B) Du 17 février au 3 novembre 1979


 

7) Organisations ennemies

b) Conseil de la Révolution

Un Conseil de la Révolution avait été nommé par Khomeyni avant son retour en Iran. Ce Conseil, qui ressemble bien davantage à l'idée de consultation que peut se faire un Emâm inconditionnel de Mahomet et 'Ali qu'à des conseils ouvriers, ou des comités, même portant son nom, arrogants et indépendants, n'a jamais été dissous à ma connaissance. Jamais non plus sa composition n'avait été rendue publique, ce qui permit de douter de son existence formelle. A part Khomeyni, tous les chefs religieux, de parti et de gouvernement, en auraient fait partie, prenant sous le parrainage de cet organisme toutes les décisions auxquelles Khomeyni ne pouvait pas s'abaisser et auxquelles le gouvernement ne pouvait pas s'élever. Les gardiens de la révolution, par exemple, auraient été fondés par ce Conseil. Mais on imagine mal tant de sommités se réunir secrètement bien après la chute du Shâh ; et sinon, comment le secret sur la composition du Conseil aurait-il pu être gardé devant les fans des vedettes toutes neuves qui le constituaient, et devant les chasseurs de scoop ? C'est pourquoi ce cénacle d'autant plus prestigieux qu'occulte (et flattant bien là le goût du secret du shi'isme) n'a eu d'importance que sur le papier. Ainsi, Tâleqâni en est puisqu'il en démissionne le 27 février, ainsi que Mahdavikâni, Rafsanjâni, 'Ali Khâmene'i, Banisadr et Bâhonar dont on dévoile l'appartenance fin juillet, pour qu'ils puissent faire leur entrée au gouvernement avec un poids dont manque alors leur obscurité relative. Le Conseil de la Révolution semble avoir eu pour fonction de pouvoir promulguer l'unanimité, le consensus, entre les hauts valets de plusieurs tendances, sans rencontrer leur opposition, tant après le départ précoce de Tâleqâni, il était devenu inimaginable pour un grand-âyatollâh, un chef de parti ou un ministre de s'en désolidariser sans s'exposer aussitôt mortellement. Tant que les conseils n'étaient ni détruits ni récupérés, tant que les valets d'Iran ne contrôlaient pas les armes, tant que la fragile popularité d'un vieillard (Khomeyni, le 1er mars 1979 : "il me reste un ou deux ans à vivre") est la seule institution sur laquelle ils peuvent compter, le Conseil de la Révolution a été pour les valets un atout de rechange.


Editions Belles Emotions
Du 9 janvier 1978 au 4 novembre 1979, par Adreba Solneman Précédent   Table des   matières   Suivant