Posted by ben zebbi on October 22, 1999 at 07:50:03 PM EDT:
DSK, les stock-options et le consensus
PARIS, 22 oct (AFP) - L'Assemblée nationale a connu vendredi soir un de ses rares moments consensuels -voire de félicité-, lors d'un débat au fond sur la fiscalité des stock-options, très vite élargi à la question de la "place des salariés dans l'entreprise" et aux "relations entre capital et travail".
Le ministre de l'Economie et des Finances Dominique Strauss-Kahn a longuement argumenté pour obtenir des députés qu'ils patientent jusqu'à l'année prochaine pour légiférer, dans le cadre plus global d'une loi sur l'épargne salariale, sur la fiscalité de ces actions accordées aux cadres dirigeants.
Au terme d'un exposé construit et très didactique, alternant l'évocation de Marx, Rosa Luxembourg ou Keynes, "DSK" a eu droit aux compliments de la plupart des députés présents, à droite comme à gauche.
Retrouvant ses habits de professeur d'économie, maniant avec un visible bonheur la dialectique et le verbe, le ministre a développé sa conception d'une "économie de marché régulée" dans laquelle "la redistribution", chère à la gauche, devait être associée à une meilleure "répartition du revenu primaire".
Mais au-delà de son discours global, prenant parfois les allures d'un projet politique, Dominique Strauss-Kahn a pris les engagements concrets attendus par ses amis socialistes : un texte global sur l'épargne salariale, introduisant la transparence dans la distribution des stock-options et prévoyant une fiscalité dans l'esprit de l'impôt sur le revenu, sera soumis aux députés en 2000 et prendra en compte les revenus perçus à compter du 1er janvier 2000.
"Hauteur de vue"
Saluant "la hauteur de vue" de l'exposé du ministre, le député RPR Philippe Auberger, a alors exalté le thème gaulliste de "la participation" et s'est laissé aller à dire: "nous avons une certaine proximité de vue".
"Nous venons de vivre quelques minutes des plus intéressantes; vous avez élevé le niveau du débat et nous avons enfin l'occasion de parler du fond", a renchéri son collègue de l'UDF Jean-Jacques Jégou tandis que le RPR Gilles Carrez saluait la "qualité de l'intervention du ministre", observant: "vous avez eu raison de placer le débat à un niveau très élevé". "Nous venons de constater que nos débats méritent mieux que nos sempiternels clivages droite/gauche", a-t-il lancé après que son collègue RPR Michel Bouvard ait réitéré son accord avec le socialiste Augustin Bonrepaux sur la nécessité de taxer les revenus considérables des stock-options.
Seul le communiste Christian Cuvilliez s'est montré réservé face à ce concert de louanges et de compliments mutuels. "Ce +tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil+ contredit nos rapports habituels sur la répartition des richesses entre salariés et détenteurs de capitaux", a-t-il dit, comme pour relativiser ce bref moment de consensus.