Posted by ben aziz on November 23, 2000 at 11:24:20 AM EST:
In Reply to: La fin de Hegel posted by Aristote on November 20, 2000 at 02:55:25 PM EST:
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: « L'intelligence qui est par elle-même est intelligence de ce qui est par soi le meilleur de tout ; et celle qui est au plus haut point par elle-même est au plus haut point intelligence de ce qui est par soi le meilleur de tout.
: La pensée se pense elle-même selon qu'elle reçoit l'intelligible ; car elle devient intelligible en touchant et en pensant ; en sorte que pensée et intelligible sont une seule et même chose, car ce qui reçoit l'intelligible et la substance est la pensée. Et elle est actualité lorsqu'elle possède ; si bien que cela [l'actualité] est plus divin que ce que la pensée possède, semble-t-il, de divin ; et la contemplation est ce qui est le plus agréable et le meilleur. Si Dieu, par conséquent, est toujours dans cet heureux état où nous sommes quelquefois, c'est là une chose admirable ; s'il est dans un état meilleur, c'est là une chose plus admirable encore ; or il se trouve dans un tel état.
: Et la vie est certes présente en lui ; car l'actualité de la pensée est vie ; Dieu est cette actualité ; cette actualité, qui est par elle-même la vie de Dieu, est la meilleure de toutes, et sans fin. Nous disons que Dieu est un vivant éternel, le meilleur de tous ; si bien qu'une vie et une éternité continues et sans fin sont inhérentes à Dieu, car c'est cela qu'est Dieu. »
: C'est par cette citation de la 'Métaphysique' d'Aristote que finit l'abrégé de l''Encyclopédie des sciences philosophiques', qui est la projection universaliste du système de Hegel, son projet théorique le plus complet. Ces trois paragraphes peuvent donc être considérés comme le fin mot de l'histoire de la pensée de Hegel.
: Cette surprenante démission du mot de la fin, rendu à Aristote (par laquelle Hegel s'ingénie à présenter la circularité de la pensée philosophique qui retourne donc ainsi à son commencement grec), contient d'une manière extraordinairement ramassée les deux points d'appui de la critique dont Hegel a été et est l'objet.
: D'une part y est affirmé clairement ce en quoi le monde est hégélien : « pensée et intelligible sont une seule et même chose ». Ce que nous différencions de nous, ce que nous considérons comme objet de notre pensée est également de la pensée. C'est en montrant que cette conception est revenue fortement enrichie de deux siècles de matérialisme fanatique, conserve toute son indécise validité et remet le monde à la portée d'une idée que l'exégète hégélianiste Voyer a remis Hegel à la portée d'une critique.
: D'autre part y est affirmé clairement en quoi cette pensée se résigne à démissionner dans l'autre, dans l'abstraction sans réalité possible : Dieu, qui est la forme d'infini substantiel (évidemment ancrée dans sa constante temporelle qu'est l'éternité) précédant le matérialisme avec le même fanatisme militant qu'il y avait dans le matérialisme.
: Il faut tout de même souligner ici que Hegel, objet d'une néo-admiration béate, a tenté de montrer que l'absolu et l'infini sont la manifestation de Dieu dans les choses : ce n'est pas parce que les choses seraient infinies ou absolues que Dieu existe, mais c'est parce que Dieu existe que les choses seraient infinies ou absolues. En ramenant l'infini comme a priori dans tout ce qui serait « substantiel », Hegel a débaptisé, désacralisé et détourné (au sens situationniste du terme) Dieu, pour le glorifier, le moderniser, l'étendre et le conserver.
: L'exégète hégélien de l'avant-dernier siècle, Marx, au nom de la non-réalité de Dieu, avait rejeté que pensée et intelligible sont une seule et même chose ; l'exégète hégélianiste du siècle précédent, Voyer, au nom de pensée et intelligible sont une seule et même chose, a rétabli l'infini de Dieu sous une autre forme que Dieu, et la résignation à cet infini.
: Il s'agit maintenant d'en finir, non seulement avec Aristote, mais avec Hegel.
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: (Texte de mars 2000.)
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Il suffit de lire les dernières pages de l'Abrégé pour se rendre compte que ces téléologues ont un grave problème de compréhension.
Hegel, l'athé,- lire les commentaires de Hegel sur le B'hagavad-Gita quelques pages avant la fin de ce livre - devient par le délire visuel des téléologues un vulgaire théologue,et Aristote qui avait enfin rendu à l'homme ce qui appartenait aux dieux: le penser, la spéculation réjouissante un métaphysicien au sens de Jean-Paul II.