Posted by Anarstrige du coulée on April 19, 2001 at 06:41:00 PM EDT:
Les chiennes de garde n’ont qu’à bien se tenir…
Scum Manifesto (association pour tailler les hommes en pièces) "Valérie SOLANAS" édité en 1968 pour Olympia Press aux Etats-Unis.
Quelques extraits :
Vivre dans cette sociète c’est au mieux y mourir d’ennui. Rien dans cette société ne concerne les femmes. Alors, à toutes celles qui ont un brin de civisme, le sens des responsabilités et celui de la rigolade, il ne reste qu’à renverser le gouvernement, en finir avec l’argent, instaurer l’automation à tous les niveaux et supprimer le sexe masculin.(…)Le mâle est un accident biologique ; le gène Y(mâle) n’est qu’un gène X (femelle) incomplet, une série incomplète de chromosomes. En d’autres termes l’homme est une femme manquée, une fausse couche ambulante, un avorton congénital.(…) son idée fixe est toujours : baiser, baiser. Il n’hésitera ni à nager dans un océan de merde ni à s’enfoncer dans des kilomètres de vomi, s’il a le moindre espoir de trouver sur l’autre rive un con bien chaud. Il baisera n’importe quelle veille sorcière édentée n’importe quelle femme même s’il la méprise, et il ira jusqu’à payer pour ça.(…)Baiser permet aux hommes de se protéger contre leur désir d’être des femmes. La sexualité est elle-même une sublimation. Sa recherche frénétique de compensations – parce qu’il n’est pas une femme -, combinée avec son incapacité fondamentale à communiquer et à compatir, a permis à l’homme de faire du monde un gigantesque tas de merde.(…)le rôle du père a été d’apporter au monde la gangrène de l’esprit mâle. Les hommes sont des Midas d’un genre spécial : tout ce qu’ils touchent se change en merde.(…) L’individualité de la femme s’impose aux yeux de l’homme, mais il est incapable de la saisir, incapable d’entrer en relation avec elle ; elle le boulverse, l’emplit d’effroi et d’envie. Aussi la nie-t-il et entreprend-il de définir chacun et chacune en termes de fonction et d’usage, s’assignant bien entendu, les fonctions les plus importantes - docteur, président, savant - , ce qui l’aide à revêtir une identité sinon à atteindre à l’individualité, et il cherche à se convaincre comme à convaincre les femmes (il a mieux réussi de ce coté) que la fonction de la femme est de porter et d’élever les enfants, d’apaiser, de réconforter et de stimuler l’ego masculin ; que sa fonction fait d’elle un être interchangeable avec les autres femmes. En fait la fonction de la femme est d’explorer, découvrir, inventer, résoudre des problèmes, dire des joyeusetés, faire de la musique - le tout, avec amour. En d’autres termes de créer un monde magique. La fonction de l’homme est de produire du sperme. Nous avons maintenant des banques de spermes.(...)Les hommes ne peuvent pas coopérer à la réalisation d’un but commun, car le seul but de chaque homme est d’avoir tout le con pour lui. La communauté est donc vouée à l’échec : chaque hippie, pris de panique, va empoigner la première jobarde qui en pince pour lui et filer avec elle dans un pavillon de banlieue.(...) L’homme ose se montrer différent dans la mesure ou il accepte sa passivité et son désir d’être une femme, sa réalité de pédale. L’homme le plus conséquent avec lui-même est le travesti mais là encore, bien qu’il soit différent des autres hommes, il ressemble exactement à tous les autres travestis. Fonctionnaliste, il ne cherche que l’identité formelle : être une femme. Il se débarasse de ses problèmes en leur collant des étiquettes, mais toujours pas trace d’individualité. N’arrivant pas à se convaincre tout à fait qu’il est une femme, angoissé à l’idée de n’être pas assez femelle, il se conforme désespérément au stéréotype féminin inventé par les hommes, et devient une marionnette bourrée de tics.(...) En dehors de son coté lèche-cul, la conversation de la fille à son papa est encore limitée par sa crainte d’exprimer des opinions déviantes ou originales et par son sentiment d’insécurité qui l’emprisonne. Ce qui lui enlève tout charme. La gentillesse, la politesse, la « dignité », le sentiment d’insécurité et la claustration mentale ont peu de chance de s’allier à l’intensité et à l’humour, qualités dont ne peut se passer une conversation digne de ce nom. Et la conversation digne de ce nom ne court pas les rues, étant donné que seules les femmes tout à fait sûres d’elles, arrogantes, exubérantes, et fortiches sont capables d’avoir une conversation intense et spirituelle de vraies salopes.(...) Le sexe ne permet aucune relation. C’est au contraire une expérience solitaire, elle n’est pas créatrice, c’est une perte de temps. Une femme peut facilement, bien plus facilement qu’elle ne pourrait le penser, se débarasser de ses pulsions sexuelles et devenir suffisamment cérébrale et décontractée pour se tourner vers des formes de relation et des activités vraiment valables. Mais le mâle libidineux met en chaleur la femelle lascive.(...) Le sexe est le refuge des pauvres d’esprit. Et plus une femme est pauvre d’esprit, plus elle est embourbée dans la « culture » masculine, plus elle est charmante et plus elle est portée sur le sexe. Dans notre société les femmes charmantes ont le feu au cul. Mais comme elles sont atrocement charmantes, elles ne s’abaissent pas à baiser, tu parles, elles font l’amour, elles communiquent avec leurs corps, elles établissent un contact sensuel.(...) Celles qui, selon les critères de notre « culture » sont la lie de la terre, la Scum (rebut, écume, scorie etc.) sont des filles à l’aise, plutôt cérébrales et tout près d’être asexuées. Débarassées des convenances, de la gentillesse, de la discrétion, de l’opinion publique, de la « morale », du « respect » des trous-du-culs, toujours surchauffées, pétant le feu, sales et abjectes, les Scum déferlent... elles ont tout vu - tout le machin, baise et compagnie, suce-bitte et suce-con elles ont été à voile et à vapeur, elles ont fait tous les ports et se sont fait tous les porcs... Il faut avoir pas mal baisé pour devenir antibaise, et les Scum sont passées par tout ça, maintenant elles veulent du nouveau ; elles veulent sortir de la fange, bouger, décoller, sombrer dans les hauteurs.(...) Grâce à sa sexualité envahissante, son indigence mentale et esthétique, son matérialisme et sa gloutonnerie, l’homme, non content de nous avoir infligé son « Grand Art », a cru devoir affubler ses villes sans paysage de constructions hideuses (dehors comme dedans) et de décors non moins môches, d’affiches, d’autoroutes, de bagnoles, de camions pleins de merde et tout particulièrement de sa nauséabonde personne.(...) L’homme qui est incapable de connaître un bonheur positif, seule justification à l’existence, peut atteindre tout au moins un état neutre de confort physique qui n’est pas appelé à durer car l’ennui, état négatif, fait rapidement son apparition. Il est donc condamné à une vie de souffrance, soulagée seulement par un assoupissement occasionnel et fugace qu’il ne pourra connaître qu’aux dépens d’une femme. L’homme est par nature une sangsue, un parasite affectif, et aucune raison éthique ne justifie de le laisser vivre et prospérer car personne n’a le droit de vivre aux dépens de quelqu’un d’autre. De même que la vie des humains prime celle des animaux pour la seule raison qu’ils sont plus évolués et doués d’une conscience supérieure, de même la vie des femmes doit primer celles des hommes. Cependant, cet épilogue moral pourrait bien être purement académique car l’homme travaille à sa propre destruction. (...) Pour ce qui est de reproduire le genre masculin, il ne s’ensuit pas, sous prétexte que les hommes, comme la maladie, ont toujours existé, qu’ils devraient continuer à exister. Quand le contrôle génétique sera possible et il le sera bientôt, il est évident que nous ne devrons produire que des êtres complets, sans défauts physiques ni déficiences générales telles que la masculinité. De même que la production délibérée d’aveugles serait parfaitement immorale, de même en serait-il pour la production délibérée d’êtres tarés sur le plan affectif.(...) Le cours naturel des événements, de l’évolution sociale, aboutira au contrôle total des femmes sur le monde. Il s’ensuit qu’elles cesseront de reproduire des hommes et pour finir elles cesseront de reproduire des femmes. Mais Scum est impatiente. Scum ne se laisse pas consoler par la perspective des générations futures. Scum veut s’éclater tout de suite. Et si une grande majorité des femmes étaient Scum, elles parviendraient en quelques semaines aux commandes du pays en refusant de travailler, c’est-à-dire en paralysant la nation entière. Elles pourraient y ajouter d’autres mesures, dont chacune serait suffisante pour boulverser l’économie et le reste, comme de rompre avec le système de l’argent, dévaliser les magasins au lieu d’acheter...(...) Les hommes irrationnels, les malades, ceux qui essaient de nier leur sous-humanité, en voyant les Scum arriver sur eux comme une lame de fond, hurleront de terreur et s’agripperont aux Gros Lolos tremblotants de Grosse Mamma, mais les Lolos ne les protégeront plus contre Scum et Grosse Mamma s’accrochera à Gros Père qui sera recroquevillé dans un coin et chiera dans son slip dynam. Les hommes rationnels, eux, ne se débattront pas, ils ne lanceront pas de ruades, ne provoqueront pas de brouhaha pénible, ils resteront sagement assis, détendus, ils profiteront du spectacle et se laisseront dériver jusqu’à leur destin fatal.
Voilà mantenant une partie de la postface de cet ouvrage écrite par Houellebecq qui s’intitule « L’humanité, second stade » pour la réédition de l’ouvrage aux éditions mille et une nuits (1998) :
En plein milieu des années soixante, au milieu d’un bordel idéologique sans précédent, et malgré quelques dérapages nazis, Valérie SOLANAS a donc eu, pratiquement seule de sa génération, le courage de maintenir une attitude progressiste et raisonnée, conforme aux plus nobles aspirations du projet occidental : établir un contrôle technologique absolu de l’homme sur la nature, y compris sur sa nature biologique, et son évolution. Cela dans le but à long terme de reconstruire une nouvelle nature sur des bases conformes à la loi morale, c’est-à-dire d’établir le règne universel de l’amour point final.
Cyclopède
ETONNANT, NON ?