La sortie du bois


[ Follow Ups ] [ Post Followup ] [ debord of directors ] [ FAQ ]

Posted by Robin on January 01, 1999 at 04:04:45 PM EST:


La sortie du bois

C’est encore l’infirmière qui s’est endormie. Papy a mis un pied hors du bois. Ce n’est plus de son âge : il n’est pas taillé pour l’aventure. Le voilà encore en train de faire le sourd, de péter à côté de son pot renversé, petit caca nerveux, forcément, il est dans tous ses états, il n’a pas l’habitude.

La première personne qui a vu sa dernière crotte a dit, fort justement, « tout son texte tient dans les onze premières lignes, mais ce n’est pas très clair ».

En effet : je me souviens que quelqu’un d’autre disait de Jean-Pierre Voyer qu’il aurait dû se contenter d’être le seul exégète de Hegel de son temps. Il ne devait pas parler du même Voyer, du Voyer Jean-Pierre qui est devenu notre Papy, ou alors il ne parlait pas du même Hegel. Papy Voyer, lui, confond par exemple commencement et origine. Pour Hegel, l’histoire n’a jamais été une « régression vers ce qui a servi de commencement », mais une progression vers l’origine. Or l’origine est aussi différente du commencement que l’essence, la raison d’être, est différente de l’apparition de l’être. Et de même que l’essence est, même si elle n’est plus l’être général, de même dans l’origine le commencement paraît. D’autre part, le commencement n’a pas de sens visible, mais le mouvement du commencement révèle le sens de ce mouvement – du commencement – dans l’origine : ce n’est pas parce que le sens révélé dans l’origine n’est pas visible dans le commencement qu’il n’y est pas. Ce n’est pas parce que notre Papy ne voit pas le sens d’une chose que cette chose n’a pas de sens, heureusement. Si je commence à m’échauffer les oreilles, le sens de ce commencement devrait être assez clair pour celles qui font les sourdes, suivez mon regard. Le commencement commence, dé-bute, l’origine fonde, but, 1-0.

Le monde est différent de son but, bien sûr, tout autant qu’un phénomène est différent de sa réalisation. Le monde ne nous intéresse que parce que nous intéresse sa réalisation. Je vais donc rectifier (taloche derrière les oreilles de l’imbécile de Papy) : la communication n’avait pas de sens (chez le pape de la communication). Elle en acquiert avec l’histoire. Pour l’observatoire de téléologie, donc, tout se passe comme si l’histoire consistait en un effort pour donner un sens à une communication qui n’en avait pas (chez le pape de la communication). Mais si, elle en avait un ! je plaisantais, mais Voyer-le-jeune, le grand théoricien de la communication infinie, ne l’a jamais vu, et malheureusement il n’est pas le seul. Le mouvement de l’histoire est la révélation de son sens qui, ô voyez comme ça tombe bien, est sa finalité.

A partir de la ligne 11, Papy redevient le prélat faux-cul qui défend, avec des approximations qu’il espère bien choisies, sa communication infinie. Et pourquoi est-ce qu’il s’en prend au « ridicule » Marx et à l’« imbécile » Debord (à part que la bouillie lui est montée à la tête) ? Pour insinuer que s’ils se sont trompés dans leurs prédictions d’avenir, on ne peut pas prédire l’avenir. Et alors ? Il faut tout expliquer parce que notre fourbe Papy est devenu trop édenté pour dire les choses franchement. Et alors, dire que l’histoire a une fin, c’est pareil, nananaire.

Réponse : l’histoire a une fin, parce que l’infini ne se vérifie pas, ne se réalise pas, ne peut même pas se réaliser. L’infini est une invention comme Dieu (et non comme l’économie, Papy glapit n’importe quoi), utile uniquement en tant que concept policier, conservateur, religieux. Dire que l’histoire a une fin dit seulement qu’elle a un contenu, mais ne prédit en rien lequel. D’ailleurs Marx, Debord, comme Hegel ou notre Papy, ou n’importe quel autre curé, ont toujours pensé que l’histoire est infinie, et ne se sont probablement même jamais posé la question, qu’ils aient prédit l’avenir ou qu’ils se soient refusés à le faire. Ici Papy confond donc entre prédire l’avenir et dire qu’il a un contenu (et on comprend que ces deux questions le dérangent, vu son avenir à lui). Et nous disons que l’histoire est à faire, à fonder, à vérifier, et c’est le contraire de cet esprit infini qui suinte, qui transpire en secret, comme se le murmurent les couilles molles des services de gériatrie pour se rassurer.

Du reste, l’histoire n’a jamais été le point fort de Hegel, comme le faisait déjà remarquer Cieszkowski. Et comme Hegel a cessé d’être le point fort de Papy Voyer, il paraît vain désormais de s’occuper de chacun des petits besoins de notre vieux théologue retord, qui flippe comme une bête (ce qui ne veut pas dire qu’il est devenu un virtuose des machines à bumpers). Si quelqu’un pouvait lui expliquer qu’il n’y a vraiment pas de quoi, pourtant, dire n’importe quoi, puisqu’il s’agit de la vérité, cela nous permettrait de ne plus réagir que lorsque la vieille baderne devient grossière (gros caca – qu’elle se remette un peu à causer de la communication infinie pour voir si l’ami Robin est facile à provoquer), et non chaque fois qu’elle lâche un de ses petits cacas. Denn leider muss es sein : Weltgericht ist Weltgeschiss !

Il serait bon d’aller recoucher Papy, infirmière, sa tisane refroidit, et il va rater la fin de Fort Boyard.





Follow Ups:



Post a Followup

Name:
E-Mail:

Subject:

Comments:

Optional Link URL:
Link Title:
Optional Image URL:


[ Follow Ups ] [ Post Followup ] [ debord of directors ] [ FAQ ]