Posted by on June 16, 2000 at 11:12:46 AM EDT:
In Reply to: Re: Il y a longtemps que les bombes sont toutes républicaines ! posted by le poseur de Montreuil on June 16, 2000 at 04:19:57 AM EDT:
: : La véritable violence d'une bombe réside dans sa condition de possibilité même,
: : c'est à dire toutes ces causes qui ont fait qu'on a pu un jour l'envisager
: : comme solution. Et lorsqu'on focalise sur sa détonante et médiatique application,
: : on oublie toujours de penser aux abominations qui ont pu en être la cause, ces
: : dernières étant dédouanées et occultées par le consensus qui se dégage sur le
: : caractère abject et inadmissible de cet acte terroriste.
: : Les bombes visent toujours la scène médiatique pour atteindre le pouvoir qui la
: : dirige, l'hégémonie de ce pouvoir est donc quelque part responsable de
: : l'existence de sa propre contestation.
: : La République en France serait alors responsable des bombes qui s'expriment
: : principalement sur ses territoires annexés, la bombe serait alors un produit
: : étatique excrémentiel, tout comme celui qui orne les trottoirs de Paris et dont
: : la Mairie a assumé la charge et la responsabilité en finançant de coûteuses
: : "motocrottes" qui en arpentent sans cesse les rues.
: : A quand la motocrotte Chevènementielle ?
: La motocrotte est déjà à l'oeuvre en Bretagne et en Corse .
Jerry Yang, fondateur de Yahoo !, revient sur l'affaire de la mise en vente d'objets nazis :
«La justice française est très naïve»
Par ÉDOUARD LAUNET
Le vendredi 16 juin 2000
Le site d'enchère de Yahoo!
Sur son site, la Licra présente son point de vue: Yahoo et les cybernazis
Jerry Yang grincheux, riche et studieux
Jerry Yang, 31 ans, a fondé la société Yahoo ! en avril 1995 avec son compère David Filo. Sans atteindre celles de Bill Gates, sa fortune et sa réputation de «visionnaire» sont assez élevées. Né à Taiwan, élevé à San Jose (Californie), diplômé de Stanford, Yang est assez fidèle à l'image qu'on peut se faire du jeune entrepreneur de l'Internet, rayon pionniers.
Il occupe aujourd'hui la position de «chief Yahoo» dans sa société, titre fait maison qui recouvre grosso modo les fonctions de directeur de la stratégie. Yang pense et cause. Filo est, lui, plus versé dans les aspects techniques. Les deux fondateurs ont embauché Tim Koogle comme n° 1 de l'entreprise (chief executive officer).
Au sein de Yahoo !, Jerry Yang est connu sous le surnom de «Grumpy» (grincheux), ce qui laisse à penser que le garçon n'est pas toujours commode. «Si ni David ni moi n'avons voulu devenir n° 1 de l'entreprise, ce n'est pas parce que nous n'étions pas assez rentre-dedans, confiait récemment Yang au magazine Fortune. Nous sommes passés par des phases d'immaturité où nous disions aux gens de Yahoo ! que tout ce qu'ils faisaient était vraiment nul. Nous avons appris que ce n'était pas la meilleure manière de les motiver. Maintenant, on est plus enclins à suggérer des façons de mieux faire les choses et à demander ce qu'on peut faire pour aider.»
Yang a suffisamment de plomb dans la tête pour ne pas s'être laissé griser par l'ascension verticale du cours de Bourse de son entreprise. Selon ses proches, il serait plus soucieux d'être un bon «citoyen de l'Internet» que de tirer un profit maximum de son entreprise. Ce qui, en effet, ne le prédestinait guère au poste de patron.
Le 22 mai, le tribunal de grande instance de Paris a condamné la société américaine Yahoo Inc., au motif que son serveur américain laisse les internautes français accéder, depuis le territoire national, à un service d'enchères proposant des objets tels que drapeaux ou uniformes nazis (Libération du 23 et du 24 mai). «L'exposition en vue de leur vente d'objets nazis constitue une contravention à la loi française mais plus encore une offense la mémoire collective du pays», a estimé le juge des référés. En conséquence, ce dernier a demandé à Yahoo Inc. de détailler au tribunal, d'ici le 24 juillet, les mesures techniques qu'elle comptait mettre en œuvre pour «favoriser un règlement du litige».
Yahoo.com n'est pas le seul site américain à proposer de telles enchères. Mais les plaignants - la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) et l'Union des étudiants juifs de France - avaient choisi de s'en prendre à un nom emblématique de l'Internet, et qui plus est possédant une filiale en France (laquelle bannit de son site d'enchères tout objet commémoratif du IIIe Reich). La décision du juge, sans précédent, a suscité une certaine stupeur. Yahoo, qui défend des intérêts commerciaux dans de nombreux pays, a d'abord choisi de se montrer conciliant. Mais aujourd'hui, Jerry Yang, cofondateur de Yahoo!, fixe la ligne rouge: d'accord pour respecter les lois en vigueur sur les sites exploités par ses filiales, pas d'accord pour intervenir sur le site yahoo.com, hébergé et exploité aux Etats-Unis. Sauf à être mis en demeure par un tribunal américain.
erry Yang, cofondateur de Yahoo! avec David Filo, est cette semaine de passage à Paris pour une conférence internationale sur la nouvelle économie. Dans les locaux flambants neufs de la filiale française, à deux pas du marché des Ternes, il a accepté de livrer pour Libération ses réflexions sur l'affaire qui oppose Yahoo Inc. à la justice française.
Allez-vous vous plier aux demandes de la justice française? Ce tribunal français veut imposer un jugement dans une juridiction sur laquelle elle n'a aucun contrôle. Il me semble difficile pour la justice française de demander à une société américaine de faire ceci ou cela. Il sera très intéressant de voir comment cette affaire va tourner. Nous demander de filtrer l'accès à nos contenus en fonction de la nationalité des internautes est très naïf. La cour ne prend pas en compte la technologie et la nature même de l'Internet. Elle semble ignorer totalement la façon dont fonctionne un site comme le nôtre. On nous a déjà demandé beaucoup de choses, mais là, la démarche française est sans aucun précédent.
Aucun cas similaire ne s'est jamais présenté? Nous sommes présents dans 23 pays. Partout, nous respectons les lois locales. Même en Chine ou à Singapour, où les gouvernements imposent des restrictions sur les contenus, nous réussissons très bien à travailler avec les autorités. Sur le sol chinois, nous respectons la censure, y compris en matière politique. En France, sur Yahoo. fr, nous nous assurons en permanence que tout ce que nous faisons est légal dans cette juridiction. Mais nous demander d'intervenir sur nos serveurs américains, cela, non, on ne l'avait jamais vu. Les Français sont uniques (rires). Qu'allez-vous faire? Sauf à ce qu'on nous oppose une injonction d'une cour américaine, il n'y pas grand-chose que nous puissions faire. Nous n'allons pas changer le contenu de nos sites aux Etats-Unis juste parce que quelqu'un en France nous le demande. Imaginez-vous un Américain débarquant chez vous et disant: «Les sites français ne peuvent pas dire telle ou telle chose»? Permettre ou pas l'accès à un contenu est une autre histoire. Si le gouvernement veut que les internautes ne puissent voir aucun de nos contenus, alors il devra bloquer tous les accès, et pas seulement à notre site.
Donc, vous n'allez pas tenter de filtrer les accès français à yahoo.com? Non, pas en l'état actuel des choses. Nous avons beaucoup de respect pour les souverainetés nationales. Et nous avons aussi beaucoup de respect pour l'Internet lui-même. Nous ne le contrôlons pas, nous n'avons pas de droits sur lui et sur les gens qui l'utilisent. Le réseau pose des problèmes techniques et réglementaires extrêmement complexes. Nous devons donc être prudents: c'est une des responsabilités de Yahoo, vu sa position. J'aimerais que les gens le comprennent bien: nous ne pouvons pas donner raison à un groupe d'utilisateurs contre un autre.
La culture de l'Internet, profondément marquée par les valeurs américaines, est en train de changer. L'Europe et l'Asie acquièrent un poids de plus en plus important sur le réseau, et souhaitent que leurs propres valeurs soient respectées. Comment une société comme Yahoo tient-elle compte de cette évolution? Chacun a ses règles, c'est normal. Mais vous passez à côté d'un point essentiel. Nous ne nous voyons pas comme une société américaine, mais comme une compagnie globale qui s'adapte aux règles des pays où elle est présente. L'Internet est plus grand que les Etats-Unis. Nous ne pensons pas que les valeurs américaines doivent s'appliquer partout.Si vous pensez qu'hier l'Internet était américain et que demain il sera différent, vous vous trompez.Il se trouve que le business et le style américain ont été dominants jusqu'à présent. Mais pas les valeurs américaines. Je ne suis pas l'avocat d'un quelconque «américanisme». Il y a chez nous du bon et du mauvais. Chaque culture doit pouvoir se défendre. Mais vous ne pouvez pas imposer vos propres valeurs au reste du monde. Si l'on parle d'impérialisme américain, alors ne doit-on pas parler d'impérialisme français dans l'affaire Licra?
Défendriez-vous le «freedom of speech» à l'américaine comme une des valeurs universelles de l'Internet? Non. Pourquoi l'imposer à ceux qui n'en veulent pas? Les Chinois ne le pratiquent pas. On aimerait bien, mas c'est comme ça. Vous, Français, vous croyez à la censure. Parfait, cela ne me pose pas de problème. Ni à moi, ni aux autres entreprises de l'Internet.
Certains proposent de doter les internautes de «passeports électroniques» (1), qui permettraient de mettre en œuvre un filtrage sélectif dans l'accès aux sites web. Et ainsi de surfer dans le respect des législations nationales. Conceptuellement, les certificats numériques font sens, même s'il ne sera pas aisé de définir un standard. Il n'est pas idiot d'essayer de mieux identifier les internautes, en particulier pour sécuriser le commerce électronique. Mais se servir de certificats électroniques pour filtrer l'accès à certains contenus pose des questions d'un autre ordre. Par exemple, un
Américain pourra-t-il consulter un site basé en Chine sans être soumis aux restrictions imposées aux internautes chinois? Pourra-t-il bénéficier de droits supérieurs? Et comment gérer cela? C'est clairement un problème politique. Du même ordre que la délivrance des visas. Ce n'est pas l'affaire des entreprises privées. Si les gouvernements décidaient de délivrer des passeports électroniques, nous respecterions leur décision. Mais si cela revient à ériger des murs entre les pays sur l'Internet, je ne pense pas qu'un tel système contribuera à développer le dialogue international. A Singapour, le gouvernement contrôle, via les fournisseurs d'accès, tout ce qui sort du pays. Ils peuvent bloquer certaines adresses, certains contenus. La technologie est puissante, mais il faut prendre garde à ce qu'elle ne crée pas plus de problèmes qu'elle n'en résout.
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