Posted by Tadadada on August 22, 1998 at 05:21:08 AM EDT:
" J'ai pratiqué le potlatch avec assez de grandeur pour ne pas m'inquiéter de quelques délicatesses excessives ".
Guy Debord, " Cette mauvaise réputation...", Gallimard, p. 78.
" Ma renommée est comme le tonnerre ; mon pas est comme le bruit que font les sorciers volants. Tudududu. "
Chant du magicien, cité par M. Mauss, " Essai sur le don ", in Sociologie et anthropologie, P.U.F., p. 270.
On sait que la notion de potlatch telle qu'elle fut reprise par les Lettristes, puis l'I.S. renvoie à Bataille, et en particulier à " La notion de dépense ". Cependant, Bataille renvoie, lui, à Marcel Mauss, et à son " Essai sur le don ". Sans aller jusqu'à déterminer à quel point l'interprétation du bibliothécaire en perdition reflète plus ses obsessions personnelles que les données anthropologiques analysées par Mauss, contentons-nous de citer ce dernier :
<<
Le commerce kula est d'ordre noble. Il semble être réservé aux chefs...
p.176.
...certes il est un des buts de l'existence et des grands voyages, mais n'y prennent part, en somme, que les chefs...
p.185
Pour choisir, il faut donc éblouir. Tout en tenant compte des rangs, il faut arriver au but avant les autres, ou mieux que les autres, provoquer ainsi de plus abondants échanges des choses les plus riches. Concurrence, rivalité, étalage, recherche de la grandeur et de l'intérêt, tels sont les motifs divers qui sous-tendent tous ces actes.
p.187.
" Son premier objet est de payer ses dettes. Son second objet est de placer les fruits de son travail de telle sorte qu'il en tire le plus grand profit pour lui aussi bien que pour ses enfants. "
Citant Boas, p.198, note 2.
Il ne faut pas oublier que le potlatch a pour objet de savoir quelle est " la famille la plus élevée".
p.203, note 2.
Car le potlatch est bien plus qu'un phénomène juridique : il est un de ceux que nous proposons d'appeler " totaux ". Il est religieux, mythologique et shamanistique.
p.204.
Le potlatch, la distribution des biens, est l'acte fondamental de la " reconnaissance " militaire, juridique, économique, religieuse, dans tous les sens du mot.
p.209-10
Mais le motif de ces dons et de ces consommations forcenées, de ces pertes et de ces destructions folles de richesses, n'est à aucun degré, surtout dans les sociétés à potlatch, désintéressé. Entre chefs et vassaux, entre vassaux et tenants, par ces dons, c'est la hiérarchie qui s'établit. Donner, c'est manifester sa supériorité, être plus, plus haut, magister ; accepter sans rendre ou sans rendre plus, c'est se subordonner, devenir client et serviteur, devenir petit, choir plus bas ( minister ).
p.269-70
>>
M.Mauss, Sociologie et anthropologie, P.U.F.
Tadadada.