Posted by on February 08, 2000 at 06:17:44 PM EST:
Lorsque les téléologues modernes insultent, c'est toujours en expliquant l'insulte. Un enculé est un falsificateur avéré, un connard est quelqu'un qui n'a pas compris une chose précise, un prout-prout est quelqu'un qui pète sans arrêt et plus haut que son cul, sans couilles désigne quelqu'un qui n'a pas osé répondre à la question préliminaire à la question centrale, quant à bouffon, il a été largement montré en quoi l'allégorie était fondée. L'insulte, dans ce cas, est une outrance qui explique la distance définitive et irréversible, une sorte de superlatif didactique, poétique et joyeux.
Chez les adversaires des téléologues, l'insulte a un sens inverse. C'est pour suppléer à une absence de discours qu'on insulte, c'est pour ponctuer, éructer, c'est pour se donner une vigueur factice et spectaculaire. L'insulte n'est jamais fondée par l'insulteur. Elle ne sert pas à montrer une faiblesse du destinataire, mais à dissimuler une faiblesse de l'envoyeur. Le bouffon Bueno, les enculés Von Nichts, Voyer, F. se défendent avec l'insulte lorsqu'ils n'ont plus d'autres défenses. Trois exemples pathétiques se donnent en spectacle en ce moment : Ben Aziz, qui se protège derrière des insultes creuses chaque fois qu'il est à court d'argument ou pris sur le fait d'une incohérence complète ou d'un délire haineux indéfendable ; Triple Zéro, qui est l'impuissant incapable de soutenir son discours et qui se réfugie dans les injures, faute de mieux ; et Panzermémé, qui pense s'en sortir seulement avec l'effronterie consistant à affirmer que ses insultes sont argumentées.
Ces débatteurs qui n'ont rien à dire ont en effet leur petite image qui est en péril. Ils aboient pour dissimuler qu'ils ont peur. Mais leurs insultes sont de la fausse monnaie qui n'a pas de sens dans le débat. Ils rendent la honte plus honteuse en se livrant à la publicité.