Notes


 

53. Chili

Les réminiscences du spectacle de la dictature antigauche et caricaturale de Pinochet dominent davantage les prétextes d'émeutes au Chili que les causes économistes. Il est d'ailleurs amusant de noter que cette dictature a toujours obtenu de meilleurs résultats économiques que la démocratie parlementaire, ce qui conduit à de cocasses contorsions de l'information dominante prise dans une contradiction entre sa religion, l'économie, et sa morale, la démocratie middle class : elle va donc rabaisser les excellents indicateurs économiques de la clique de Pinochet et enjoliver ceux, beaucoup moins élevés, de la clique d'Aylwin, qui lui a succédé.
 

  1988
05-10 Le dictateur Pinochet, selon sa Constitution de 1980, organise un référendum sur sa candidature à la présidence. Surprise, surprise, le « non » l'emporte par 54,6 à 42,9 %. Pinochet, ne peut donc plus se présenter aux prochaines élections, mais reste en poste.
07-10 2 morts « lors de violents incidents survenus dans une banlieue ouvrière de Santiago, au cours de manifestations de l'opposition célébrant le triomphe du “no” ».
  1989
18-04 Grève générale, peu suivie, sauf dans les lycées et les collèges. Barricades dans le centre de Santiago, affrontements, fusillades, 2 morts, 100 arrestations.
01-05 Violente manifestation pour la fête du Travail : « Les carabiniers sont intervenus contre plusieurs centaines d'ouvriers et d'étudiants qui érigeaient des barricades et scandaient des slogans antigouvernementaux dans les rues de Santiago. » 34 arrestations.
17-07 Dans le « población » La Bandera, quartier populaire de Santiago, mouvement d'occupation de logements par « un millier d'habitants » ; la police tire, 1 mort, 220 arrestations.
05-10 Anniversaire du référendum, manifestation dans plusieurs quartiers de Santiago, violemment dispersée par les carabiniers (qui sont une police militaire).
14-12 Patricio Aylwin, centre droit, élu président devant le candidat de Pinochet, Büchi, 55,2 à 28,9 %.
15-12 « Plusieurs centaines de milliers d'opposants [à Pinochet] » ; « La fête était trop imposante, et a fini par déborder ». A Santiago, barricades, jets de pierre, gaz lacrymogènes, affrontements. Affrontements aussi dans plusieurs autres villes, notamment Viña del Mar, où les manifestants tentent l'assaut du siège de la police militaire. 1 mort, « dizaines de blessés », 589 arrestations.
  1990
11-03 Cérémonie de passation de pouvoir Pinochet-Aylwin à Valparaíso. Violents affrontements à Santiago : « 50 civils et 46 policiers blessés, ainsi que d'importants dégâts matériels. » 30 arrestations.
11-09 Dix-septième anniversaire du putsch de Pinochet. Manifestation violente au mausolée Allende, de nombreux blessés, 34 arrestations.
  1991
05-06 Victoire de Colo Colo, club de football champion du Chili dans la Copa Libertadores, coupe des clubs champions d'Amérique du Sud. La liesse consécutive à Santiago, cuites, rixes, bris de vitrine et mises à sac, fait 10 morts et 150 blessés.

 

« Autre préoccupation officielle : l'imposante quantité d'armes de guerre dont disposent, non seulement les terroristes, mais aussi des bandes de délinquants, qui en usent presque quotidiennement pour attaquer les banques de la capitale. »

Et derrière ce qu'il est convenu d'appeler le terrorisme, et qui n'est que le fantasme de guérilla urbaine des léninistes attardés, « le gouvernement doit affronter l'imprévisible Mouvement Lautaro, qui fait des recrues surtout parmi les adolescents », aussitôt décrit ainsi selon le ministre de l'Intérieur d'Aylwin : « Ce groupe anarchiste a été infiltré par les organismes de sécurité du régime militaire. » Quand un ministre de l'Intérieur parle d'anarchistes et d'infiltration, il y a une chance raisonnable qu'il y ait en réalité une subversion intelligente.
 

(Texte de 1998.)


teleologie.org / événements / offensive 1988-1993 /
De 1987-1988 à fin décembre 1990 / Notes /
<<   >>