Posted by observatoire de téléologie on November 06, 1999 at 08:04:05 PM EST:
On peut connaître une pensée à la lettre, dans l’esprit ou, encore mieux, dans l’esprit et à la lettre. Ben Zozo, comme tous les militants, ne connaît Marx qu’à la lettre. En servile suiviste, il récite sans comprendre. Il pendouille comme un gland qui croirait que le monde est la branche, et qui ignore tout de l’arbre de la branche, de la forêt de l’arbre, et de la ville derrière la forêt.
Nous avions posé à Ben Tâcheron des questions sur Marx, comme d’habitude il a répondu en récitant à côté, quatre pattes oui, deux pattes, non. Quand il ne se défile pas sur les questions, c’est qu’il ne les comprend pas. La première, en effet, était un peu difficile : Marx a-t-il changé ou raconté le monde ? Il l’a évidemment raconté. Mais comme il a par ailleurs dénoncé le fait que les philosophes interprétaient diversement le monde, alors que ce qui importait, c’était de le transformer, les marxiens ne veulent pas entendre dire que Marx aurait également interprété le monde. La question qui se profilait derrière est celle de savoir si une pensée peut changer le monde, si la pensée de Marx a changé le monde, malgré ce que Marx pensait de la pensée. On sait par exemple, en partie grâce à Marx, que l’aliénation change le monde. Pourtant, si on abstrait le jargon juridique (qui n’est pas moins pensée que tout le reste) , il n’y a que de la pensée qui s’aliène. Le suiviste Ben Vulgate ne pouvait évidemment pas entendre que cette première question débouchait sur la vieille question redevenue d’actualité de savoir si la pensée est une matière ou si la matière est plutôt une pensée.
Le seul avantage du plat mot à mot de Ben Abruti, c’est qu’il révèle, parfois, les énormités de Marx. Les « armes matérielles de la philosophie », pour ne citer qu’elles, sont évidemment une ineptie pour le bien d’un renversement de génitif. Que seraient les armes, de plus « matérielles », de la philosophie ? A l’extrême rigueur le salaire-cotisation d’un prolétaire genre Ben Adorateur mis entre les mains de son idole philosophe, ou alors Hegel avec un shotgun. Mais cette formule revient surtout à dire que, si elle était armée, par le prolétariat donc, la philosophie pourrait l’emporter. La philosophie est bien plutôt ce qui est par définition sans armes, même quand elle est protégée par la police. La philosophie est l’impuissance de la pensée. Ce qui ne signifie en aucun cas que toute pensée soit impuissante. Tous les mystères, par exemple, qui portent la théorie vers le mysticisme trouvent leur solution rationnelle dans la pratique humaine et dans la compréhension de cette pratique. Ainsi, la théorie de Marx est une pratique. Mais alors celle de Hegel aussi, quoiqu’il n’y ait jamais eu d’armes matérielles dans la philosophie. L’impuissance de Hegel n’est que le triomphe de la méthode, et cette méthode est précisément la dialectique que Marx a aussi voulu rendre matérialiste.
Ce que les militants de base comme Ben Roquet ne comprennent pas, c’est que le seul vrai compliment qu’on puisse faire à une pensée critique, comme celle de Marx, c’est de la critiquer.
Le reste des réponses que nous a faites ce sous-produit du gauchisme post situ battu est tellement en dessous des questions qu’il ne mérite pas qu’on s’y attarde. Nous voudrions seulement souligner quelques points : en ce qui concerne Voyer, Ben Calomnie semble confondre l’Idiot International de Hallier et sa caricature, l’Imbécile de Paris, où Voyer pontifiait ; il ne semble non plus avoir conscience que le même Voyer a été le premier, avant nous, à parler de la contre-révolution bourgeoise de 89, les révolutionnaires de 89 n’étant évidemment pas les Jacobins, petite clique putschiste, comme bien sûr l’ignore notre Ben Robespierre, qui ne parle que de putschs, et de jour J ; Marx a bien entendu utilisé un vocabulaire et des concepts importés du XVIIIe siècle, ce qui n’est pas une faiblesse en soi comme le prouve Sade, mais qui en devient une quand il s’agit du vocabulaire des Lumières de Rousseau, bien difficile à discerner pour Ben Fossile qui utilise la même terminologie, mais cent cinquante ans plus tard ; et nous ne doutons pas que lorsque Ben Récupérateur vient bivouaquer avec son raccord Internet au milieu des barricades de la racaille, sans thé au riz, et qu’il récite son bréviaire de l’Homme politique et de l’Homme naturel augmenté de l’Homme sauvageon que Marx, l’étourdi, avait complètement oublié, il est porté en triomphe par tous les camarades enfin convertis. La preuve ? Il parle si libéralement en leur nom, comme s’il en était propriétaire, qu’il doit bien avoir au moins leur mandat.
Enfin, remarquons avec quelle urgence notre mouton Ben Aquatrepattes, oui, qui fait l’enragé, et qui n’a jamais niqué qu’en solitaire devant son miroir, termine toujours ses petits dépits pressés au bord des larmes par l’argument des impuissants : vous êtes cons ! à la fin !
Par là aussi, Ben Pâquerette fait passer son idole Marx dont il serre si fort l’étendard entre ses cuisses, pour ce qu’il proclame : un con.