Felix qui potuit rerum cognoscere causas... But not in Libé !


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Posted by Anarstrige du coulée on March 09, 2001 at 08:36:21 PM EST:

Le message numéro 5440 intitulé “Un peu de lecture, ça vous fera du bien” signale une dénonciation apparemment intéressante concernant l’ouvrage de Finkelstein, “L’industrie de l’Holocauste” mais le simple fait qu’elle soit paru dans Libération lui ôte malheureusement toute sa crédibilité critique dans son domaine. Quand dans cet article la bande à Hazan dit : << Le travail historique et plus généralement la réflexion sur l’histoire sont systématiquement suspendus au risque d’accusation de révisionnisme et négationnisme dès lors qu’ils viennent remettre en question, par la critique, des idées reçues, ou pire, le discours dominant.(...) Le résultat d’une telle manipulation consiste à faire de l’argument du “révisionnisme” un instrument de terrorisme intellectuel.>>. Il s’agirait quand même de leur rappeler que c’est dans Libération qu’a été censuré de manière ahurissante le courrier “Barbares à papa” du 28 mai 1987 signé Corsico dont voici le contenu :


LA NOUVELLE INQUISITION

Paris, 25 mai 1987
NOUS SAVONS tous qu’en Amérique, au temps des pionniers, il n’était pas de sacrifices auxquels d’obscurs << héros >> -civils et militaires- ne fussent prêts à consentir : c’est pourquoi plusieurs tribus de << Peaux-Rouges >> ont été impitoyablement massacrées. En voulant repousser les envahisseurs, les << sauvages >> avaient trouvé en face d’eux des civilisés ! Nous n’ignorons pas non plus comment les troupes anglaises des Indes supprimaient les Cipayes. Ils les fusillaient en masse, ils amoncelaient pêle-mêle les morts et les moribonds dans une fosse commune, puis par mesure d’hygiène, ils incendiaient le tout !
En Afrique noire, dresser les molosses à pourchasser, à trucider et à manger du nègre était trop souvent la conduite pusillanime, le passe temps favori de la racaille des quatre coins de l’Europe ; quant aux jean-foutre installés aux Philippines, violer les femmes indigènes et gratifier ensuite leurs maris avec de la gnôle additionnée de mort-aux-rats n’étaient à leurs yeux que de simple espiègleries ! Les expéditions françaises en Algérie et en Chine nous offrent de jolis tableaux. En voici deux à la suite.
En Algérie -au moment de la conquête-, un certain colonel Pélissier se distingua en faisant enfumer dans une grotte huit cents Arabes. En Chine, ce sont trois mille pékins qui, après avoir été rassemblés en troupeau à coup de crosse, furent frénétiquement mitraillés par l’armée anglo-française. Selon un des responsables du carnage, cinq soldat étaient auparavant tombés dans une embuscade... De telles << répartitions >> étaient alors rassurantes : elles avaient comme but de mieux << garder l’Asie de la barbarie >>.
Nous avons vu qu’aussi bien sous les climats les plus lointains qu’a l’intérieur de leurs propres frontières, les dirigeants des états expansionnistes ne se sont jamais embarrassés de scrupules quant à la survie physique de leurs opposants. Le projet fou de Hitler, et les nauséabondes turpitudes de ses partisans -responsables de la mort d’une partie de la population juive, et non juive, européenne- ne furent que le stade le plus avancé d’une implacable logique : la logique du capital !
La mise en avant des crimes nazis -comme actuellement ceux de Klaus Barbie- a pour première fonction de justifier la Seconde Guerre mondiale et plus généralement la défense de la démocratie contre le fascisme : la Seconde Guerre mondiale ne serait pas tant un conflit entre des nations ou des impérialismes qu’une lutte entre l’humanité d’une part et la barbarie de l’autre. Les dirigeants nazis étaient, nous dit-on, des monstres et des criminels qui s’étaient emparés du pouvoir. Ceux qui ont été pris après la défaite ont été jugés à Nuremberg par leurs vainqueurs. Il est essentiel à cette vision de montrer chez les nazis une volonté de massacre. Bien sûr, il y a des tueries dans toutes les guerres -voir en amont-, mais les nazis, eux, voulaient tuer. C’est la le pire et c’est d’abord ce qu’on leur reproche. Le moralisme aidant, on ne blâme pas tant pour avoir fait la guerre, car un état respectable peut s’y laisser aller, mais pour avoir été sadiques. Les bombardements intensifs et meurtriers de Hambourg, Tokyo, Dresde, les bombes A lancées sur Hiroshima et Nagasaki, tous ces carnages successifs sont justifiés par un mal nécessaire pour éviter d’autres massacres dont l’horreur viendrait de ce qu’ils auraient été, eux, systématiques. Entre les crimes de guerre nazis et les pratiques de leurs vainqueurs, il n’y aurait aucune comparaison possible. Laisser entendre le contraire serait déjà se faire le complice, conscient ou inconscient, de ces crimes et permettre qu’ils se reproduisent...
Bref ! la justification de 39-45, comme on le constate, n’est pas une petite affaire. Chez les civilisés, il faut donner un sens à cette tuerie inégalée qui a fait des dizaines de millions de victimes : car peut-on admettre qu’une telle hécatombe était nécessaire pour résorber la crise économique de 1929 et permettre au capitalisme de repartir d’un bon pied ?
Corsico

N.B : On peut trouver ce texte et quelques informations supplémentaires sur la censure en question dans le sympathique opuscule,“Guérilla épistolaire-Un anonyme de la fin du XX siècle” publié aux éditions L’insomniaque.

Et c’est quelques mois après la parution de cet opuscule -conforté dans mon opinion- que j’ai rédigé un petit texte sans prétention pour le compte d’un journal anarchiste décalé (Libertad -l’organe de la fédération anarchiste monégasque en exil-) sous le pseudonyme de Mad Marx. Les situs avertis trouveront sûrement ce texte un peu facile mais comme disait Lichtenberg “Ce n’est pas à votre esprit, si habile à tout déguiser, que je parle, mais à votre conscience”.


Une autre lecture du désastre


APRES le «dérèglement économique» américain de 1929, la crise atteint le monde entier. C'est l'effet boule de neige, seule l'URSS enfermée dans le mensonge révolutionnaire (autre forme de totalitarisme) sera provisoirement épargnée. Dans un tel contexte la misère ne sait plus à quels totalitaires se livrer. Très rapidement l'affrontement économique devient affrontement militaire. Le désastre peut commencer. Il fera près de 60 millions de morts. Pour rien ? Pas vraiment ! Les dégâts humains et matériels de la Seconde Guerre mondiale ont permis d'impulser une «dynamique de reconstruction» favorable pour un système à la déroute. Mais au-delà de ces nouveaux «débouchés» c'est bien un changement du mode de régulation de l'économie capitaliste qui s'installe progressivement dans l'ensemble des pays «développés». L'école de la régulation (courant de la pensée économique qui s'attache à expliquer, à travers l'étude de la croissance et des crises, la reproduction du système capitaliste), nous éclaire sur ce point.

«Le capitalisme a vu se succéder deux modes de régulation : la régulation concurrentielle par le marché et la flexibilité des prix, jusqu'à la crise de 1929, puis la régulation monopoliste. (...) Après la Seconde Guerre mondiale, dans les pays capitalistes développés, s'instaure le fordisme, régime d'accumulation intensive qui succède au régime d'accumulation extensive de la période précédente. Le fordisme est centré sur la consommation de masse». (Dictionnaire d'économie et de sciences sociales, Nathan, 1993)

Désormais, l'économie spectaculaire et marchande accélère son emprise partout dans le monde. Par conséquent les «falsificateurs» qui parlent d'accident de l'histoire nient les raisons économiques du carnage. Et c'est ainsi que les pyromanes deviennent des libérateurs... Par mis ces falsificateurs, il va sans dire qu'on retrouve les capitalistes eux-mêmes mais aussi toute la gauche spectaculaire. Autant dire qu'une autre lecture du désastre n'est pas près de voir le jour.

Mad Marx





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