nouvelles formes de révolte, non suffisamment aboutie. Restait la présentation sommaire de la situation en Kabylie, et en Argentine. Il s'en est suivi une première discussion sur la situation des assemblées dans la période actuelle : nos connaissances sur l'Algérie ont été jugées insuffisantes, alors que la situation en Argentine est apparue comme toujours aussi indécise, autant du point de vue de l'avancement de la révolte que de la place qu'on doit lui accorder.
En conclusion de cette présentation un point sur l'information dominante a rappelé l'émiettement et l'enfermement dans leur façon de voir des informateurs, ce qui revalorise le témoignage direct ; et l'importance et le bidouillage de l'image qui n'ont cessé de croître. Les disputes sur la nouveauté et la difficulté de convaincre de la nouveauté dans un contexte où les médias se réclament de la nouveauté ont terminé l'exposé.
A propos d'« Avancée et recul de l'observation faite par l'OT », à la suite d'un rappel des méthodes utilisées depuis le milieu des années 80, la conclusion a été claire : il s'agit bien d'un recul. La poursuite de l'observation des faits dans le monde a cependant été réaffirmée comme éminemment nécessaire, d'autant que l'ennemi aussi est arrivé à la conclusion que l'information dominante doit suffire comme base du renseignement (open intelligence).
La lecture d'un texte sur « Emeute et débat » a déclenché une longue discussion sur la question des émeutes, du débat et des assemblées avec, à nouveau, l'Argentine comme épicentre. Mais il a été reconnu que, dans ce pays en particulier, le dépassement des assemblées ne viendra pas des assemblées elles-mêmes ; elles ont loupé le coche.
Tout a une fin
La présentation de l'idée de « tout a une fin » a montré la maturation de l'idée de téléologie et le phénomène de la naissance de cette idée à travers les trois périodes suivantes :
L'ambiance de cette première journée est restée un peu lourde, « studieuse ». Les nombreux textes et présentations de l'OT ont un peu étouffé les débats qui sont restés timides. Le retard pris a été considérable, ce qui a ajouté à une certaine tension, plutôt bénéfique.
27 septembre
Ambiance : davantage d'échanges, voire plus véhéments, mais sans hostilité.
Ouverture de l'OT sur le monde
La situation des contacts, des diffusions, des traductions, des publications et des correspondances de l'OT (point chiffré) a été examinée. Il en émerge une montée en puissance de l'Internet notamment due à la forte progression de la fréquentation du site observatoire de téléologie (qui vient de passer les dix mille visites par mois, ce qui est le double d'il y a un an) parallèlement à un déclin de la correspondance écrite. Un projet de recueil des échanges couvrant la période de la naissance de l'idée a été envisagé.
Sur les « voisins » supposés de l'OT, l'environnement de l'observatoire de téléologie reste désolé. Derrière les ultra-conservateurs Semprun (malgré son texte sur l'Algérie) et Bounan (malgré l'intérêt de son point de vue sur le sida et l'alexithymie), on peut rejoindre Tiqqun sur leur idée de la dissolution de l'individu et un parallèle Bloom-middleclass, mais nous sommes très loin de leurs positions dans le monde, notamment de leurs collusions indiscutables dans la culture. D'autres « voisins » sont encore plus éthérés et inconsistants et ne nécessitent pas d'être cités (Voyer, devenu ramasse-cendrier du 12 septembre, a même été oublié dans cette présentation). En effet, tous ces gens sont hors de l'observation du monde, à l'exception de quelques interventions partielles et souvent hypertrophiées.
La place de la nouveauté : réaffirmer que la nouveauté vient de la pratique, et que l'approfondissement du concept de téléologie va être impulsé de ce qu'on ne connaît pas encore et que, par conséquent, la notion même de téléologie pourra bientôt s'avérer insuffisante. L'idée d'une téléopraxis peut contribuer à contredire l'idée de téléologie moderne, dans un monde où les progrès de l'aliénation sont coalescents avec la perte de conscience.
Ceci a été l'amorce d'une discussion sur la différenciation de fin, but, finalité, accomplissement, qui rapproche l'idée de téléologie de son étymologie et l'éloigne de la téléologie classique, dont la critique nous fait toujours défaut. L'idée de l'expérimentation d'une chose par le sujet, dans le but par exemple, mais comme inconstatable, est surgie à ce moment, et s'est avérée l'un des fils conducteurs du congrès. La nécessité d'une « téléologie pratique », soulevant la question de l'absolutisme du but, a engendré aussi bien adhésion que perplexité et est finalement restée plus problématique qu'utilisable.
Paradoxes, faiblesses et erreurs de l'OT
L'affirmation de ce que nous sommes un média, en tant qu'intermédiaires et discours public, a été posée dans la problématique de l'endosser. Un média, en effet, est d'une part un intermédiaire public entre un objet et une conscience, et d'autre part une mise au monde d'une pensée non contrôlée. L'OT, dans la mesure de ce qu'il publie, admet donc également être un média. Ceci ne contredit en rien la nécessité de comprendre les médias, et de les combattre.
Certaines différences ont été constatées dans les choix de vie et de survie, mais pas suffisamment opposées pour mettre en contradiction les téléologues de l'OT, dont les choix d'ailleurs publiés sont assez homogènes, et les autres congressistes.
Ni le ton, ni l'unité de ton de l'OT n'ont été ressentis comme une faiblesse. Notre arrogance, souvent reprochée par nos adversaires, révèle davantage leurs fautes que les nôtres. Un débat a été ouvert sur le mode de validation des textes : faut-il que les textes continuent d'être validés dans le détail par tous, vaut-il mieux qu'ils soient validés en entier ?
La faiblesse de l'archivage papier de l'ex-BE a été déplorée, et il a été décidé d'essayer de mettre en œuvre au moins une copie papier des dossiers d'émeute existants (1988-1998).
L'engagement soutenu de l'OT sur le debord of directors a d'abord été considéré comme une faiblesse par un congressiste extérieur qui avait suivi ce forum, avant de se renverser en une force à ses yeux ; les autres n'ont pas perçu cette faiblesse.
Une synthèse intermédiaire des travaux du congrès jusqu'à ce stade a été alors réalisée.
La tension et le retard accumulé ont fait décider de prolonger le congrès pendant un quatrième jour. Tous les congressistes ont approuvé cette prolongation au dimanche.
La téléologie comme théorie
Initialement, la mise à plat devait d'abord concerner les notions fondatrices, ensuite les notions qui émergent, enfin les principaux paradoxes de la téléologie moderne. Même si le plan (voir Annexe) a été suivi, ces différentes parties ont été, fort logiquement, mêlées. Un examen du rapport entre réalité, aliénation et conscience a constitué un assez copieux commencement de cette démarche.
Une confrontation de « notions fondatrices » a d'abord conduit à la conclusion qu'il fallait approfondir les notions de réalité et d'aliénation, mais surtout les croiser avec d'autres notions de l'arsenal « conceptuel », notamment l'observation et le croire. C'est ainsi qu'est apparue la nécessité de réviser le texte, plus ancien, 'De l'histoire' au tamis des notions de réalité et de jeu ; de même un examen de l'émeute sous l'angle de la réalité a été proposé et jugé utile. Dans la confrontation du jeu, de l'aliénation et de la communication est apparue la demande d'une remise au clair de ce que nous appelons activité générique.
La notion pratique de rupture a été présentée de manière à faire surgir la nécessité d'une théorie de la rupture. Rupture a été assez vite mise en relation avec la notion de choix, et la destruction du possible ; l'inégalité dans la rupture a aussi été rappelée comme une relativité qui a pour conséquence que celui qui la fait la considère souvent comme un « accomplissement » alors que celui qui la subit, puisqu'il ne maîtrise pas, peut même être tenté de l'occulter ; et la nécessité de ne pas se tromper, par conséquent d'être juste dans la rupture, en donne la gravité et en impose un usage prudent.
La véritable signification du terme de concept a également été discutée : après la critique de son usage chez Hegel, qu'en reste-t-il ?
Parmi les notions qui émergent, l'accomplissement a alors été examiné, en relation notamment avec l'idée de désir, et surtout l'idée de désir de la totalité. Là est le principal intérêt de ce terme, qui permet alors d'esquisser une sorte de phénoménologie téléologique, ce qui a été abondamment discuté. Dans le cours de cet important moment, de nombreuses insuffisances ont été repérées pour ce terme accomplissement (un désaccord n'a pas pu être tranché sur le fait que l'idée de fin est implicite dans cette notion), dont la portée donne cependant beaucoup de sens et de profondeur à tout a une fin. Mais l'urgence en semble évacuée, est-ce qu'on peut accomplir vite ? Le verbe accomplir s'avère cependant plus parlant que le substantif.
28 septembre
La journée s'est ouverte par un long récapitulatif sur la notion (et non le concept) de téléologie.
Cette notion a été examinée sous les angles suivants : la téléologie comme méthode ; comme pratique historique ; comme aller-retour entre pratique et théorie ; comme appel à la responsabilité du genre humain (ce qu'on pourrait appeler la fin de l'enfance) ; comme projet ; comme connaissance, produisant de la connaissance ; comme théorie ; comme bannière ; comme un ensemble de personnes engagées dans le négatif ; comme restant ambiguë par rapport à la téléologie classique. La question de la téléologie comme négation de l'aliénation a été posée et approfondie, ainsi que l'inverse, l'aliénation comme négation de la téléologie.
La question de la pratique sociale a ouvert la notion d'une pratique téléologique, abordant sous un angle différent ce qui avait amené à l'idée d'une téléopraxis ; est-ce que, dans et du fait de la téléologie, pratique et activité sont identiques ? et quelle est leur historicité ?
Vérification pratique et vérification théorique ont été replacées dans le lien avec l'héritage du siècle des Lumières. L'importance primordiale de cette notion dans la téléologie moderne a été rappelée. L'idée de vérification elle-même a été alors un sujet de la discussion, et notamment la légitimité du terme vérification dans la vérification théorique, et la subordination de celle-ci à la vérification pratique ; il y a là un parallèle avec la vérité formelle et la vérité qu'on réalise, et on peut également tracer un parallèle avec l'opposition entre observateur et sujet (à ce stade n'est pas intervenue la vérification si capitale pour la téléologie de savoir si et quand l'observateur est un sujet).
La genèse du terme middleclass dans le parcours de l'OT a été retracée, et a abouti à la conclusion que l'émeute n'en est pas restée indemne, puisqu'elle semble moins porteuse qu'il y a dix ans, depuis que des gens middleclass s'y rencontrent désormais, en tant qu'intermittents. La différence entre middleclass, gueux, valets a montré qu'appartenir à la middleclass c'était d'abord avoir un accès à l'information dominante (un accès actif possible que n'ont pas, par exemple, les téléspectateurs des bidonvilles de Calcutta), mais que la middleclass est surtout une somme d'attitudes intermittentes. Le journaliste est l'archétype de la middleclass. L'intermittence de la middleclass se transmet aussi à l'émeute, qui peut désormais être une attitude intermittente de la middleclass, en même temps qu'une révolte authentique de gueux qui n'ont pas accès à l'information dominante, parce qu'ils ont refusé cet accès, ou parce qu'il leur a été refusé. Après en avoir constaté la nécessité, il a été considéré difficile de construire une approche sociologique de la middleclass. Le congrès a préféré constater que la middleclass est finalement une tentative réussie de réunir les valets et les gueux, parce que la middleclass est un brouillage entre ces deux extrêmes sociaux définis par la communication.
Les paradoxes de la réalité comme fin de la pensée et de la réalité comme inconnaissable ont été exposés ; ceci a posé une vieille question non tranchée dans l'OT de la fin et « des fins » (et que le congrès n'a pas non plus tranchée) ; il s'avère par contre que la réalité des fins dépend du point d'observation, comme on le voit dans l'exemple de la réalité de la maison ; le monde nie la réalité, ou alors lui prête une existence en tant que donné, ce qui est absurde. L'aliénation, dans les fins particulières qu'elle génère, peut alors être le territoire de la fausse fin.
L'observation ne prétend pas à la réalité. On ne peut pas restituer la fin de la pensée dans la pensée. Le terme de pensée lui-même n'est qu'un synonyme de tout qui n'a de sens qu'autant qu'il lui est prêté une extériorité. Mais privé de son extériorité, le terme de pensée lui-même se dissout, et ce sont ses divisions (conscience, aliénation ou esprit) qui prennent sens et contenu.
L'organisation comme nécessité et comme frein, autre paradoxe, est présenté sous un double éclairage, celui de l'OT comme organisation, et celui de l'assemblée. La question du but s'est posée : d'une part l'intensité venait du but, ou non, comme en Argentine, où l'organisation ne s'est pas donné de but ; d'autre part, le but est justement cette expérience du sens, cette aventure dont le constat serait l'échec. L'organisation, pour en revenir à elle, est généralement défensive, mais aussi expérience de pensée collective.
Le débat a alors dérivé sur le dépassement de l'assemblée, et de l'émeute, question évidemment relativement présente pendant ces quatre jours. L'absence d'une présidence des débats, la fatigue et la longueur des discussions, a favorisé de tels détours bienvenus.
Tout un questionnement autour de l'accomplissement et les paradoxes qu'il soulève : urgence, désirs, représentation, mort, est également paru ici comme une résurgence et une insatisfaction du débat sur l'accomplissement. C'est l'idée de constater qu'il n'y a aucune représentation possible de l'expérience d'accomplissement, et que la représentation de l'accomplissement peut même trahir l'aventure de l'accomplissement, comme dans les religions ; mais il a été rappelé in extremis que cette représentation reste un outil nécessaire, potentiel, pour aller vers l'accomplissement, une sorte de phare, même si c'est un mirage. Ceci a aussi débouché sur la nécessité d'une nouvelle critique de l'art et du beau. La notion d'intensification a alors paru digne d'une attention particulière, dont elle n'a malheureusement pas suffisamment bénéficié sur-le-champ.
La partie prévue sur les relectures théoriques a été sacrifiée.
Les chantiers en cours
Un texte qui pour l'instant s'intitule 'Cosmogonie, téléologie et infini' associe la lecture de deux ouvrages de deux auteurs qui ont le même nom, Cohn, mais des prénoms différents (Jonas et Norman) dans deux siècles différents, et qui pourtant se rejoignent, ainsi qu'un ouvrage de vulgarisation physique, intitulé 'Physique et infini'. Il s'agit de montrer ce qu'est la cosmogonie, de commencer une théorie du commencement, et de construire la notion d'infini en tant que moment dans l'histoire.
La présentation d'une idée d'ouvrage sur l'assemblée de Jussieu, l'apparition de la téléologie sur le debord of directors, les émeutes et assemblées en Argentine et en Algérie, trois façons de critiquer le monde, qui représentent ensemble l'ouverture à une nouvelle époque. Il a été discuté d'une proposition de titre, 'Troubles de la parole'. Un aparté sur les stations balnéaires (il a été un moment envisagé de tenir le congrès à Bejaia) a fait surgir le tourisme comme instrument de pacification.
Le point d'observation, un autre texte commencé il y a plusieurs années et abandonné pour l'instant, a été replacé par rapport au 'Point où nous sommes', dans l'ouvrage d'Adreba Solneman. Il a été mis en doute de traiter procréer dans ce projet, comme il était initialement prévu de le faire. L'intérêt d'un texte téléologique sur la procréation et l'éducation, de l'enfance à l'université d'aujourd'hui, en passant par la rupture avec la famille, a été cependant admis à côté d'un texte plus important qui devrait se proposer d'associer la notion d'observation telle qu'elle est apparue dans la physique quantique à une théorie critique de l'information. La nécessité de se donner une telle théorie de l'observation a alors été posée comme une priorité.
Deux observations contradictoires sur deux vagues d'émeutes successives en Indonésie, en 1998, ont été présentées et ont conduit à prendre la décision de confronter la lecture de ces deux dossiers par la plupart des congressistes, afin de dégager une analyse unifiée et de résoudre le dilemme.
L'idée de lexique téléologique a finalement été abandonnée : trop de faiblesses. La crainte de figer des définitions et de donner une lecture consommatrice et dogmatique aux notions changeantes que nous utilisons, en particulier, a été dissuasive.
Le projet de critique de la téléologie classique, en s'appuyant sur 'Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique', de Kant, a été présenté comme une reprise d'un projet déjà ancien ; l'ouvrage fanatiquement anti-téléologie (classique) de Hartmann peut également être pris en compte dans ce projet.
Une deuxième synthèse intermédiaire (après celle du deuxième jour) a alors été faite.
Très bonne ambiance, qui s'est terminée fort tard dans la nuit autour d'un rioja réparateur et de beaucoup de cochonillo.
29 septembre
D'autres chantiers, qui n'ont pas encore été entamés, ont été rapidement présentés, en particulier « Combattre le tabou de la mort », qui a été, non sans difficulté, replacé dans la gravité qui lui revient.
Le congrès étant déjà suffisamment la mise en avant de ces faiblesses et lacunes, la partie du programme intitulée « Faiblesses et lacunes de l'OT » a été supprimée.
Il a été proposé une hiérarchisation des principaux thèmes qui ont émergé lors des trois premiers jours.
Les membres de l'OT, qui n'avaient pas eu le temps depuis le début du congrès de conférer séparément, se sont alors retirés pour se consulter.
En revenant au bout de quarante-cinq minutes, il a été demandé aux non-OT d'exprimer leurs attentes du congrès, ainsi que leur jugement sur l'OT et ses membres. Il en est ressorti une certaine insatisfaction d'une position inégalitaire, de se sentir par moment comme un public devant les discours et les débats des membres de l'OT, position subie. La confiance mise en jeu dans et par l'OT, en revanche, a été soulignée, ainsi que la différence entre l'écrit et le parler, où les membres exposent beaucoup plus de contrastes, de différences et de nuances que dans les « blocs » de textes. La teneur du congrès lui-même semble avoir été jugée à la hauteur des attentes.
L'OT a alors fait part que, pendant sa conférence séparée, il avait constaté que le congrès a maintenu la validité de la continuation de l'OT, alors qu'une dissolution avait été envisagée dès le départ ; et que dans l'immédiat l'OT n'envisageait pas de modifier ses effectifs. Mais des activités communes avec les autres congressistes ont été envisagées d'une manière générale, ce qui allait être déterminé dans la suite de la réunion.
L'OT a ensuite jugé les non-OT, leur faisant connaître les critiques et insatisfactions. Débat sur la confiance, et impossibilité d'une confiance aveugle, nécessité de vérification, même entre membres de l'OT, doute et méfiance, moment un peu houleux, parce qu'accompagné d'une mise en doute concrète, non vérifiée. Il a été reproché à l'OT en bloc une certaine paranoïa issue sans doute des longues disputes sur les différents forums comme le debord of directors ; ce point, cependant, n'a pas pu être discuté jusqu'à son terme.
Orientations
Quelles pratiques autres que « littéraires » ou « théoriques » ? Examen d'envoyer des témoins directs dans des lieux de révolte, comme en Argentine. Différentes façons d'engager le débat, rechercher des interlocuteurs différents que ceux des petits milieux pseudo-révolutionnaires (en tenant compte des interlocuteurs avec lesquels on ne discute pas, comme les journalistes).
Une commission sur l'Algérie a alors été formée.
L'observation des faits a été redéfinie comme une activité absolument essentielle, dans la compréhension du monde et même comme centrale dans le développement de la théorie de la téléologie. Une nouvelle observation des faits est nécessaire mais la presse ne permet plus d'y suffire. Le danger de non-justesse d'un fait précis traité séparément nécessite de plus de connaître les faits du monde entier, autant que possible. Le besoin de changer le recueil d'information nécessite d'aller davantage sur l'Internet et d'y mieux maîtriser les sources utiles et significatives. De nouvelles modalités de recueil d'information ont donc été adoptées, avec une répartition de l'activité de veille, et l'expérimentation de nouvelles procédures d'information pendant une période probatoire.
Les orientations théoriques, les nouveaux développements théoriques possibles et les urgences pratiques ont ensuite été esquissés, listés et hiérarchisés. Il a été décidé de remettre à une réunion prochaine la répartition des tâches.
Alors que l'épuisement était général, une cava bienvenue a clôturé le congrès dans une certaine allégresse. Une lente dissolution s'est alors amorcée à travers les bistrots du vieux Madrid, redonnant des forces à certains, alors que d'autres commençaient l'expérience de l'achèvement.
Plan du Congrès à l'usage des participants
(dernière version proposée le 1er septembre 2002)
tous les jours de midi à minuit
30 min
Règles du jeu du Congrès ; Mode de décision
Bref historique de l'OT
Fonctionnement de l'OT
Questions
pause
3h
1993-2001, bref retour sur cette période / Exposé et débats
Analyse de la situation dans le monde aujourd'hui, depuis 2001 / Exposé et débats
Emeutes et assemblées / Débat
Réflexion à mener sur le caractère insaisissable des événements importants dans l'information / Débat
Avancée et recul de l'observation faite par l'OT depuis la BE : état des lieux
pause
1h30
Avancée et recul de l'idée : les différentes périodes observées par l'OT
Incompréhensions manifestes de l'idée de téléologie moderne / Débat
Les passer rapidement en revue et demander pour chacune s'il y a des points peu clairs ou à débattre
Incompréhensions émotionnelles / incompréhensions rationnelles
Comment combattre ces incompréhensions, lesquelles en priorités
pause
1h30
Contacts, diffusion, traduction, publicité : état des lieux.
Point sur les contacts Tetoal
De qui peut-on dire qu'ils sont les plus proches de l'OT ; qui les plus éloignés ?
Sérier nos voisins supposés : post-situationnistes (Tiqqun, Nuisances...), ultragauche, anars ; contacts Internet, Debordel ; individus ; étranger ; quelle attitude envers ceux qui ignorent la référence situationniste ; typologie de notre lectorat. Exposé.
Notre attitude par rapport aux sollicitations / Débat
La place de la nouveauté, qui vient de la pratique
Téléologie moderne qui s'ignore, ou téléologie moderne sauvage
Ce qui contredit l'idée de téléologie moderne
(Utilisation confuse du terme de téléologie)
pause
1h
Paradoxes
Dans quelle mesure sommes-nous un média ? / Débat
Vie et survie, choix fondateurs, contradictions / Débat
Faiblesses
Style, ton, unité de ton, comment cela est-il perçu ? / Débat
Les vertus de l'autocritique / Débat
Financement et archivage
Erreurs
Quelles erreurs tactiques (par exemple, sur le debord of directors et après) / Débat
Les points à retenir pour le débat d'orientation
A/ Les notions fondatrices (45 min)
Grille :
Est-ce qu'on a une définition de cette notion
Est-ce que c'est une notion claire
En quoi cette notion a changé
En quoi on doit l'approfondir ou non
Comment s'en servir
Synthèse :
Les notions les plus abouties, les moins abouties / Les concepts véritablement fondateurs ; sur lesquels doit-on s'appuyer pour développer cette théorie
B/ Les notions qui émergent (45 min)
Grille :
Pourquoi cette notion émerge aujourd'hui pour nous
Qu'est-ce qu'on entend par là aujourd'hui
Qu'est-ce qui n'est pas clair
Dans quel sens on doit l'approfondir
Synthèse :
Les notions les plus abouties, les moins abouties.
Les concepts les plus importants ; sur lesquels doit-on s'appuyer pour développer cette théorie
C/ Point sur le concept de téléologie (30 min)
Définition de la téléologie moderne (inventaire des différentes utilisations de cette notion)
D/ Point sur l'infini (30 min)
C'est quoi l'infini aujourd'hui pour nous
Quelles sont les questions qui restent ouvertes
Infini dans l'histoire
Continu et discontinu, moment et durée
Totalité et finitude
Infini et aliénation
Infini actuel et infini potentiel...
pause
E/ Les paradoxes (1h)
Grille :
En quoi consiste le paradoxe
Quel est le rapport entre ce paradoxe et la téléologie
Comment peut-on le traiter ? Dans un contexte plus large ou non ?
Synthèse :
Quels sont les paradoxes à traiter en priorité ?
Comment le traiter ? Avec quelle publicité ?
F/ Relectures théoriques (30 min)
Etat des lieux de la pensée scientifique
Marx
IS
Voyer
Hegel
Synthèse :
Les critiques les plus abouties, les moins abouties.
Quelles relectures en priorité et pourquoi ?
A/ Chantiers en cours (45 min)
Grille :
Présentation du chantier
Etat des travaux
Les problèmes rencontrés
Délai d'aboutissement
Jussieu, debord of directors, Argentine et Algérie
Du point d'observation (procréer...)
Texte sur l'Indonésie
Lexique téléologique
Critique de la téléologie classique
Synthèse :
Les chantiers les plus aboutis, les moins aboutis / Les plus importants, les moins importants / A quels autres chantiers les associer / Projet et délai d'aboutissement / Quelles diffusion et édition
B/ Chantiers proposés (45 min)
Combattre le tabou de la mort
Nouvelle analyse critique de l'information
Position par rapport à la révolte individuelle
Mise à jour d'Adreba Solneman
Mise à jour de la morale
Retour dans le temps : XVIIe siècle - la révolution anglaise et la Fronde
Analyse de la caillera en France
Recherche des assemblées dans l'histoire
...
Synthèse :
Les plus importants, les moins importants ? / A quels autres chantiers ils peuvent être associés ? / Lesquels développer en priorité ?
C/ Chantiers qui viennent du bilan (1h30)
(...)
Les plus importants, les moins importants ?
A quels autres chantiers ils peuvent être associés ?
Lesquels développer en priorité ? Comment ?
pause
1h
Quelle avancée théorique dans le monde, et ses conséquences pratiques
Notre ignorance
Avoir accès aux sciences exactes ou non
Repérer les nouveautés dans la culture
Autres...
Quel approfondissement de l'idée
L'engagement de la téléologie comme théorie dans le débat sur le monde
Cette partie du débat va largement découler de la session « chantiers » de la veille
Réexamen de la primauté de l'idée de téléologie moderne
Ouverture sur le monde : ce qui doit changer
Est-ce que les orientations retenues impliquent une refonte de l'OT
Comment développer individuellement et collectivement les orientations à venir
Financement et archivage
Prévoir un document de synthèse du Congrès (forme et destination)
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