La B.E., du début à la fin


 

Si le comble de l'inutile sont les couilles du pape, le comble du paradoxe aurait été qu'une Bibliothèque des Emeutes ne sache pas faire sa fin.

1) Naissance

La Bibliothèque des Emeutes est née de la révolution en Iran. Il y était apparu un mouvement jeune, spontané, décidé, et qu'un long début victorieux a rendu fécond. Ce mouvement était la plus grave rupture avec ce monde depuis la révolution en Russie, soixante ans plus tôt.

Comme la révolution en Russie, la révolution en Iran a été aussitôt combattue par les armes. Le reste du monde a essayé d'isoler l'Etat où a eu lieu cette révolution par la guerre aux frontières, et y est parvenu. Comme celle de Russie avait été difficilement récupérée par les bolcheviques, la révolution en Iran a été difficilement récupérée par les néo-islamistes. Et comme celle de Russie, la révolution en Iran a été calomniée dans tout le monde occidental. La forme précise de cette calomnie, comme en Russie, a été d'agréger les révolutionnaires à leurs récupérateurs.

La révolution en Iran a d'abord été une série d'émeutes de plus en plus rapprochées, avant de devenir une série de discussions de plus en plus violentes. La critique du travail, de l'économie, de la morale, de l'amour, de l'organisation révolutionnaire ont été autant de débats ouverts. La critique de l'eurocentrisme, du déshonneur marchand, de l'omniprésence de la religion laïque y avait commencé à se poser en actes.

Son objet a été le monde : c'est le privilège des révolutions.

L'émeute moderne qui avait atteint en Iran une fréquence et une intensité inégalées ne se trouvait nullement isolée dans le monde. Elle était simplement séparée d'événements identiques simultanés, dont les principaux ont été l'insurrection des niños antisandinistes au Nicaragua, la fin du mouvement ouvrier, héritier de la révolution en Russie, lors d'un dernier soulèvement en Pologne et le début des émeutes de banlieue, particulièrement au Royaume-Uni.

Cette ubiquité n'a jamais pu dépasser cette séparation imposée par tous les conservatismes : la première cause de la défaite en Iran a été l'incapacité des révolutionnaires de se fédérer avec les révoltés d'ailleurs.

La deuxième raison de cette défaite séparée aura été son absence de cohérence théorique. Cette révolte spontanée était en guerre, non seulement contre tous les héritiers de ceux qui avaient vaincu les révolutions passées, mais aussi contre les héritiers de ceux qui y avaient été battus. Il ne voulaient d'autre projet que de l'avenir. Il n'ont pas su formuler le leur.

Ces deux faiblesses tragiques, puis sanglantes, ont fondé, en réaction, la Bibliothèque des Emeutes.


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