Posted by F.Nietzsche on October 15, 1999 at 07:52:16 PM EDT:
Qulles que soit la reconnaissance que l'on doive témoigner à l'esprit objectif -et qui n'a jamais été écoeur" à mourir de tout le subjectif et de sa maudite "ipsissimosité"?-,il faut apprendre aussi à se méfier de cette reconnaissance et mettre un frien aux louanges excessives qui saluent depuis peu le détachement et la dépersonnalisation de l'esprit comme si c'était là une fin en soi,une rédemption,une transfiguration:ainsi en est-il notamment ,dans l'école pessimiste qui a de bonnes raisons de décerner les honneurs supêmes à la "connaissance désinteressé".
L'homme objectif ,qui a cessé de jurer et de pester comme le pessimiste ,le savant idéal chez qui l'instinct scientifique parvient à son plein épanouissement ,aprés avoir subi mille échecs totaux ou partiels,est sans doute un des instruments les plus précieux qui soit ,mais à sa place est entre les mains d'un plus puissant.Il n'est qu'un instrument ,disons-nous: il est un miroir -il n'est pas une "fin en soi".l'homme objectif est effectivement un miroir :habitué à se soumettre à tout ce qui veut etre connu ,sans autre plaisir que celui de connaitre , de "refléter",il attend que quelque chose se présente ,et s'applique alors à ne rien laisser perdre sur sa surface ,sur son épiderme,du passage léger et fantomatique des êtres.Ce qui subsiste en lui de "personnel"lui parait fortuit,souvent arbitraire,plus souvent encore inopportun,tant il s'est fait le lieu de passage,le reflet d'êtres et de d'évènements étrangers .S'il revient à soi-même ,c'est non sans effort et souvent à faux,il erre et se trompe aisément quand il s'agit de ses propres besoins ,seul domaine où il manque de finesse et se montre négligent.Peut-etre s'inquiéte-t-il de sa santé ou de sa mesquinerie intellectuelle ,de l'air confiné qu'il respire dans la société de sa femme et de ses amis ,peut-etre manque-t-il de compagnons et de relations sociales,il se contraint alors à refléchir
à son tourment:en vain.Déja sa pensée s'élance au-delà et envisage un cas plus général ;le lendemain il ne sait plus que la veille comment il pourrait remédier à son mal .Il est serein ,non pas parce qu'il ignore la détresse ,mais parce qu'il n'a pas de doigts pour sa détresse ,qu'il ne sait pas la manier.son habitude de faire face à toute chose et à tout événement ,l'accueil rayonnant et cordial qu'il réserve à tout ce qui présente ,cette espèce de bienveillance sans arrière-pensée et de dangereuse insouciance à l'égard du oui et du non ,toutes ces vertus ,hélas , il ne laisse pas de les payer cher dans bien des cas et,comme homme,il en devient trop facilement caput mortuum .....