Posted by on November 03, 2000 at 05:13:45 PM EST:
Je ne sais pas pourquoi (c'est donc une petite panzer extrapolation que je me permets là), mais je ne peux m'empêcher de penser que, s'il habite vraiment dans le 93, le docteur Chose doit effectivement se faire traiter de BOUFFON dès qu'il sort de son bunker-laboratoire (de bunker, abri, et labor, travail pénible) ; alors comme le kikidikiyé ça se pratique pas trop quand on est un petit Chose dans le 93, histoire de ne pas se faire marave sa petite gueule, on rentre vite vite à l'abri travailler, on allume son debordof et on se lâche. Le docteur Chose est un bouffon, oui, mais un bouffon de la théorie ; la théorie, c'est son truc, son stuc, son vernis ; il y travaille, autant qu'il travaille ses coups de panzer en carton, mais comme un acteur travaille son personnage ; l'essentiel du travail se fait donc devant le miroir, puisque de toutes façons il n'a pas de public. En effet qui, à l'époque du modedevitisme diffus, s'intéresserait encore à cette caricature du théoricien de cabinet, savant fou de bande dessinée, précieux bavard d'un autre âge, falot et lourd à la fois ? Peut-être a-t-il, jadis, pu bluffer ses camarades de récréation en alignant en phrases absconses des mots compliqués, comme je m'y suis moi-même amusé au même âge. Mais aujourd'hui ses numéros n'intéressent personne, à part peut-être un Terrien, c'est dire. S'il n'avait pas hurlé avec tant de hargne au milieu des roquets (la place de chef de meute restait à prendre), qui donc aurait prêté attention à son existence, si ennuyeusement coupée de toute réalité, à sa creuse mystique substanseuse ? Car pas même d'enculage ici : le petit Chose ne ferait pas de mal à une mouche.
N'empêche, la théorie telle qu'il la fantasme, blabla devant le miroir, c'est tout ce qu'il a, c'est son théâtre de Guignol. Malheureusement, en travers de cette route vers la gloriole il y a les téléologues, qui occupent le terrain de la théorie comme un terrain de bataille, quand lui n'est là que pour la reconnaissance ; et ils avancent sur les décombres de ce que lui rêvait fondations de son édifice prodigieux à venir (on allait voir ce qu'on allait voir) ; et ils avancent avec de vraies armes chargées de vraies munitions, là où lui n'a jamais su (bstansu) que bourrer des pétards mouillés dans un panzerpistolet à eau en criant « paouw paouw ». Voilà ce qui rendait déjà gravement malade le docteur Chose. Certes, tant que cette idée, la téléologie moderne, ne provoque qu'un scandale (dont, au vu du chœur et du lieu actuels, nous ne surestimons pas la portée, mais dont nous connaissons la signification), le docteur Chose peut toujours se retrouver sur le banc des scandalisés, dans la majorité de blocage, et les gesticulations verbeuses de son petit personnage absurde trouvent là un public, provisoirement au moins, conciliant.
Mais que quelqu'un, avec une apparence d'ouverture et de respect dans l'échange qui ne nous incite qu'à plus de prudence quant aux intentions véritables qu'elle pourrait cacher, hasarde comme une évidence, même pas d'ailleurs que tout a une fin, mais simplement que « ce monde a une fin », bref que quelqu'un fasse mine de se servir d'une idée téléologique sans s'exploser ostensiblement la gorge de rires jaunes forcés jusqu'au caca d'oie ou de « crevures menteurs salauds » et autres « deux pattes non » syncopés, et le docteur Chose éclate comme un vulgaire Kinder surprise.
Déjà, sans qu'il soit aisé de déterminer le sexe de la jobardise à laquelle on atteignait là, ses dernières manifestations dessinaient de ses fonctions nerveuses supérieures une courbe dramatiquement déclinante un véritable effondrement comme dirait le docteur Mandosio (eh oui, même les Nuisancieux, zélotes par excellence du debordisme honni, sont accueillis à bras ouverts quand ils apportent quelque eau foireuse à la moulinologie téléogogo). Après avoir aussi brièvement que lourdement feint d'ignorer « qui vous savez », en parlant du docteur Bounan par exemple, le docteur Chose (quel doktorclub, décidément) n'y tenant plus s'est remis à chier fort ses messages, avec cette fois une telle crispation de l'abdomen au sphincter que le résultat, du reste de moins en moins moulé, en était tout plein de bile mêlée de sang.
Déjà, ses pauvres illuminations de derrière les fagots, ses sentences clinquantes ne venaient que toujours plus éparsement démontrer le théorème qui change tout (rappelons-le pour mémoire, et puisque l'ingrat tautologue n'y revient plus : substansu = substansu ; le principe du monde c'est la substance universelle, c'est-à-dire le principe du monde en langage préhégélien, coquille vide, fossile mésozoïque de la métaphysique acritique). Déjà dans la livraison précédente la substansu n'était plus qu'un prétexte dégradé, déjà la haine contre nous s'étalait dans sa pureté clapotante, et le pontife hystérique vomissait sans plus se soucier de l'emballage d'un simili-fond ses immondices antitéléologues comme dans la Bible les faux prophètes vomissent des grenouilles, et ne faisait plus que vomir, et n'était plus là que pour vomir. De sa pose de génie authentique insulté par la médiocrité frauduleuse de quelques coquins, il est redescendu tout schuss au rang de son infortuné compère Aristote, chien de guerre sans queue, ni couilles, ni dents, mais jappant à s'en disjoncter la cervelle. C'était donc ça, le docteur Chose.
Mais le voilà qui s'étrangle dans son vomi à moins que, défaillance d'un appareil cérébro-digestif noué par l'effort et tout troué d'ulcères, ce ne soit sa merde qui lui monte au cerveau. Il délire. Il menace. Il implore. Il appelle à la rescousse. Il en perd tout semblant de cohérence. Il s'adresse à quelqu'un dont il finit par laisser entendre qu'il ne s'agirait que d'une marionnette. Il nous imagine à la téléocommande d'émanations grises, il élucubre sur des messages dont ceux qui n'ont pas perdu toute lucidité voient pourtant avec quelle circonspection nous les considérons.
Nous ne sommes plus seulement des falsificateurs, parce que nous avons parlé de la théorie de Voyer, puis de sa minable personne de faussaire, en des termes qui heurtent la sensibilité de ce disciple aussi arriviste que désarmé et aussi dévoué que désespérément ignoré (quand son Papy ne le traite pas de vulgaire panégyriste) nous sommes l'entourloupe, la manipulation, le mensonge incarnés, Satan, Méphistophélès... Mais je croyais qu'on était des rigolos ? Le docteur Chose ne sait plus. Il nous cauchemarde secte de Fu Manchu exterminateurs tantôt composée d'un Laurel nervi et d'un Hardy bureaucrate-théoricien, tantôt d'un kollectif de prédicateurs dont une staffel spéciale est affectée à l'Internet. Egaré dans la démence comme les poilus que gardait André Breton, il montre les plaies encore purulentes de la dernière bataille comme ses galons de général. Il voit des orgues de Staline, là où quelques malheureuses claques ont suffi pour lui comme elles suffisent à tous les bouffons. Il voit des Kommandantur.
Là, on ne rigole plus.
Le docteur Chose va mal. Il est dans un état critique critique, si j'ose dire.
Nous avions pourtant pris soin d'indiquer sur le flacon que l'insecticide téléo rendait fou. Enfin. Quoi qu'il advienne, morte ou vivante, bavant d'ultimes hurlements comme aujourd'hui ou définitivement hors service comme on le sent venir, cette petite chose ne méritera jamais de nous qu'un mépris effaré, que ne parvient même pas à teinter la haine exorbitée dont il nous honore.
Quant aux internautes anonymes, c'est avec la plus grande sérénité que nous les invitons à suivre le conseil suicidaire de cette âme perdue : qu'ils aillent voir par eux-mêmes comment les choses se sont passées. On en reparlera.