Posted by observatoire de téléologie on March 26, 2000 at 01:14:01 PM EST:
Nous avons reçu de Genève le texte qui suit :
L'INSOUMIS
A MORT LES BOURGEOIS!
Ah! mes amis, mes frères, si vous aviez vu cette fête! Oui, l'émeute est une fête.
Les intellos s'efforceront de comprendre la violence, ils donneront des réponses à ceux qui ne comprendront jamais rien. Les intellos ne s'arrêteront jamais de parler, il leur faut combler leur mortel ennui. Ils ne savent pas ce qu'ils perdent: la vie. Je le dis: la violence est naturelle pour ceux qui veulent rendre les coups. Les intellos ont sûrement l'impression de ne pas en recevoir: ils sont peut-être au-dessus de tout cela? Que neni, ils ont la conscience secrète de leurs humiliations. Alors, les intellos je vous le dis: on ne sert pas le genre humain qu'avec des mots. Je vous le dis: jetez des caillous, vous vous sentirez légers. C'est comme faire caca: on se sent mieux. La violence est purificatrice, elle purge notre compromission. La violence est révolutionnaire parce qu'illégale. La violence est nécessaire, car elle s'adresse à la violence. Ceux qui craignent la violence ont peur de perdre leurs repères. La violence s'oppose au pacifisme, mais elle n'est pas pour autant antidémocratique. La violence institutionnelle est-elle pacifique? Est-elle démocratique? La bourgeoisie soutient le pacifisme, car elle craint la violence. Elle fera dire à ceux qu'elle tient: "la violence nuit à la cause". C'est faux: la violence est le moyen de la cause. Quel résultat à donné le pacifisme? La bourgeoisie financera des documentaires sur Martin Luther King, sur Gandhi, c'est-à-dire sur deux échecs maquillés en victoire de la raison et du bon sens. Que le pacifisme, et son corrolaire le parlementarisme réformiste, mettent fin à l'iniquité fondamentale, nous l'attendons depuis la révolution française. Nous pouvons l'attendre encore longtemps! Mais nos vies sont courtes. Le néant nous attend. Alors, assez de faux semblant! C'est maintenant ou jamais. Armons-nous mes frères!
Si vous aviez pu voir cet affront, cet outrage, dans la fameuse ville internationale. Ce fut historique, et ce n'était qu'une répétition. Protégez-vous bourgeois, le pire vous attend! Construisez des forteresses, car lorsque le peuple insurgé vous prendra pour cible, vous ne serez en sécurité nulle part. Le peuple doit vous abattre, messieurs les bourgeois, car vous êtes l'obstacle à sa libération. Il vengera aussi ceux qui furent tués dans leur vie pour votre bon plaisir. Voyez-vous, le peuple peut sommeiller pendant des lustres, mais lorsqu'il se réveille, rien ne peut l'arrêter. Comprenez-vous cela? Les intellos vous l'expliqueront. Nous n'en voulons qu'à ce que vous représentez. Ceux d'entre-vous qui voudront nous rejoindre, nous les accueillerons comme des frères.
Ah! mes amis, vous étiez absent, mais vous étiez là. Nous luttions pour vous. Nous serons un jour enfin réunis. Et côte à côte, nous donnerons l'assaut à la vieille civilisation. L'amour est une joie diffuse; la révolution est une joie concentrée. Et avons-nous d'autres choix? Laisserons-nous crever nos vies à petit feu? Non, mes frères, la voie est tracée. Allons camarades, assez d'attentes stériles! Ne repoussons pas le désir! Avons-nous d'autres choix!? Nous sommes pauvres, nous n'avons aucune perspective qu'un avenir de merde. Nous avons tout à gagner à renverser cette société! Les valets diront: vous avez tort; les esclaves diront: il faut attendre. Nous n'avons pas tort: nous sommes logiques avec nous-mêmes; nous n'avons pas à attendre: nous voulons un changement total et immédiat. Les sociaux-démocrates ne peuvent plus nous berner de leurs belles promesses: nous ne sommes plus des enfants! Nous sommes la pègre. Nous sommes le cauchemar de la gauche bon chic bon genre. Nous ne sommes pas là, et nous sommes là. On peut nous attendre, on peut se réjouir de notre absence. Lorsque nous sortons pour casser, rentrer chez vous petit-bourgeois! Nous ne vous en voulons pas, nous devinons les raisons de vos manques. Les intellos vous les expliqueront. Et puis, d'une certaine façon, vous êtes nos cousins.
Camarades, si vous aviez pu voir l'impensable dans cette ville! Le grand capital fut outragé, par le lumpen, la pègre qui fit toutes les révolutions. Cela commença par les multinationales, cela continua contre les représentants de l'ordre bourgeois: les flics. La bourgeoisie a tout, sauf nous. La bourgeoisie orchestra une campagne de presse pour discréditer les casseurs. Elle mit en lumière les quelques vitrines brisées de petits commerçants. Evidemment elle "oublia" de dire que la police était la seule responsable de ces débordements. En effet lorsque la dispertion est violente, la réaction est violente. Jamais les flics ne furent dans une situation critique, mais ils agirent comme tel. Le responsable de ces flics, Ramseyer, est incompétent; et son sous-fifre, Walpen, aussi. Puisque je parle de Ramseyer, je dois dire que quelqu'un avait marqué sur un mur: "Va te faire enculer Ramseyer". Ce n'était pas une mauvaise idée: soyons grossiers avec les cons! Je ne connais pas ce type personnellement, mais je sais que lorsqu'on est officier dans l'armée, membre d'un parti bourgeois, et partisan de la peine de mort, alors on est forcément un gros con. On peut avoir de grandes qualités, mais il y a des défauts qui nuisent à l'humanité. Tu es un gros con Ramseyer, et si tu ne le savais pas, je te l'apprend. Tu pourras le nier pour te rassurer. Tu prendras prétexte ceux qui t'entourent. Mais ne te fies pas à eux: ils sont aussi cons que toi.
Ah! camarades! Comme vous auriez aimé! Ceux qui connaisent l'émeute ne peuvent s'en passer. Elle est ennivrante. Imaginez une insurrection: des jours et des jours d'émeute! Nous l'attendons de pied ferme! La décomposition du système rend inévitable un jour ou l'autre une belle explosion. Nous sommes prêts, il n'y a plus d'hésitations.
L'affront est fait. Le poison est dans nos veines. Plus rien ne sera comme avant.
VIVE LE PEUPLE INSURGE!