Posted by observatoire de téléologie on October 07, 1999 at 03:21:41 PM EDT:
Il y a beaucoup de Ben Aziz dans le monde depuis que la dernière vague d'assaut contre la société a été battue, dans la première moitié de cette décennie. Ce sont des gens qui se croient révolutionnaires sans avoir fait la révolution. Ce sont des gens qui parlent au nom des autres pour dénoncer que les autres parlent aux nom des autres. Ce sont des gens qui ne savent pas qu'il y a eu un mouvement, et qu'il a été battu, mais qui croient qu'il y a un mouvement, et qu'il sera vainqueur. Ce sont des gens qui appliquent les méthodes de pensée de l'offensive du passé parce qu'ils ne veulent pas entendre que ces méthodes ont échoué. Ce sont des gens sans réussite dans la pratique et sans application dans la théorie, qui reprochent leur manque de théorie à ceux qui agissent mieux, et leur manque de pratique à ceux qui pointent leurs insuffisances théoriques.
Les Ben Aziz se sont faits, quand ils étaient jeunes de banlieue, une opinion arrêtée, qui a même pu être radicale. Aujourd'hui qu'ils ont vieilli, toute critique de cette opinion leur est une offense à cette façon de voir. Toute nouveauté est interdite dans leur entendement à l'emporte-pièce. Ils admettent au mieux un petit rajout de détail, qui vient confirmer les paradigmes de leur adolescence, mais tout ce qui va jusqu'à les mettre en cause n'est perçu que comme une profonde agression ; et ne peut en aucun cas être même de la théorie. En effet, c'est eux qui savent le mieux ce qu'est la théorie, et à quoi elle sert. Ainsi chaque génération laisse derrière elle ses dépôts de vieux qui n'ont pas compris que la défaite les a fait vieillir. Voyez les communistes, lénininistes ou non, style GCI, TC, voyez les postsitus style Bueno, F., Voyer, voyez aujourd'hui les Ben Aziz.
Notre Ben Aziz à nous, qui nous compare à eux, ne sait visiblement pas ce que sont les bolcheviques. Les bolcheviques sont un parti politique. L'observatoire de téléologie n'est pas un parti politique. Les bolcheviques sont une hiérarchie. L'observatoire de téléologie n'est pas une hiérarchie. Les bolcheviques se disaient à l'avant-garde du prolétariat. L'observatoire de téléologie ne s'est jamais dit à l'avant-garde de quoi que ce soit. Les bolcheviques voulaient s'emparer de l'Etat avant de le détruire. L'observatoire de téléologie n'a jamais préconisé que la destruction définitive de l'Etat avant de s'en emparer. Les bolcheviques parlent au nom des révoltés de leur temps. L'observatoire de téléologie et feu la Bibliothèque des Emeutes n'ont jamais parlé qu'en leur nom, contrairement à Ben Aziz dont tout le monde peut lire qu'il affirme que les « jeunes de banlieue n'ont que faire » de ceci ou cela. Enfin et essentiellement, les bolcheviques ont eu une police, sans quoi on ne parlerait pas d'eux aujourd'hui, alors que l'observatoire de téléologie n'a bien sûr jamais eu le moindre outil coercitif à sa disposition.
Notre Ben Aziz, qui n'a donc pas compris que de la matraque à l'idéologie les bolcheviques sont uniquement une police - et c'est pourquoi nous sommes obligés de nous défendre tant de cette basse calomnie -, a deux raisons pour nous traiter de bolcheviques, malgré tant de criantes différences. La première, c'est qu'il est très fâché, ce grand révolutionnaire qui n'a jamais fait la révolution, que nous puissions affirmer avoir dit une chose neuve dans le monde et, circonstance aggravante, que nous tenions cette théorie nouvelle de la révolte de son temps. C'est que c'est Ben Aziz l'expert de la révolte de notre temps. Il ne permettra pas que quelqu'un en dise quelque chose de nouveau. Certainement, il faut être bolchevique pour prétendre dire quelque chose de nouveau en son temps, sur son temps. Nous savons bien, depuis l'adolescence, qu'il ne peut pas y avoir de nouveauté tant que nous n'avons pas réalisé notre projet de l'adolescence. Affirmer une nouveauté comme « tout a une fin », ce doit être au moins se placer au-devant des masses, puisque Ben Aziz n'a même pas été consulté. C'est que la pensée assez épaisse de notre Ben Aziz, tout vieux, tout furieux, ne recule pas devant l'amalgame.
Non ! Non ! Attendez ! Il y a une deuxième condition qui fait que l'observatoire de téléologie et l'ex-Bibliothèque des Emeutes sont un repaire de bolcheviques. Ils parlent de lutte armée. Alors là, ça prouve bien ! Tous ceux qui parlent voire qui prennent les armes sont des bolcheviques. Les Mooryaann de Mogadiscio en 1991, les hitistes de 1992 qui se sont repliés dans le maquis et les albanais en 1997 sont tous des bolcheviques d'après notre grand penseur. Evidemment, on ne peut pas à la fois être grand penseur et comprendre ce qu'on lit, quand on est un Ben Aziz. Il a donc seulement vu « lutte armée », mais n'a pas vu ce qui en était dit. Mais si ses convictions si bien établies avaient besoin d'être soutenues par des preuves, on en trouvera, on en fabriquera, par exemple en mettant une citation avec une calomnie débile en titre. On n'est pas Ben Aziz pour rien.
L'approximatif et l'amalgame sont le mode de raisonnement de ces aigris qui ne savent pas lire. Ben Aziz, qui prétend que nos textes ne valent même pas qu'on les vole, n'en est pas moins allé se promener suffisamment longuement sur notre site (où nous n'avons repéré aucun log, qu'il se rassure), pour y dénicher, y lire, y copier, y exporter les citations où il croit qu'il saute aux yeux que nous sommes ce à quoi il ressemble tant : bolchevique, idiot, provocateur. Il n'avait donc pas mieux à faire ? Pas d'huile à mettre sur d'autres feux ?
Cet activiste recalé met donc de l'huile là où il y a du feu. Où a-t-il vu du feu sur le debord of directors ? Qu'est-ce qu'il y fait, l'important ?
Il dit que les jeunes de banlieue ont des idées plus subversives que les nôtres. Ça, il a dû le lire dans nos textes si mal digérés. Mais, en ont-ils de plus subversives que lui aussi ? C'est quoi les idées les plus subversives, sauce Ben Aziz ?
Ce calomniateur tient sa calomnie sur Voyer d'une groupie, si nous avons bien compris. Il ne fréquente pas les groupies, ça non ! Il ne se gêne pas pour colporter leurs ragots, en attendant. Et non pas en tant que ragots de groupie, mais en les affirmant, et non pas à une oreille scandalisée un soir de cuite, mais sur la place publique ; ce n'est pas le petit potin qui l'effraie, ça non ! C'est bien tout ce qu'on appelle un calomniateur. De petite envergure, nous le concédons.
Quand il prétend donner des coups de pied au cul de teleologie.org, le fier matamore oublie seulement que tout chez lui est trop court : le pied, la jambe, la tête et l'artillerie, qu'il appelle théorie. Cet impuissant ne sait ni ce qu'est l'artillerie ni ce qu'est la théorie. Il frappe avec fureur dans le vide.
C'est vrai qu'il ne peut pas y avoir de débat de fond avec un Ben Aziz. Il n'en a pas la moelle. Nous ne sommes pas glorieux de la façon dont nous avons ruiné Agora Philo. Mais nous l'avons fait. Lui, non. Il fulminait en spectateur.
Et c'est cette banalité ambulante, dont la parole est si conformiste avant de déraper dans la calomnie et toutes sortes d'inexactitudes malveillantes, qui parle de honte ! A titre individuel et collectif, nous aussi avons des raisons d'avoir honte. Mais elles excèdent bien le cadre auquel un Ben Aziz a accès. Parce que là où ça se joue, on est confronté à la honte sans arrêt. On le voit bien pour le petit Ben Aziz : pour lui, ça se joue sur ce site, en ce moment, dans ce que nous écrivons, et nulle part ailleurs.
Cet ex-« jeune de banlieue » devenu vieux a donc bien des raisons de voir des bolcheviques partout. C'est des gens comme lui qu'ils recrutent pour l'encadrement inférieur de leur hiérarchie : révoltés battus, radicaux virtuels, déçus, hâtifs, médiocres, enflés, affichant de la détermination pour cacher le doute, affichant leur savoir sommaire comme s'il était suffisant, bêtes et bornés, tristes et malheureux.