Posted by on February 15, 2000 at 03:05:28 PM EST:
Huit ans après s'être lamentablement écrasé devant Adreba Solneman, deux ou trois ans après avoir supervisé la falsification de cette correspondance, réfuté sur le fond, insulté dans les formes, traqué jusque sur le petit bout d'Internet où il avait espéré trouver un auditoire plus complaisant, mais où il s'est vu rabroué chaque fois qu'il tentait de l'ouvrir, il paraissait impossible que le vétéran Voyer se risque plus avant dans la mêlée, et reprenne la parole en son nom pour répondre, de front ou de biais, aux téléologues.
De fait, à la retentissante exception du 'Marx renverse Hegel' d'il y a plus d'un an, où l'on a vu que le bredouillant pontife ne savait même plus son minimum hégélien, Voyer ne l'a plus trop ramené.
Une question, tout à fait subsidiaire au demeurant, se posait alors : s'est-il donc tu vraiment ? Vu l'enjeu, pour lui, les membres de l'observatoire de téléologie étaient partagés quant au plausible d'un silence définitif - du moins à cette tribune, dont lui-même disait justement, du temps qu'il croyait n'avoir rien à craindre, qu'elle permettait au public de répondre en direct.
Qu'il revienne déguisé était une éventualité que nous n'avions d'abord pas prévue. Néanmoins, sur le fait d'intuitions quant à l'esprit et au ton de certains messages, et après calculs contradictoires sur l'intérêt qu'aurait trouvé le vieux lâche à en être l'auteur, nous avons à trois reprises au moins cru reconnaître Voyer derrière des signatures du debordof.
Dans le doute, nous avons quand même répondu sur pièces lorsque cela le méritait. Et chaque fois, nous l'avons emporté dans la dispute. Et chaque fois, nous n'avons tiré, par rapport à Voyer et à sa théorie révolue, que des conclusions qui continuaient celles que nous avions déjà fondées sur des faits avérés. La 'Victoire' que nous avons clamée, non sans provocation, elle était déjà acquise, depuis longtemps.
Mais nous avons spéculé, nous avons tranché et, semble-t-il, nous nous sommes trompés. Dans le débat d'idées, les erreurs s'avouent, sans quoi elles deviennent des fautes. C'est donc chose faite. Du reste cet aveu d'une méprise de détail nous coûte d'autant moins qu'il a permis deux réjouissants constats :
D'une part, notre empressement et notre manque de perspicacité ont contribué à révéler le voyérisme naissant : une petite colonne de blattes aux trousses du Schabeführer. Ainsi, l'amalgame est devenu une insulte signifiante, un coup de pied au cul supplémentaire pour le théoricien de la communication resté aux portes de l'histoire.
D'autre part, les blattes que nous aurions pris à tort pour Voyer s'en sont senties flattées. Evidemment, être confondu avec Oberblatte, ça vous pose un roquet. Regardez Triple Zéro : il a failli en bander, tellement qu'il ne semble toujours pas remis. Regardez Panzerfrust, le champion de l'effet d'annonce : il n'a démenti que parce qu'il espère imposer sa petite critique, de Voyer justement ; il fallait donc bien à un moment qu'il s'en démarque. Ils ne se sont pas seulement avisés que de ne pas avoir démenti immédiatement en fait de petits usurpateurs qui ont espéré capitaliser sur l'erreur d'autrui. Mais on se doutait bien que c'était de la canaille.
Pour éviter à l'avenir tout autre malentendu et donner aux claudettes de l'antitéléologisme primaire d'autres occasions de se réjouir, nous proposons maintenant un changement au dictionnaire : ne dites plus blatte, dites Voyer. Et quand vous voyez un conservateur déblatérer dans un lieu où on ouvre des perspectives, c'est-à-dire où il y a des téléologues modernes, traitez-le de Voyer.