Re: Réponse à M. bueno, seconde partie.
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Posted by voyer on May 31, 1998 at 11:57:17 AM EDT:
In Reply to: Réponse à M. bueno, seconde partie. posted by Voyer on June 18, 1997 at 12:03:37 PM EDT:
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Suite de la réponse à M. Bueno.
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L'aliénation chez Weber.
: Citation de Weber. Essai sur quelques catégories de la sociologie compréhensive. 1913.
: [Le progrès que l'on constate dans la différentiation et la rationalisation sociale signifie donc, sinon toujours, du moins normalement quand on considère le résultat, que, dans l'ensemble, les individus s'éloignent de façon croissante de la base rationnelle des techniques et des règlements rationnels qui les concernent pratiquement et que, dans l'ensemble, cette base leur est d'ordinaire plus cachée que le sens des procédés magiques du sorcier ne l'est au " sauvage". La rationalisation de l'activité communautaire n'a donc nullement pour conséquence une universalisation de la connaissance relativement aux conditions et aux relations de cette activité, mais le plus souvent elle aboutit à l'effet opposé. Le "sauvage" en sait infiniment plus des conditions économiques et sociales de sa propre existence que le "civilisé", au sens courant du termes, des siennes.]: Je profite de ce passage pour vous faire remarquer que si vous ôtez "économiques et sociales" de l'expression " conditions économiques et sociales de son existence ", le sens ne change absolument pas. Un mathématicien dirait que ces termes sont des éléments neutres dans une opération de mystification qui a pour seul but de faire savant. Ces termes n'ajoutent absolument rien, ce qui a pour conséquence que leur suppression n'ôte absolument rien. Perroquets. Je reviendrai sur ce point par un commentaire de certains autres passages de Max Weber.
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Essai de définition de l'économie
: Le postulat matérialiste et économiste, de Marx notamment, est que l'homme se caractérise par le fait qu'il doive subvenir à ses besoins. L'économie serait donc, suivant ce postulat, l'activité de l'homme quand il subvient à ses besoins. Or que doit faire l'homme pour subvenir à ses besoins? Il doit entrer dans des rapports déterminés (c'est Marx qui le dit), autrement dit il doit communiquer, il doit être reconnu. S'il ne communique pas, s'il n'est pas reconnu, il ne peut subvenir à ses besoins. Donc qu'est-ce que cette fameuse activité économique par laquelle l'homme subvient à ses besoins? C'est la communication. Toutes les activités particulières ont lieu dans la communication et sont déterminées par la communication y compris les besoins d'ailleurs. L'économie est donc la communication ce qui revient à dire que l'économie n'existe pas. (Marshall Sahlins conclut, lui, l'économie est donc la culture. Il argumente: si l'économie est un moment de la culture, l'économie n'existe pas, elles est culturelle; inversement si la culture est un moment de l'économie, la culture n'existe pas, elle est économique de part en part. Il n'y a pas de place pour les deux, c'est l'une ou c'est l'autre. Sahlins est encore généreux, l'économie n'est pas même un moment de quoi que ce soit, elle n'existe pas du tout, elle est seulement une superstition.) Donc l'économie n'existe pas puisqu'elle n'est qu'un autre nom de la communication. Et cet autre nom n'est pas innocent. Il est une dénégation de l'existence de la communication. Cachez cette communication que je ne saurais voir dit le tartufe utilitariste. Pourquoi ce nom est-il plus qu'un nom vide, sans objet, sans référent? Parce que sous ce nom est accumulé depuis plus de deux siècles, par une propagande bourgeoise incessante (propagande dans laquelle les savants ont joué un rôle important. C'est la raison pour laquelle, comme le note Malraux, l'art, de pro-aristocratique qu'il était, devient au XIXe siècle anti-bourgeois. Aujourd'hui ce qui se prétend art est pro-bourgeois, c'est à dire post-pédé.), une montagne de préjugés matérialistes et utilitaristes. Il n'est donc pas un simple nom vide mais le mot magique qui fait immédiatement surgir dans l'esprit la nébuleuse confuse des préjugés utilitaristes qui peut se condenser en un "il faut bien vivre, n'est-ce pas?" qu'il faut entendre comme un "il faut bien manger, n'est-ce pas?" car c'est ainsi que ces gens là conçoivent la vie, tel ce Debord finalement, incapable de remplir son contrat anti-utilitariste, et Marx évidemment. En fait les bourgeois feignent seulement de concevoir ainsi la vie puisqu'ils se réservent la meilleure part, la passionnante activité de communication et de reconnaissance qu'est le commerce. Cependant cette passionnante activité ne doit pas être totalement satisfaisante car sur ce point le riche bourgeois Lévy pense comme Lacenaire: rien ne vaut une éclatante revanche littéraire. Cependant, ce pauvre M. Lévy n'a pas de chance. A peine manifeste-t-il une vague vélléité de révolte contre sa condition bourgeoise que paf!, son riche papa lui achète une maison d'édition. Hélas, ce pauvre M. Lévy n'a pas eu la chance de naître dans une épicerie de banlieue, il n'a pas dû se faire lui-même. Le mot économie joue le même rôle que le mot Dieu dans une autre époque. C'est bien parce qu'il est vide de sens qu'on peut remplir ce mot avec des marchandises de contrebande introduites en fraude. Si ce mot avait un sens il expulserait de lui-même tout contenu frauduleux.: Enfin, les utilitaristes sont bien capables d'admettre que l'homme subvient à ses besoins par la communication mais ce sera pour ajouter aussitôt que le but c'est de subvenir à ses besoins et que le moyen c'est la communication, qu'il est donc souhaitable de laisser ce moyen dans des mains avisées (quatre dans le cas du singe Minc) pour que chacun puisse atteindre le but qui est de manger. Or la communication est le but, le seul but, le seul enjeu.
: Quand le prétendu objet "economy" se fait-il jour? Quand les Anglais enclosent leurs champs pour y élever du bétail et en chasser les paysans, quand ils suppriment les lois sur le blé, préfèrent en importer à bon marché, faisant de ce fait des paysans qui le produisaient à grand frais en Angleterre une main-d'oeuvre disponible pour les fabriques. C'est alors que des masses immenses d'hommes sont tenues à l'écart de toute communication ce qui fournit une preuve facile de la non existence de cette communication. Les hommes dans leur grande majorité étant devenus du bétail, c'est bien la preuve que la communication n'existe pas ou bien qu'elle est peu de chose. Le bétail ne veut-il pas avant tout être nourri? Comment oseriez vous parler de communication et de reconnaissance alors que ce bétail a à peine de quoi manger et que sa sécurité sociale est en grand déficit? Or c'est la confiscation de la communication, son accaparement par une classe qui fait de ces hommes du bétail. Vous vouliez du raisonnement circulaire, en voilà, mais il n'est pas de mon fait. Les commerçants sont des gens qui s'autorisent du mal qu'ils ont déjà fait pour exiger le droit de continuer à en faire. Si personne n'y met fin, ça peut durer encore longtemps.
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