Re: Réponses


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Posted by Karl von Nichts on March 10, 1999 at 06:36:49 AM EST:

In Reply to: Réponses posted by you on March 07, 1999 at 12:43:48 PM EST:

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Je sais que l'idée du centre du monde n'est pas de vous ; je vous remerciais seulement de l'avoir posée. Je ne vous ai pas insulté. Lorsque moi ou d'autres téléologues modernes insultons quelqu'un, c'est pour rompre avec ce qu'il représente. La personne insultée peut facilement se reconnaître en un mot : dindon, ouistiti, enculé. Rien de tel pour vous.
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Là où vous pouvez vous sentir le plus près d'être insulté, c'est lorsque, sur un exemple précis, j'avais remarqué votre manque de rigueur intellectuelle. Vous n'avez d'ailleurs pas encore réfuté cette remarque. Mais la rigueur intellectuelle est chose relative. En lisant de plus près teleologie.org, vous pourrez aisément constater que la nôtre est facilement en défaut aussi. Je voulais seulement signaler que pour débattre, nous les pauvres devions rester vigilants sur cette pauvreté particulière qui est le manque de rigueur intellectuelle, qui devient vite malhonnêteté, comme on l'a vu avec le complice de l'enculé Voyer.
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Quant à la politesse, que vous invoquez, je n'y adhère que par contrainte ou par commodité. C'est une somme de règles souvent grotesques, établies par d'autres. J'ai connu beaucoup de personnes polies qui manquaient de respect et quelques-unes marquer du respect sans politesse. Je suis plutôt du côté des secondes.
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Vous êtes plus qu'étonné que je ne vous dise pas en quoi consiste la finalité, puisque c'est même une absence qui vous paraît "gonflée". Je le ferais d'ailleurs volontiers si cette fin m'appartenait seule. Mais il se trouve qu'elle a, à l'heure actuelle, six milliards de copropriétaires, et que je n'ai pas leur mandat pour expliquer ne serait-ce que le début de l'origine du fond du commencement de cette fin. Imaginez que nous passions une soirée ensemble avec une dizaine d'autres personnes qui se connaissent aussi peu que nous nous connaissons. Nous savons tous que cette soirée va finir. Pourtant, celui qui paraîtrait "gonflé" au sens où vous l'entendez serait bien celui qui dirait, avant même la rencontre, comment la soirée va finir.
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Vous vous demandez comment j'ose seulement avancer l'idée d'un monde fini. Je vous renverse la question : comment osez-vous avancer l'idée d'un monde qui n'a pas de fin ? C'est l'infini qui est une hypothèse. Et constatez, s'il vous plaît, que l'infini est une hypothèse qui ne se vérifie pas, par définition. Vérifier une chose, non pas en théorie, mais en pratique, c'est la réaliser, c'est la terminer. Je pense que les choses qui ne se vérifient pas, comme Dieu (la variante la plus célèbre de l'infini), sont d'importants obstacles à réaliser nos vies, et donc à réaliser le genre humain. Et depuis que les religions existent, ce sont toujours les défenseurs de l'infini (ou simplement ses croyants) qui demandent la preuve de la non-existence de leur infini invérifiable. Vous me demandez, pour réfuter votre conservation de l'infini, de vous dire de quoi l'avenir sera fait, d'être prophète, visionnaire, diseuse de bonne aventure : la fin du monde, qui est justement une vérification pratique, ne se joue pas dans une boule de cristal.
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Il me semble que vous confondez deux choses : ce n'est pas parce qu'une chose a une fin qu'on connaît sa fin. La soirée dont je parlais plus haut, le jeu d'échecs, ma vie, ont une fin. Je ne connaîtrai cette fin qu'en la faisant. Ce qui distingue aujourd'hui les téléologues modernes des autres pauvres, c'est qu'ils ont pris le parti de faire cette fin, c'est-à-dire qu'ils s'opposent, chez les autres, à tout ce qui éternise ce qui est là, qui conserve ce qui est là. Toute forme d'infini est d'abord une forme de conservation. Vous avez raison d'être déçu par le peu de choses finies que je peux vous soumettre ; je le suis tout autant. Mais je vous prie de concevoir que ce que je réalise, et qui n'est qu'une infime part de ce que je compte réaliser, ne peut pas se traduire en quelques mots sur un site internet. Vous avez parfaitement raison de dire que, pour tout finir, il faudra par exemple aussi finir le langage. Il nous sera difficile de finir le langage par le langage, comme la série des nombres entiers positifs ne se finit pas dans un nombre entier positif, mais dans quelque chose qui lui est extérieur. Finir pratiquement ce monde est donc quelque chose à quoi le langage ne suffit pas. Mon engagement, ma prise de parti, en ce sens, est déjà un peu plus que le langage par lequel vous voudriez que je vous l'explique.
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Vous n'ignorez pas que changer la façon de vivre pour changer le monde ou changer le monde pour changer la façon de vivre est un vieux débat de l'ex-mouvement révolutionnaire de ce siècle. Toutes les "révolutions culturelles" qui sont le ressac des révoltes vaincues ont donné aux réformateurs la possibilité d'imposer la première option : changeons d'attitude et le monde changera. On trouve cette opinion aussi bien dans l'Union soviétique naissante et dans l'Europe centrale après la révolution vaincue des Maïakovski, Bettelheim et autres Reich, que chez les sectateurs de la vie quotidienne dans le monde occidental après 1968 (de Vaneigem à Kouchner en passant par Laing et Illich). Je suis plutôt d'avis que changer le monde changera ma vie, mais que je ne peux pas changer ma vie dans un monde qui ne change pas. Mon but n'est donc pas de changer ma vie, mais de la réaliser. Croyez bien que si je réalise ma vie, tous les changements de vie que la terre a connus paraîtront de petites réformettes à côté. Ce qui me dérange par conséquent dans votre proposition, c'est que ce que vous appelez changer la vie ne me paraît pas changer la vie.
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C'est moi qui définis le particulier et le général, comme vous, et comme vous je me permets de vous soumettre ma définition : le général c'est de réaliser l'humanité ; le particulier c'est tout autre réalisation et tout ce qui ne se réalise pas. Vous voyez que la libre organisation de la vie de l'homme est pour moi quelque chose de particulier.
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Je ne vois pas en quoi l'affirmation comme quoi la communication infinie n'a pas de réalité impliquerait que je sois contre la liberté individuelle. L'absence de réalité de la communication infinie vient de l'absence de réalité de ce qui est infini. Si votre rapport de cause à effet était correct, il reviendrait à dire que la communication infinie est nécessaire à la liberté individuelle. On voit déjà dans cette nécessité le contraire de la liberté. Je peux aussi prouver, en logique, que la liberté n'est pas infinie : si je prends la liberté de finir la liberté, la liberté n'est plus infinie ; et si on me dénie cette liberté, elle ne l'est pas non plus. Vous voyez que dans la prise de parti de tout finir se trouve facilement les formulations qui invalident l'infini. Rien d'étonnant : à partir du moment où l'infini est révélé comme étant une chimère, sa logique n'a plus de place dans la réalité. Je crois d'ailleurs que c'est justement ma liberté individuelle que vous trouvez scandaleuse. Dans le débat que nous menons, la "communication répétitive et orthodoxe" est celle qui pense que l'infini a une réalité (si vous avez déjà entendu des critiques autres que celles des téléologues modernes contre la somme d'a priori et de paradigmes construits sur l'infini, qui sont la fondation idéologique de notre société, merci de me les faire connaître), que la communication infinie est équivalente à la liberté individuelle de s'exprimer. Vous me demandez au nom de quel principe je me permets de polémiquer ? La liberté individuelle de s'exprimer.
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Ma conception de la vérité n'est pas en effet uniquement doxatique comme la vôtre. La vérité est ce qui se vérifie. Dans notre monde divisé je pense donc qu'il n'y a que deux vérités, et nombre d'entre nous trouvent que c'est déjà une de trop : une vérité théorique, ce qui se vérifie en théorie, ce qui est logique, ce qui est en cohérence avec ce qui précède et ce qui suit ; et une vérité pratique, ce qui se vérifie dans les actes, et nous voilà revenus à la réalité et à la finitude. Rendre vraie une chose - rendre pratiquement vrai -, c'est réaliser la chose (et si j'ajoutais "en entier" ce ne serait qu'un pléonasme), c'est l'achever. La vérité théorique, dont le contraire est le mensonge, est évidemment difficile à établir, la plupart du temps, parce que les règles qui nous permettent de comparer des propositions ne sont pas fiables, et nos imaginations les contournent allègrement ; la vérité théorique est donc une vérité discutable, mais sa faiblesse, ou son conservatisme, c'est qu'elle tend à être discutée à l'infini. La vérité pratique, dont le contraire est l'infini, est tout à fait indiscutable, et pas forcément logique.
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La question du centre du monde (vous voyez que je suis pas à pas votre dernière réponse, sans citer, il suffit de se référer, et vous voudrez d'ailleurs bien me signaler ce à quoi je n'ai pas accordé suffisamment d'importance à votre avis) est, comme vous dites, une question de communication et d'organisation. Le seul moment, à ma connaissance, où il n'est question que de communication et d'organisation, en termes de vérité théorique et de vérité pratique, est l'émeute moderne, et ce qui la dépasse, l'insurrection et la révolution. Ni moi ni aucun téléologue moderne n'avons jamais pensé que les émeutiers modernes étaient aussi des téléologues modernes. Vous vous doutez bien que nous ne voulions ni ne pouvions nous permettre de nous tromper là-dessus et que nous avons donc examiné ce point délicat avec beaucoup d'attention. L'émeute moderne est seulement le moment où peut commencer un débat sur la fin du monde. Il n'y a pas lieu, et ce n'est peut-être pas là qu'il aura lieu. D'ailleurs nos analyses d'émeutes sont toujours minimalistes et nous avons tenté de montrer comment, lors d'une période particulière, délimitée dans le temps, le concept d'émeute avait lui-même changé. L'émeute est un point de départ potentiel, et même le seul actuellement, pas idéal en tout cas. Mais mon évocation de l'émeute ne répondait qu'à votre assertion, à la limite pour cette fois de l'insulte, de dire que "les pauvres ne se révoltent pas". Permettez-moi d'être là un peu plus sec : parlez pour vous ! Et pour quelqu'un qui connaît aussi mal mon "système" (notez toutefois mes vives réserves contre tout "système"), je vous serais obligé de revoir votre grotesque comparaison entre "émeute" et "nation", comme "lieu d'une unité illusoire qui vous permet de parler tout seul au nom de tous". L'émeute ne peut pas être un lieu d'unité illusoire. Et je n'ai jamais parlé au nom de tous ; j'ai déjà bien du mal à parler en mon nom pour m'embarrasser de la responsabilité des autres.
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En parlant de vérité pratique et de vérité théorique, j'ai déjà commencé à répondre à votre interrogation sur le rapport que j'établis entre théorie et pratique. Je poursuis. La pratique est la pensée en actes, la pensée qui change les choses, irréversible et irréductible, la réalité de la pensée. La théorie est l'observation de toute la pensée qui existe, discutable et tendant à l'infini (l'infini n'existe qu'en théorie). Et si la théorie est le relevé de la pratique, elle est aussi son imaginaire ; elle peut être son incitation ou son frein, son occultation ou sa mémoire, son concentré ou son extension. Mais pratique et théorie sont évidemment davantage mêlées : alors que la pratique ne peut pas être en soi une théorie, la théorie peut être en soi une pratique.
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Vous voulez changer la vie et je veux la finir. Vous en savez un peu plus maintenant sur ce que j'appelle finir que moi sur ce que vous appelez "changer la vie". Vous me demandez si j'espère convaincre tout le monde, et ce que je ferai de ceux qui ne se laissent pas convaincre. Je vous renvoie ces deux questions parce que j'ai l'impression que, sur ce point, mes réponses peuvent être les mêmes que les vôtres.
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Merci de ne plus me donner l'apostrophe "monsieur" qui est inadéquate à plusieurs titres. Remarquez aussi que je ne mets pas de majuscule à ma signature.
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