Posted by Revue Cancer ! on March 05, 2001 at 03:19:17 PM EST:
Bourgeois, vous avez tout compris ! Déguisez-vous ! Le spectacle est une fête dont vous êtes les maîtres de cérémonie. Bourgeois vous êtes beaux, beaux et déchirés, défoncés. Jeunes bourgeois, bouquet de bourgeons pur jus. Roturiers se rêvant aristocrates, vous êtes bohèmes, vous êtes artistes, vous êtes anarchistes, VOUS ÊTES RÉVOLUTIONNAIRES ! Le temps des nuits, vous désertez les beaux quartiers, pour la guérilla-clubbing, où sur les tam-tams électroniques vos danses répliquent les combats des barricades. Cependant, parfois, avant l’aube une langueur vous surprend entre deux sodomies, vous évoquez le mal du siècle, l’ennui mortifère de l’oppression spectaculaire et ses cortèges désagrégés, ethnicides, banlieues, apathie contemporaine, répression policière, misère sexuelle... Puis dès potron-minet vous partez, esseulé débandé, tiède encore, absorbé par la brume, abruti par les vapeurs, vous espérez un taxi, vous sentez la sueur et pas seulement... J’ai tellement léché de culs que j’en ai mauvaise haleine, expliquait Beigbeder en 1996 (n°1 NRV), article où se dessinait les prémisses d’un futur apostat. - LOI : passées les turpitudes nocturnes, le jeune bourgeois qui s’ennuie devient invariablement révolutionnaire, entre-temps ses amis le prennent pour un écrivain -. Face au vide, il n’interroge pas le néant, il trompe l’ennui. Neurasthénie de l’apparatchic aplati au paradis paria des régressions infantiles, - ou le théorème du connard -, le dadais ado tardif pique sa crise, il craque, il s’engage, dans la lutte classe des classes ! Jet-set label rebelle, situ garantie, la caution des moutons, l’avant-garde des arrières-trains : Frédéric Beigbeder, le Crétin de Paris ! Le Bové des branchés, la diva du dancing, le Bakounine des bimbos ! Le paumé du petit matin, locus lombric livide, peut-il vraiment se départir de sa fécale effluence ? L’époque a le dandy qu’elle mérite : une endive. Un crétin colibrisant (De Roux). Insolence polie, intérieur cuir, le kakou des cancans contre les produits dérivés, de la réclame à la révolte, mais la révolte est réclame. Et les prédicateurs d’égalité peuvent continuer de se branler. Pour détourner le Concorde, il faut monter dans le Concorde, phrase régulièrement bavée dont il convient de s’ébaudir - a valeur d’aphorisme -, il s’agit d’un truisme et Beig’ ne craint pas les détournements dérisoires ! Il craint d’être mal aimé. Tautologue des totos tarabiscotés, béotiens ébaubis, Beigbeder ne crache pas dans la soupe, il est la soupe. Le potage a deux têtes, Frédéric et Charles, l’envers et l’endroit du moment, l’ex-yuppie néo-rebelle, 99F., le néo-yuppie post-rebelle, SELF-TRADE, le duo tendance ou le déclin lent de la bourgeoisie. (Penser à interviewer leur nurse). Liturgie des living-room, les falsificateurs ont le spleen, l’huppé pantin a le résidentiel morose. Vive la bourgeoisie progressiste!
Johann Cariou, pour Cancer ! (http://www.revuecancer.com)