Posted by Martien pas trop convaincu on February 27, 2001 at 05:05:06 PM EST:
In Reply to: Les pauvres n'ont pas de patrie posted by Eric K. on February 25, 2001 at 03:07:55 PM EST:
Ne jouons pas sur les mots. Les mécanismes que pourfend Finkelstein sautent aux yeux pour qui sait lire et raisonner à partir des éléments que l'actualité fournit même si elle est souvent tronquée et déformée par les médias. Un peu de jugeotte et de sens critique suffit. Pour l'essentiel, je crois que nous sommes d'accord sur ce personnage. Il va dans la bonne direction: tu penses qu'il est 100% OK, j'aurais plutôt tendance à son propos qu' à trop embrasser il étreint mal, ce qui diminue son efficacité potentielle.
En ce qui concerne ton attitude sur la pratique vis-à-vis de la Palestine ici dans le premier monde, nous sommes je crois bien d'accord: il faut clamer haut et fort la vérité des faits et démonter tous les mensonges qu'essaye avec un succès certain de nous fourguer la propagande sioniste et pro-israëlienne.
Quant à ce à quoi devraient viser les Palestiniens à savoir éviter d'échanger l'état de servitude où ils sont maintenus par Israël par une quelconque servitude locale, tout à fait d'accord mais la réalité est là: ou est l'alternative crédible à Arafat, Hamas & co? Je ne vois rien à l'horizon, aucun signe qu'il existe quelque part un groupe d'une envergure qui oeuvre à cet objectif. Il y en a peut-être un ou même plusieurs mais ils sont très bien cachés. Je dirais à la limite que cela m'est égal que c'est le problème des Palestiniens eux-même et que j'ai la conscience plutôt tranquille à leur égard dans la mesure ou à mon très modeste niveau je peux ébranler les bonnes consciences qui sans réfléchir gobent les thèses pro-israëliennes. (Encore que je ne partage pas tout à fait tes opinions sur le caractère auto-proclamé des dirigeants palestiniens). En dépit de divergences d'appréciation je crois que nous sommes d'accord sur l'attitude pratique à avoir et cela me paraît plus intéressant que d'interminables discussions sur le caractère plus ou moins bureaucratique de telle ou telle fraction palestinienne.
Ta référence explicite aux situs me paraît intéressante et je voudrais donner mon point de vue. Les situs, et Debord par après (pour moi jusqu'au Commentaire, ont sans doute su donner de leur époque et même des temps actuels les analyses les plus vraies et les plus profondes qui soient à quelques petites bourdes près. Ils en ont accompagné les mouvements au plus près mais on ne peut dire qu'ils les aient crées et encore moins qu'ils les dirigés ou même orchestrés sauf quelques petits épisodes très localisés dans l'espace et dans le temps en 68. Ils se sont retrouvés dans la situation du brillant professeur de mécanique qui n'est pas plus capable de diagnostiquer ce qui cloche dans le moteur de sa voiture que le quidam lambda. Et tout aussi malheureusement qu'il faut un mécano parfois un peu frustre et pas nécessairement au fait des subtilités de la mécanique pour règler un moteur pour qu'enfin il puisse se remettre effectivement en route et vérifie avec plus ou moins de perfection les lois de la mécanique, il faut que les mouvements sociaux soient concrètement animés par des gens qui sont très certainement moins rigoureux que les situs mais qui neanmoins font évoluer les choses. En fait, j'ai parfois l'impression que Debord n'a jamais vraiment réussi à trouver (ou peut-être meme voulu de peur qu'ils ne fassent dévier la belle mécanique qu'il avait mis sur papier ... paradoxalement ou pas tellement que ça ce sont les mécanos de ses ennemis qui ont récupèré ses épures pour leur plus grand profit) de mécanos pour faire fonctionner concrètement ses belles théories Il me semble à relire le Debord dans sa dernière période qu'il était conscient de ce problème mais qu'ayant décidé de s'auto-statufier en Vierge de Fatima (je connais le secret du monde mais je ne vous les révelerai pas) et conscient de son incapacité à agir concrètement, il en avait pris son parti et décidé de consacrer ses vieux jours à arrondir l'héritage de sa future veuve et fignoler son personnage de vieux sage retiré dans sa montagne. Comme le personnage ne manquait apparemment pas d'un certain sens de l'humour et d'une capacité certaine d'auto-dérision, il me semble que l'on peut voir trace de cette attitude dans Panégyrique et dans certains extraits de Cette mauvaise réputation.
Cette incapacité à agir sur le monde concrètement se retrouve parmi ses épigones qu'ils se soient auto-proclamés continuateurs du situationnisme (la bande des Nuisances), soit que reprenant le procédé de Debord vis-à-vis du lettrisme, ils le critiquent violemment et prétendent le dépasser (rude entreprise dont un bon représentantme paraît être le malheureux Jean-Pierre Voyer)soit encore qu'ils essayent d'infléchir un mouvement quelconque (comme par exemple Riesel dans le cadre du mouvement paysan). En définitive, lorsque je suis très désespèré, je me dis que les seuls qui ont poursuivi une activité "situationniste" concrète ce sont les branquignols regroupés autour de l'Entarteur qui à coup de crème Chantilly tentent tant bien que mal essayent de mettre à mal les maîtres du monde mais tu conviendras avec moi qu'on peut rêver plus grandiose comme conséquences pratiques pour les thèses de la Société du spectacle.