L'aliénation est tout ce qu'il y a à conquérir. Alors que, privés du jeu de l'histoire, les humains tournent en rond dans la chapelle étriquée de leur conscience, l'aliénation, qui est toujours et seulement leur aliénation, ne cesse de repousser leurs limites hors de leur conscience. L'aliénation est toute la pensée scindée de la conscience, toute la pensée non consciente, toute l'irrationalité apparente de la conscience, c'est-à-dire tout ce qui appartient à l'humain sans qu'il le maîtrise, de la nature à la fin des temps, de l'en et pour soi à la promesse du sourire, de l'individu au genre. L'aliénation est le devenir autre de l'essence, le passage du doute à la certitude, de la certitude à la croyance, de la croyance à la religion. L'aliénation, après avoir été la perte du genre dans l'individu devient la perte de l'individu dans le genre. L'aliénation est le jeu à un tel degré d'intensité qu'il se perd. L'aliénation est essentiellement cette perte de conscience de l'histoire, cet esprit de l'histoire.
L'aliénation est la négation de la téléologie parce que la téléologie comprend la fin de la conscience. L'aliénation est la pensée qui porte au-delà de cette fin, qui vérifie du possible au-delà de cette fin. Le travail de l'aliénation est de rendre la téléologie à l'infini ; le jeu de la téléologie est de ramener l'infini à la réalité.
L'histoire est le sens du temps et on peut dire aussi : l'histoire est la réalité du temps, la vérification pratique du temps. L'histoire commence dans l'idée de sa fin.
Editions Belles Emotions | |
La Naissance d’une idée Tome II : Téléologie moderne |
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