Posted by on April 07, 2000 at 04:30:56 AM EDT:
In Reply to: Rectification posted by on April 05, 2000 at 07:11:26 PM EDT:
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: Café, calva, téléphone :
: - Hôtel du Centre, bonjour.
: - Bonjour, monsieur Bueno SVP.
: - Un instant.
: ...
: - Ouiii ?
: - Bueno ?
: - Ouiii ?
: - C'est Nikolai.
: - Hein ?
: - C'est Nikolai.
: - Ah, Nikolai... Ça va ?
: - Je suis en bas, je t'attends.
: - Comment ?
: - Je suis en bas et je t'attends.
: - Ah... Bon ben... je descends.
: J'attends sur le trottoir d'en face, à côté d'un porche opportun.
: Il sort de l'hôtel, regarde, sans me voir d'abord, puis m'aperçoit ; je lui fais signe de la tête.
: Il vient. Je ne bouge pas. Son air peu rassuré, mais vaguement avenant quand même, comme s'il ne s'attendait à rien, me désarçonne quelque peu. Je reste flegmatique.
: - Alors, bouffon ?
: Petit rire nerveux. J'aperçois sur sa joue droite une plaie boursouflée fraîchement suturée. Merde me dis-je, faudra quand même rester loyal.
: - T'as déjà une cicatrice je vois.
: - Oui mais celle-là elle est récente...
: - ... Ça va, tout se passe bien, t'es venu faire un petit tour à Paris voir tes copains ?
: - Non non, je suis en vacances, et puis des amis j'en ai plus ici, ils sont morts.
: Il semble vraiment croire que je suis là pour faire la conversation :
: - On va prendre un café ?
: - Un café, tu veux qu'on aille prendre un café ? (Je suis de plus en plus sidéré.)
: - Ben oui.
: Je l'invite plutôt à venir sous le porche pour avoir notre petite discussion à l'abri des regards. Non, il veut rester dans la rue (tu m'étonnes).
: - T'es bien tel que je t'imaginais : mou du bide et faux cul.
: Petit rire nerveux.
: - Tu fais moins le malin quand t'es plus planqué derrière ton écran, hein dindon ?
: Petit rire nerveux.
: - J'écris mieux que je parle.
: - Ouf ! Vaux mieux que tu parles pas alors.
: Quelques secondes de silence, les yeux dans les yeux.
: Première mandale. Ses lunettes volent. Il prend un air effaré, cligne des yeux. Se tortille en faisant vaguement mine de riposter. Je relève la main, il recule encore. Il cherche ses lunettes des yeux.
: - Ramasse-les tes lunettes.
: Il bafouille et me fait signe de ne pas le taper pendant qu'il les ramasse.
: - Ramasse tes lunettes, elles sont là. Pose-les là (sur un carton), y a pas de problème.
: Il les replie et les garde dans la main. Il a l'air tellement piteux, intérieurement je suis sur le cul. Je continue de l'insulter.
: Puis deuxième beigne, raisonnable et toujours sur la joue gauche, mais la cicatrice s'ouvre et le sang gicle.
: Il flippe de plus en plus. Tente encore un improbable coup de pied.
: - ... Tu nous fais chier depuis des mois, espèce de grosse merde !
: - C'est comme ça que tu règles tes questions ?
: - Mais les questions elles sont déjà « réglées » !
: Un grand lascar sort d'une boutique en face et essaie de nous séparer :
: - Allez, ça suffit. C'est quoi le problème ?
: - On a un différend à régler. (A Bueno) Casse-toi, retourne dans ton hôtel, retourne voir tes gosses, pauvre merde, dégonflé.
: - C'est toi qui vient me voir et...
: - Ben oui tu vois, j'étais venu pour te casser la gueule, mais tu me fais tellement pitié... Allez, casse-toi va !
: Malgré l'interposition, j'arrive à faire passer un grand coup de latte dans le gros cul mou du dindon, qui reste planqué derrière l'autre.
: Petit rire vraiment très nerveux de Bueno.
: Le grand mec me pousse calmement :
: - Arrête, il est plus âgé que toi.
: - Attends, tu sais pas qui c'est ce mec, c'est un dur, il a fait toutes les guerres ! Il t'a pas envoyé son cv, à toi ?
: Puis arrive un autre tiers, en petit costard genre vrp de start-up.
: - Monsieur, si vous avez un problème avec lui, vous allez porter plainte au commissariat.
: - Je règle pas mes problèmes avec les flics.
: Le gars sort sa carte : c'est un flic. Bingo. Il me demande mes papiers, je les lui montre. Bueno, tout de même un peu gêné, je l'admets, de se faire défendre par la rousse, prend le flic par le bras et lui bredouille que c'est pas grave, que c'est entre nous, de laisser tomber. Arrive, comme par hasard, une voiture de la sécurité civile, dont sortent trois sous-flics : « Un problème ? » Ils aperçoivent le T-shirt tâché de sang ; on leur explique que la plaie était déjà là.
: Le dindon, ainsi séparé de moi par tout ce beau monde, risque un « Pfff ! téléologue... ».
: Le flic me rend les faffiots (« et vous me parlez pas comme ça ! ») et m'enjoint de dégager.
: - On se reverra bouffon !
: - Connard !
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: Nous avions décidé de ne pas rendre public ce qui précède : il y a des choses qui se disent et des choses qui se font. De même qu'il nous paraît ridicule de proférer des menaces, nous n'avons ni l'envie ni les moyens de répondre à toutes les petits provocs (puisque la publication d'une adresse nous a semblé en être une). D'autre part, il n'y a pas de quoi être fier d'une escarmouche que l'immonde pleutrerie de ce grand « cojonel » a entachée tout entière.
: Mais Tomás Rosa Bueno, une fois revenu chez lui, a jugé bon de donner sur ce site sa version, naturellement tordue, des faits - au risque de laisser lire entre les lignes son déshonneur : cette grande gueule fameuse, ce roquet si pugnace dans l'aboiement, cet ancien combattant qui réclame à tout va que l'on fasse, comme lui croit l'avoir fait, preuve de son « efficacité dans le monde », cette grosse vantarde qui ne jure que par la droiture révolutionnaire de sa vie, s'est bel et bien comporté comme le dernier des capons. Les téléologues « ne méritent que des insultes », mais via modem seulement ; parce que, ad hominem, ça compte plus, pouce, on va prendre un café.
: Avec une impudence encore enflée par la rancœur, il retourne la chose en laissant entendre que je l'aurais plus ou moins balancé aux flics, derrière lesquels il a, lui, nolens volens trouvé un refuge opportun. Mais surtout, il voudrait voir là une confirmation de ses calomnies : si l'un des téléologues, censés n'être qu'une secte de verbeux planqués, se déplace en personne pour demander des comptes à quelque crapule qui n'a cessé de l'insulter et de le diffamer, et de bon matin par-dessus le marché, c'est forcément un militant, un moullah, un kapo ; et de là à Hitler, en passant par le crâne rasé, il n'y a qu'un hyperlien. Voilà toute son orthodoxie prositue.
: Quant à ses menaces aussi risibles que tardives, qu'il sache que de toutes façons tout le mal qu'il peut faire, il l'a fait : le spectacle indécent de sa bassesse m'a frappé bien plus que n'importe quel bourre-pif qu'il aurait pu me rendre, et me laisse encore nauséeux pour peu que j'y repense ; car ce que j'ai vu ce matin-là, j'aurais préféré ne jamais le voir d'aussi près — c'est le visage de la honte.