Notes


 

62. Berlin-Est, Hambourg, Francfort, Berne et Vienne

Chronologie orientée.
 

  1990
22-02 « Les échauffourées entre forces de l'ordre et manifestants contre le grand bal de l'Opéra de Vienne dans la nuit de jeudi ont fait au moins 69 blessés, dont 60 policiers. » Emeute décrite comme rituelle, mais dont aucune confirmation n'est venue dans les grands bals de l'Opéra des années suivantes.
   
03-03 30 000 manifestants (au lieu des 10 000 escomptés) à Berne contre le fichage informatique de la police. Les émeutiers attaquent un bâtiment public, détruisent et volent des dossiers. « Ils ont également allumé un incendie dans une banque, mis le feu à quatre voitures, cassé des vitrines à coups de pavés et tenté d'ériger des barricades. » Officiellement, 11 blessés dont 10 policiers. Malgré cette opinion assez clairement exprimée, la Chambre basse votera le 6 mars par 123 à 60 contre la dissolution de la police politique.
   
12-05 Manifestation contre l'unité allemande avec pour slogan « Plus jamais l'Allemagne » à Francfort-sur-le-Main. 7 000 manifestants, affrontements avec la police, 31 blessés, 36 arrestations.
   
25-06 Manifestation contre l'Alternative nationale d'extrême droite dans le quartier de Lichtenberg à Berlin-Est. Pavés, cocktails, incendies à l'arrivée de la police, 21 blessés.
   
30-06 Manifestation contre la première d'une programmation du 'Fantôme de l'Opéra' dans un théâtre de Hambourg dont c'est l'ouverture. 3 500 policiers pour 2 000 invités, dont certains sont pris à partie et molestés par des manifestants « contre la culture commerciale dans le style fast-food ». Affrontements avec la police, 9 blessés, 52 arrestations.

Principalement porté par un fort gauchisme militant, résiduel et mutant, ces désordres civils en Europe centrale ressemblent peu aux émeutes en France, où les émeutiers ne se définissent pas, a priori, par leur appartenance à un courant d'opinion ni autour de prétextes politiques. Cette mouvance, issue du mouvement « alternatif » (rien à voir avec Alternative nationale) des années 70, était, au cours des années 80, une sorte de noyau d'opposition parallèle dans la société de langue allemande, non sans y reproduire un fort conformisme sur ses opinions dominantes : écologie, féminisme, antifascisme, anti-impérialisme, antimilitarisme. Cette mouvance n'a cessé de grandir et de se légitimer depuis le mouvement des squats en 1980-1981, avant de commencer à se dissoudre dans la pensée dominante, où ses leaders vieillis ont fini par trouver une reconnaissance bien méritée. Ces émeutes, en 1990, ainsi que certaines émeutes rituelles, comme celle de Berlin le 1er mai, en sont les résidus, encore vigoureux.
 

(Texte de 1998.)


Editions Belles Emotions
La Naissance d’une idée – Tome I : Un assaut contre la société Précédent   Table des matières   Suivant