En guise de présentation


 

Le 8 août 1999, nous avons découvert deux publicités de Voyer sur des sites dont nous n'avions jamais entendu parler, Le forum des auteurs et Agora Philo. Par un message identique nous avons aussitôt averti les usagers de ces sites que Voyer était un falsificateur qui proposait comme fraîches des marchandises déjà périmées par la critique qu'il n'avait pas eu le courage d'affronter.

Sur le site Agora Philo nous avons alors été interpellés sur notre ton, sur notre nom et sur les conceptions que cela suppose. Notre règle étant de ne pas nous dérober à la controverse (nous commençons à douter du bien-fondé de cette règle) nous avons en préalable, le 22 août, répondu par la question de fond suivante : « Tout a une fin ? ou non ? », déposée simultanément sur Agora Philo et debord of directors.

Nous avons appelé « éjaculation précoce » la première salve de réponses. Si la question « tout a une fin » est simple, la réponse au contraire est compliquée parce qu'elle nécessite un niveau d'engagement élevé et dangereuse par ce qu'elle implique. Tous ceux qui ont donc voulu s'en débarrasser en quelques heures n'ont dit que les trivialités connues, comme si la question, qu'ils n'ont pourtant jamais entendue, était triviale. Tous ont tenté de conserver ensemble les deux réponses contraires : oui et non. Et en faisant cela ils donnent raison au non, tout n'a pas une fin, uniquement. Ça tombe bien, c'est le dogme dominant.

Ils auraient mieux fait d'imiter de Voyer la méditation, sans toutefois aller jusqu'à sa prudence radicale. Il y a huit ans que la question de la finalité lui a été posée, un peu trop poliment sans doute, par Adreba Solneman. Sa réflexion sur le sujet est si scrupuleuse qu'il a même publié cette correspondance en censurant la question de la finalité. Mais depuis, Voyer a manifesté à l'Encyclopédie des Nuisances qu'il répondait toujours. Nous verrons bien si en plus de lâche, falsificateur et vieux con, il mourra menteur ; sinon, nous l'attendons comme Sammy Sosa attend la balle.

La première salve a été tout ce dont ont été capables les vieilles couilles fatiguées et les jeunes burnes policées du debord of directors, puisque nous ne comptons pas les onomatopées de notre groupie, F., comme partie du sujet. Sur Agora Philo, un site construit sur le même script que le debord of directors, mais plus jeune, plus remuant, moins contemplatif, il n'y avait pas que des carabines à un coup, même si les tireurs étaient particulièrement mauvais. Très vite d'ailleurs, il s'avéra que les réponses avaient la même substance que le silence. En vérité, un seul interlocuteur, véritable illusionniste, relançait sous cinquante noms différents, auxquels il prêtait même des propos contradictoires pour rendre ses noms plus crédibles, et pour tenter d'étoffer ses argumentations risibles.

Dès que nous avons entrevu ces mystifications, nous avons aussitôt averti le public que nous ne répondrions plus sur le fond à ce minable ; mais nous avons continué à démonter son système qui peut être assez facilement appliqué sur un site comme le debord of directors. Le manipulateur, après avoir été à court d'arguments, se mit à falsifier nos signatures pour discréditer ce que nous disions. Décidément, nous allons passer pour des pères-la-vertu : pour avoir botté le cul flasque de Papy Voyer, nous nous retrouvions devant un nouveau falsificateur, un peu plus actif et moins futile que le Voyer. Une des choses les plus amusantes dans cette tragi-comédie aura d'ailleurs été que seuls ces deux falsificateurs se sont répondus, sans raison ni fond, sur les deux sites : est-ce la merde qui attire la merde, ou la merde qui attire la merde ?

Le héros de l'Agora Philo, appelons le Prout-Prout, nous paraît intéressant en ce qu'il est un concentré pathétique de la médiocrité des envies et des espoirs de la middle class croyant pouvoir se cacher derrière une maîtrise approximative des techniques que permet l'Internet. Sommaire dans ses connaissances éclectiques, travailleur infatigable, se surestimant sans bornes et tombant aussitôt dans des dépressions pitoyables, répétant les poncifs dominants en se croyant inventeur, il résume assez bien le personnage du raté revanchard. L'Internet lui permet surtout, mais il n'est pas le seul, de développer du faux, de la poudre aux yeux, du truc. Il représente bien l'angoisse haineuse et l'arrivisme bas de cul de l'ensemble de ce qui s'exprime sur ce média.

Le 9 septembre, les propriétaires de l'Agora Philo, l'association Philos (prononcez filous) mutila son site pour protéger son animateur homme-orchestre, en interdisant les messages vers le haut de l'arborescence, en effaçant pêle-mêle ses falsifications les plus criantes (les autres passent pour tolérables pour ces petites gens-là) et nos textes les plus accablants. Six mois de site furent également détruits dans cette opération de censure, prouvant par là qu'il ne s'y était jamais rien dit qui vaille qu'on le sauve. Toute notre intervention, qu'il fallait sans doute déjà un goût byzantin pour comprendre dans le détail, fut défigurée, avec par exemple des bouts de réponses ou des titres laissés sans ce à quoi il se rapportent, ce qui indique une censure plus émotionnelle que lucide. C'est à cette occasion que la petite publicité de Voyer a été détruite. Nous le déplorons parce que l'on ne peut critiquer et réfuter Voyer, qui l'a mérité, qu'en l'ayant lu, comme nous, et non en l'interdisant ; nous le déplorons parce que cela efface et rend incompréhensible le début de notre intervention ; c'est à nous tous de rendre justice des déchets, comme tout ce que Voyer a fait depuis qu'il est sur l'Internet, et non pas le silence et l'oubli, la censure.
 

(Extrait du message 'Comment la publicité du falsificateur Voyer a été censurée sur le site Agora Philo')