Posted by Durutti on May 29, 2000 at 08:13:25 AM EDT:
In Reply to: Obertopp in Hamburg posted by observatoire de téléologie on May 28, 2000 at 11:50:26 AM EDT:
Les téléologues sont des tricheurs, ils n'assument pas tous les messages qu'ils postent.
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: En règle générale, l'ersatz est une marchandise qui est donnée pour une autre, mais dont il est reconnu qu'elle a moins de qualités ; mais c'est aussi un outil de paupérisation et de résignation. Avec l'ersatz on se contente de peu et le dispensateur de cette misère a deux façons de la présenter : soit il dit « les mauvais jours finiront », tenez bon, soit il soutient que l'ersatz a ses propres qualités cachées, sous-estimées, qui méritent en elles-mêmes le détour, comme par exemple le mauvais jeu de mot qui serait plus drôle que le bon - ersatz deviendrait Herr Satz.
: Les textes signés Obertopp, qui prennent pied en parlant des téléologues, non sans assurer qu'il n'y aura aucune argumentation avec les téléologues - l'issue, en effet, ne semble pas douteuse tant ces pages pleines de contradictions sont brouillonnes et mal assurées -, entrent dans cette catégorie d'ersatz dont le principal intérêt est évidemment de savoir ce qu'une telle démarche représente, dans notre monde déjà suffisamment misérable comme ça. Voilà quelqu'un qui ne s'exprime pas pour dire quelque chose de nouveau, mais uniquement pour réaffirmer des leçons passées : le spectacle y est un pôle absolu, pas même une pensée cependant (si ce n'est pas une pensée, c'est quoi ?). Heureusement, la pensée historique, dont malheureusement Obertopp ne fournit pas d'échantillon, s'y oppose tout aussi absolument. L'échange est l'activité principale des humains. Et il faut vivre en ennemi de ce monde, de préférence partout et tout le temps. C'est là un digest, assez cru, des thèmes dominants de la théorie postsitue aux alentours de 1975-1976.
: Ce qui s'est dit depuis est recette et idéologie dans le but de se trouver un créneau au sein de l'idéologie dominante, tente d'égarer l'intérêt des vraies valeurs de 1975-1976, qu'il est si nécessaire aujourd'hui de rappeler. C'est là une vieille dispute que nous ne sommes pas les premiers à rencontrer et que nous ne rencontrons pas pour la première fois. Il s'agit de savoir si un mouvement battu peut considérer que la défaite ne provient pas seulement de sa faiblesse dans les moyens engagés, mais aussi dans les termes mêmes du débat qu'il a soutenu. Les communistes nous disaient que le monde n'a pas changé depuis les défaites de la Commune de Paris et de 1917, que tant que l'exploitation de l'homme par l'homme est donc triomphante le monde reste imperturbablement divisé entre bourgeoisie et prolétariat, et qu'il faut rejouer la partie mais en préparant un rapport de forces différent ; pour ces vaincus-là, l'utilisation de concepts comme le spectacle, la communication ou la téléologie ne sont que des frivolités petites-bourgeoises qui font le jeu objectif de la grande bourgeoisie. A quoi nous répondons que c'est parce que les paradigmes de cette dispute étaient faux qu'elle a été perdue, que nous tirons les nôtres des disputes qui ont eu lieu depuis, que vous n'avez pas vues ou pas comprises pour ce qu'elles avaient de fondamentalement nouveau, parce que, justement, vous les mesuriez à l'aune de vos valeurs de vaincus d'un autre temps. Vous êtes vaincus, mais vous ne pensez pas avoir été vaincus en pensée, parce que si vous étiez vaincus en pensée, cela voudrait dire que vous vous êtes trompés sur tout.
: La téléologie moderne n'est pas née d'une victoire, mais des étincelles de la bataille ; et elle n'a pas encore été engagée dans la bataille suivante ; mais elle ouvre des perspectives. C'est bien même déjà ces perspectives que combattent tous les conservateurs racornis des mouvements de révolte passés. Comme les gauchistes et marxistes orthodoxes reprochaient aux situationnistes de n'être pas ce qu'ils sont eux, les Obertopp d'aujourd'hui reprochent aux téléologues de ne s'être pas arrêtés il y a vingt-cinq ans. Il semble bien que chaque mouvement de révolte dans le monde produit, dans les rangs de ses vaincus, un conservatisme nouveau, dont la fonction principale est de nier toute nouveauté possible dans la pensée, qu'elle soit pratique ou théorique. Si cette forme de vieillesse paraît d'abord seulement aussi ridicule que ces individus qui enterrent leur jeunesse mais en restant fidèles aux modes vestimentaires et musicales de leur dix-huit ans, ce siècle a montré aussi comment ces fossiles du mouvement précédent sont les premiers ennemis, encore difficiles à déceler, du mouvement suivant : les sociaux-démocrates étaient majoritaires dans toutes les fédérations de conseils entre 1917 et 1923 ; les gauchisants fedayines, mojahedines et sandinistes ont été les premiers remparts du vieux monde en 1978-1982. Nous voyons aujourd'hui ceux qui trouvent exemplaires la vie de Debord ou la théorie de Voyer reconstruire ce même rempart. Il va bien à une Obertopp de dire que les falsifications de celui des deux qui a été falsifié par l'autre n'ont aucune importance.
: Les téléologues sont assez bien placés pour observer comment une idée nouvelle révèle l'indignation de ces conservateurs qui croient être le parti le plus radical. Ils ne savent pas d'où vient le constat que tout a une fin, mais si c'est vrai, ce qu'ils sont bien entendu incapables de réfuter, toute leur Weltanschauung est à réorganiser en fonction de ce but. C'est évidemment une violente mise en cause de toute conception du monde constituée et le propre du conservateur, du vieux, est de vouloir maintenir l'excellence d'une cohérence antérieure. Il y a deux façons de se comporter dans ce cas. La première est de tenter d'absorber cette nouveauté et de lui assigner une petite place dans le système antérieur ; c'est ce qu'on appelle la récupération, et c'est ce que les téléologues ont pour l'instant prévenu en pointant sur le caractère tranchant et sur les conséquences fondamentales de la question, qui nécessite, dans un sens comme dans l'autre, un engagement. La seconde est de s'y opposer, en ennemi. Là, selon le degré d'honnêteté, les formes varient : il y a ceux qui essaient de contredire, souvent en croyant que c'est facile, et qui se taisent quand ils n'y parviennent pas, car pas un de ceux qui s'y étaient risqués n'a encore reconnu sa déroute ; il y a ensuite, quand l'impuissance tente de passer pour du mépris, ceux qui taisent la question d'entrée, comme Debord avait tu la question de Voyer sur l'économie ou comme l'information tait certaines révoltes difficiles à aborder ; il y a tous ceux qui pensent avoir l'air idiot en ne critiquant pas, mais qui, incapables de critiquer, affirment d'abord que la téléologie moderne est une incroyable bêtise, supercherie, infirmité, comme si derrière tout a une fin, il ne pouvait y avoir une pensée construite et un vécu qui leur ont totalement échappé, comme tant d'autres évidences ; et il y a enfin tous ceux, plus bas encore sur l'échelle, qui mentent, diffament, trépignent de rage impuissante et de calomnies insensées, de AristOT à OberTopp. Un bref aperçu de cette hostilité délirante depuis les seuls deux derniers mois : les téléologues seraient menteurs (personne n'a dit en quoi), de mauvaise foi (personne n'a dit en quoi), mystificateurs (tout a une fin ou non ?), cons, idéologues, militants, flics, étudiants, bureaucrates, eunuques, kapos et constitueraient une secte (ce qui est évidemment repris par d'autres suspects en la matière, parce qu'ils signent collectivement, j'ai nommé les voitures cucul, et ce qu'un 3615 Erika est obligé de répéter quinze fois pour au moins s'en convaincre soi-même) ; il y a même un taré qui pense avoir reconnu deux ex-membres de la Bibliothèque des Emeutes faire une belle carrière dans les médias ! Il s'agit sans doute du Jean-Pierre Voyer de Trédaniel et du fils Mesrine parce qu'il fait abracadabra seulement !
: A l'analyse nous constatons cependant que l'idée, si elle en est l'ultima ratio, n'est pas la seule cause d'une animosité aussi canine. Il y a en effet deux vices de forme : le premier, c'est que nous n'avons pas procédé, en théorie, comme tous les petits me-too pensent qu'on doit le faire. Ils relisent, reluisent, relosent leurs classiques jusqu'à ce qu'ils croient trouver une fissure par laquelle ils peuvent introduire leur immense pensée. Comme le disait Debord des situationnistes, ce n'est pas dans les livres que les téléologues ont appris à penser. Par contre, nous avons confronté ce que nous avons pensé à ce qui était dans les livres. Entre ce que nous avons lu et ce que nous avons appris, il y a contradiction. Et nous ne donnons pas raison à ce que nous avons lu. C'est vrai, nous avons assez peu de respect pour ce qui a été écrit avant nous, et ceux qui nous comprennent si mal comprennent surtout si mal pourquoi.
: D'autre part, nous avons exigé une certaine probité. Non que nous soyons des puritains, comme nous l'avons également entendu au chapitre des diffamations, mais nous pensons avoir peu de temps à perdre avec les petites tricheries ou coquetteries formelles. Notre exigence est relative à l'ambition de notre projet, c'est-à-dire qu'il nécessite davantage de rigueur que ce monde éternel et sans projet n'en permet. Nos règles du jeu sont simples et claires et comme nous ne connaissons encore rien des moyens de parvenir à notre fin, ces règles simples et claires sont, contrairement à la morale dominante, éphémères et discutables. Mais discuter les règles n'est intéressant que pour ceux qui savent à quoi elles servent, c'est-à-dire à préparer un débat de fond beaucoup plus intéressant. Les escrocs qui sont légion parmi les roquets passent leur temps à tricher avec les règles de fonctionnement parce qu'ils n'ont pas de fond, et se croient même subversifs ou drôles en restant ainsi scotchés au détail, voyez l'impuissant Aristote ou ce Marcel Weber qui lui ressemble tant. Jusqu'ici, nous avons par conséquent fâché beaucoup de tricheurs en soulignant que ce qu'ils croient innocente plaisanterie ne l'est que dans le monde pacifié d'un ennemi victorieux et les rend inaptes à participer au débat de fond auquel nous appelons.
: Obertopp, pour revenir à ce vieux chewing-gum, cumule un certain nombre d'insuffisances manifestes qui font que les médiocres finissent dans le conservatisme. Elle n'a évidemment pas lu, ou pas compris, ce que nous avons communiqué, et elle nous diffame selon des ouï-dire. Visiblement, que le spectacle ne serait qu'une allégorie, mais absolument rien de réel dans le monde, est passé très au-dessus du trou dans l'herbe très en dessous du ras des pâquerettes d'où cette brillante penseuse observe qu'on ne peut pas faire de théorie depuis un lieu d'où on observe, et qu'on appelle généralement un observatoire. Que l'histoire est précisément la catégorie qui unit l'émeute moderne à la question de la fin, et que cette synthèse est précisément le contenu de l'histoire dans les vingt-cinq dernières années, que les téléologues n'ont pratiquement pas parlé d'autre chose que ce qu'on peut appeler une pensée historique, n'a pas non plus traversé cette épaisse cervelle pour qui, apparemment, l'histoire s'arrête en 1975, quand Debord prend sa retraite. Que nous prenions la pensée de Debord ou de Voyer pour l'aboutissement de la pensée humaine tout entière, ce fantasme dont cette Obertopp est visiblement mal délivrée, est évidemment démenti par notre propre pensée rendue publique, et que nous n'ayons jamais que critiqué la linéarité de la pensée est évidemment facilement vérifiable. Ce que nous avons dit de la vie de Debord, et de l'exemplarité de la vie (être ennemi de ce monde à tout moment, etc.), si contraire au dogme postsitu, il vaut mieux qu'une Obertopp l'ignore plutôt que le comprenne : ce n'est plus de son temps. Que nous ayons critiqué Voyer de fond en comble ne veut pas dire en bloc, comme l'interprète cette théoricienne de l'évaluation des théories, que nous n'ayons jamais critiqué ni en bloc ni de fond en comble Debord, car pour quoi faire ?, que la fin n'est pas dans le commencement (c'est plutôt l'inverse), sauf au sens figuré, que la dialectique est une méthode discutable que ne pratiquaient nullement l'IS ou Voyer, que la pensée contre le spectacle n'est ni infinie ni infiniment changeante, n'est qu'un florilège au hasard de réfutations des grossièretés avancées tranquillement par cette pédante bovine. Enfin, il faut ici renverser l'usage immodéré de la vieille tarte à la crème de Marx avec l'histoire qui se répète en farce, et qui est un des bons mots favoris du petit peuple postsitu quand il se veut spirituel et cultivé. Avec Obertopp, c'est la farce du plouc comique malgré lui, cet autre fossile de 1975, Bueno (qui traite de kapos ceux qui baffent ce menteur calomniateur, comme quelque stalinien baffé par des situationnistes les avait traités de nazis), qu'elle répète en sérieux : militants, idéologues, néo-étudiants (va savoir ce que c'est à Tübingen). Et en effet, ce qu'Obertopp partage le mieux avec les gauchistes dont elle ne se différencie que par le jargon et un quart de siècle, c'est l'ennui. En cela il faut reconnaître une certaine régression : le moindre roquet qui nous aboie son impuissance depuis de longs mois maintenant tente toujours au moins d'échapper à ce signe si distinctif de la défaite complète d'une vie.
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: Attention, les falsifications continuent : toutes les interventions de l'observatoire de téléologie sur le debord of directors sont répertoriées sur : teleologie.org/interventions.html.