ART DU DIALOGUE


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Posted by teleologie.org on August 25, 1999 at 03:02:25 PM EDT:





Ce qu'il y a peut-être de plus admirable dans les dialogues de Platon, c'est leur construction formelle. Au discours de l'un, quelle que soit sa longueur, répond un autre discours qui contient la structure du premier, y répond point par point, dans une débauche de mémoire, de concentration et de respect qui nous paraît aujourd'hui hors de portée ; ceci d'autant plus qu'il paraît plausible que ces dialogues, ainsi construits, se soient déroulés oralement. Quelle capacité d'écoute ! Quelle fermeté, quelle prudence dans la conscience !


Aujourd'hui, cette dialectique entre la parole et son respect n'existe même plus dans l'écrit. Les téléologues sont venus sur l'Internet pour faire connaître une théorie et ont rapidement dû insulter un théoricien, Jean-Pierre Voyer, devenu falsificateur, qui s'y pavanait impunément. Il avait cru pouvoir dissimuler que l'ensemble de ce qu'il avait écrit était critiqué de fond en comble et, dans l'espoir qu'on s'intéresse à une œuvre tombée en désuétude avant même d'être achevée, il occultait ce qui l'avait contredite. Comme il semble s'être interdit de répondre à la critique, il n'y a gagné que d'être insulté au-delà de ce qui est admissible. Après le fond de sa pensée, c'est sa personne qui fait rire ses contemporains, et je ne parle même pas de l'avenir, qui nous appartient.


Mais les téléologues n'insultent pas par goût de l'insulte seulement. Nous savons bien que si nous sommes les plus efficaces dans cet amusant exercice, c'est parce que nous avons raison sur le fond ; ceux qui sauront nous insulter sans que nous sachions leur répliquer sont peut-être déjà nés. Nous insultons parce que nous posons une question centrale, et le falsificateur Voyer a été notre cible parce qu'il a tenté d'étouffer cette question qui dépasse toutes les siennes.


La question centrale est fort simple. Est-ce que tout a une fin ? Ou non ?


Nous ne posons pas cette question de manière objective, comme si, impartiaux, nous attendions un verdict. Nous la posons comme une menace pour le monde, c'est une question dangereuse, c'est une question létale. Nous sommes de parti pris. Nous pensons que la réponse est : oui, tout a une fin. Mais cette réponse est tellement hostile à tout ce qui est cru depuis qu'existe la religion, c'est-à-dire l'organisation humaine pour maîtriser le croire, qu'elle est inadmissible par principe, par culture, par philosophie, par fantasme, par superstition. Nous sommes seuls à poser l'une des deux réponses, et nous défions qui que ce soit de soutenir l'autre, que l'ensemble des contemporains soutient pourtant implicitement, sans examen, sans vérification.


Quelques interlocuteurs prétendent nous répondre. Les uns nous répondent en répétant que leur vie est bien conforme au monde que nous combattons ; les autres nous répondent par une ironie qui voudrait faire oublier la question ; d'autres préfèrent l'insulte, parce que sans doute nous leur avons marché un peu sur la queue ; d'autres encore utilisent la périphrase ; et je ne parle pas de ceux qui donnent dans l'abscon ; ni de la majorité des camarades qui systématiquement imite de Voyer le prudent silence.


Platon serait bien étonné. D'abord il serait étonné par notre question et il nous répondrait, à n'en pas douter, s'il pense qu'elle est fondée, en quoi, ou sinon en quoi elle n'est pas fondée. Peut-être dirait-il qu'il ne pense pas que c'est la question centrale. Nous argumenterions pourquoi nous pensons que si. Il ne trouverait probablement pas que cette question est simple malgré les apparences, parce que, dangereuse au fond, s'engager dans l'une des deux réponses a des conséquences incalculables, et pas seulement pour celui qui choisit.


Mais Platon serait certainement plus étonné encore (si on me pardonne de spéculer sur les réactions hypothétiques d'un homme mort depuis longtemps) de la réaction de nos contemporains. Pas un de ceux qui a prétendu nous répondre n'a répondu à la question centrale pour nous, pas même pour nous dire que ce n'est pas une question centrale. Et les autres, cachés dans le silence, n'ont visiblement pas les couilles.


Nous ne connaissons pas d'autres questions qui aient fait l'objet d'une pareille débandade depuis que nous entendons poser des questions. Nous pensons donc que pour l'intelligence du débat nous allons poser une question préalable : et vous, connaissez-vous une question plus importante ?









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